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MAGNI.

rapporte l’impression à l’an 1584. Il a pour titre : della Fortificazione delle città. Magius avait écrit plusieurs autres ouvrages qui n’ont jamais paru ; Swertius [1] en donne la liste : quelques-uns de ceux-là ne laissent point d’être rapportés par Simler, comme s’ils avaient vu le jour, et nommément celui qui était intitulé : μισοπυγιςία, Odium pædiconum, titre bien opposé à celui qu’on veut que Jean de la Casa ait mis au-devant de l’un de ses poëmes.

  1. In Elogio Magii.

MAGNI (Valérien) capucin milanais, s’est rendu célèbre dans le XVIIe. siècle. Il s’appliqua non-seulement à la controverse (A), mais aussi aux expériences physiques. On prétend qu’il se voulut attribuer l’invention de celles de Torricelli (B), et qu’on le convainquit d’être plagiaire. Il écrivit contre Aristote violemment [a]. Mais je ne sais s’il y a rien qui le fasse tant connaître, que l’usage que l’on a fait de l’une de ses pensées dans les Lettres Provinciales (C). Il eut de grandes querelles avec les jésuites (D), et y perdit sa liberté. Il fut l’un des convertisseurs du prince Ernest, landgrave de Hesse [b]. Je pense qu’il donnait trop d’étendue à son caractère de missionnaire apostolique aux pays du Nord.

Il était d’une famille noble, illustre, et nombreuse dans le Milanais, et il naquit vers l’an 1587 [c]. « Ce ne fut qu’en recevant l’habit de capucin qu’il prit le nom de Valérien. Il fut long-temps maître des novices et souvent gardien des maisons de son ordre. Il professa aussi la philosophie et la théologie, et comme il était fort expérimenté dans la controverse, le pape Urbain VIII, qui avait beaucoup d’estime et de considération pour lui, le fit missionnaire apostolique par toute l’Allemagne, la Pologne, la Bohème et la Hongrie, et le déclara chef des missions du Nord. On était persuadé qu’il n’était pas moins expérimenté dans la politique que dans la théologie : c’est ce qui porta les puissances de l’Europe à l’envoyer en diverses ambassades. Ils se trouva par ces routes fort près du cardinalat (E) ; mais le généreux mépris qu’il avait fait des grandeurs de la terre le fit réduire aux fatigues de la mission » qui furent grandes et périlleuses [d]. Il eut aussi beaucoup à souffrir de la part des péripatéticiens qui le considéraient comme l’ennemi de leur Aristote. On le jeta dans un affreux cachot sous quelque prétexte de nouvelle entreprise ; mais il en sortit à son honneur avec l’assistance de l’empereur Ferdinand III. Il se retira sur la fin de ses jours à Saltzbourg, où il mourut [e] âgé de soixante-quinze ans, dont il avait passé soixante dans l’ordre des capucins. L’histoire de sa mort se trouve dans un petit livre imprimé l’an 1662 in-12 sous le titre : Relatio veridica de pio obitu R. P. Valeriani [f].

  1. Voyez la remarque (B).
  2. Il disputa, pour cet effet, verbalement à Rhinfelds, l’an 1651, avec Haberkorn, professeur luthérien en théologie à Giesse.
  3. Baillet, au Ier. tome des Anti, pag. 257, 259.
  4. Là même, pag. 259.
  5. L’an 1661.
  6. Baillet, tome I des Anti, pag. 260.