pule de débiter des mensonges contre lui. C’est une chose bien notable, qu’il disait lui-même qu’il ne faisait point de miracles, et cependant ses sectateurs lui en attribuent beaucoup (H). Ils prétendent même que sa naissance fut accompagnée de circonstances si miraculeuses, qu’on n’en saurait être assez étonné (I). Il y a des gens qui s’imaginent qu’il a pu croire ce qu’il disait (K), et qui désapprouvent que l’on débite qu’il n’attira tant de sectateurs, qu’à cause que sa morale s’accommodait à la corruption du cœur (L), et parce qu’il promettait aux hommes un paradis sensuel (M). La principale cause de ses progrès fut sans doute le parti qu’il prit de contraindre par les armes à se soumettre à sa religion (N) ceux qui ne le faisaient pas volontairement. Par-là nous conservons à la religion chrétienne l’une des preuves de sa divinité (O) : c’est celle qui est tirée de sa prompte propagation par toute la terre : mais nous perdons la preuve que son étendue avait fournie (P). Il ne faut plus s’étonner que ce faux prophète n’ait pas eu recours à un artifice dont tous les chefs de parti, en matière d’hérésies et de sectes, se sont servis[a] : il ne s’est point appuyé sur des intrigues de femme[b] ; et il n’a nullement mis le beau sexe dans ses intérêts (Q). Il a cru que la valeur de ses troupes lui suffirait. Peut-être ne redouta-t-il les Persanes (R), que parce qu’il voulut établir un code plein de dureté contre les femmes. Il en aimait pourtant furieusement la jouissance, et l’on conte des choses bien singulières de sa vigueur à cet égard (S). Sa lubricité fut sans doute cause qu’il permit la polygamie avec quelques bornes, et le concubinage sans aucunes bornes[c]. Il n’osa pas être le seul qui jouît de ce privilége, quoique pour l’inceste il ait eu l’audace de l’interdire à ses sectateurs, et de s’en donner la permission par un privilége spécial (T). M. Moréri rapporte un conte à quoi l’on a oublié de joindre une circonstance essentielle, c’est touchant cet homme qui fut accablé de pierres dans un puits sec (V). L’un des plus impertinens mensonges qu’on ait débités touchant Mahomet est de dire qu’il a été cardinal (X). Il y a eu, même dans la communion des protestans, quelques docteurs qui l’ont pris pour l’Antechrist (Y). Je ne saurais croire que son cadavre ait été mangé des chiens (Z), comme plusieurs le débitent ; et le père Louis Maracci a raison de remarquer que les chrétiens font des reproches à la secte de Mahomet, qui témoignent tant d’ignorance des faits véritables, que cela fait rire les infidèles, et les rend plus opiniâtres dans leur infidélité[d]. On a publié un Tes-
- ↑ Conférez ce que dessus, remarque (D) de l’article Grégoire I, tome VII, pag. 216
- ↑ Exceptez, si vous voulez, les bons offices que sa femme Chadighé lui rendit au commencement, comme je l’ai marque ci-dessus.
- ↑ Voyez la remarque (Q).
- ↑ Esse etiam in illis dicit qui ex rerum turcicarum ignorantiâ in medium proferant quæ risum potiùs Mahumetanis excitent, ac in errore eos obstinatiores reddant. Lud. Maraccius, è congregatione clericorum regularium Matris Dei, in Prodromo ad Refutationem Alcorani, apud Acta Eruditorum Lips. 1692, pag. 329.