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MUSSO.

III mourut. Jules III lui succéda, qui fit beaucoup de caresses à l’évêque de Bitonte, et le choisit pour son prélat domestique et assistant. Il ne l’envoya au concile que lorsqu’il eut su du légat que la présence d’un si docte évêque était très-nécessaire. L’assemblée ayant été séparée, Musso alla voir son évêché, et s’y arrêta jusques à la création de Pie IV : alors il fit un voyage à Rome et y eut auprès du pape le même emploi qu’il y avait eu sous Jules III et sous Paul III ; car Pie IV le chargea de la fonction de prêcher, et de soutenir des disputes à sa table. Il se souvenait qu’étant in minoribus il avait souvent disputé avec lui en pareil lieu sous le papat de Paul III. Quelque temps après [a] il l’envoya en Allemagne avec son neveu ; ce qui lui fournit une occasion de se faire fort estimer à la cour de Ferdinand. Il l’employa ensuite dans Rome aux affaires de l’inquisition, et à l’examen des matières qu’on traitait à Trente. Ce prélat sortit de Rome après la clôture du concile, et se retira à Bitonte où il s’appliqua à la réforme des abus, et à toutes les fonctions d’un bon évêque. Il voulut établir un séminaire ; mais il fut contraint de renoncer à cette entreprise par les obstacles qu’on lui suscita. Après une résidence de dix ans, il résolut d’aller rendre ses devoirs à Pie V, et puis de voir sa patrie ; et enfin de se transporter à Venise pour y mettre sous la presse quelques ouvrages. Il arriva à Rome lorsque Grégoire XIII avait déjà succédé à Pie V. Le nouveau pape le retint pour son assistant, et ne voulut pas lui permettre de continuer son voyage avant l’ouverture du jubilé. Musso ne vécut point jusqu’à ce temps-là : il mourut à Rome le 9 de janvier 1574, à l’âge de près de soixante-trois ans [b]. On loue extrêmement sa chasteté, sa sobriété (E), son oubli des injures (F), sa dévotion, etc. Il composa plusieurs ouvrages dont quelques-uns ont paru [c] (G).

  1. En 1560.
  2. Et non pas de 64, comme dit Moréri après le Ghilini.
  3. Tiré de sa Vie, composée en italien par Don Giuseppe Musso, sua creatura. Elle est à la tête delle Prediche Quadragesimali, etc. di Cornelio Musso. Je me sers de l’édition de Venise, 1603.

(A) Il embrassa la religion de saint François afin d’accomplir un vœu de sa mère. ] Notons d’abord que le jour de sa naissance fut un mercredi de la semaine de Pâques. Sa mère, pour avoir exactement observé les abstinences du carême, avait affaibli sa santé ; de là vint que les douleurs de l’enfantement pensèrent la faire mourir. Dans ce triste état, elle implora le secours d’en haut ; elle eût recours à l’intercession de la Sainte Vierge, et à celle de saint François ; et comme elle avait une grande dévotion pour ce saint, elle fit un vœu, portant que s’il obtenait que ses douleurs se passassent, et qu’elle accouchât d’un fils, elle le consacrerait à Dieu dans sa religion séraphique. Dès qu’elle eut formé ce vœu, elle se sentit soulagée, et elle accoucha de notre Cornélio. Il fut nommé Nicolas, comme son aïeul paternel ; mais étant entré en religion, il voulut être appellé Frà Cornelio, parce que sa mère se nommait Cornélia. Il savait le vœu qu’elle fit pendant le travail d’enfant et il y fit beaucoup d’attention quand elle fut morte ; et ce fut cette attention qui l’engagea à se faire moine [1].

(B) La force de sa mémoire, ses

  1. Tiré de sa Vie, composée par don Giuseppe Musso.