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MONTAIGU.

richi son histoire par les édits, les lettres des rois et des princes, leurs paroles remarquables, les articles de paix et de trêves, les capitulations des villes, les sommations, etc. [a]. Je ne sais ni l’année de sa naissance, ni l’année de sa mort.

  1. Là même.

(A) Sa Chronique a été imprimée [* 1]. Je ne connais point de plus ancienne édition que celle de l’an 1512, à Paris [1] On en fit une autre dans la même ville l’an 1572. Celle-ci fut revue et corrigée sur l’exemplaire de la librairie du Roi [2]. Du Chesne parle d’une édition de Paris, 1603 [3]. Joignez à celles-là l’édition du Louvre [* 2].

(B) Il s’est montré un peu trop partial pour la maison de Bourgogne. ] M. de Sponde l’appelle Burgundi fautorem [4], quoiqu’en un autre endroit [5] il le reconnaisse pour un écrivain sincère et de beaucoup d’exactitude à marquer les temps. La Popelinière le rend suspect ; car voici comment il parle : Enguerrand de Monstrelet recueillant ce qui est survenu de plus notable en France après Froissard, ne s’y est guère montré mieux disant ni plus judicieux, mais un peu plus véritable et moins passionné [6]. Comme il venait d’accuser Froissard d’une extrême partialité pour les Anglais contre les Français, il ne prétend pas que nous donnions à Monstrelet un désintéressement considérable. Un historien un peu moins passionné que celui qui l’est beaucoup, n’est pas fort fidèle. Il ajoute que Monstrelet a continué son histoire jusques au roi Louis XII, et il le place sous l’an 1500. Je crois qu’il se trompe à l’égard de cette dernière date, et je suis sûr que la Chronique de Monstrelet ne passe pas les cinq on six premières années du règne de Louis XI, car elle finit aux funérailles de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne. La Popelinière se servait d’une édition où les libraires avaient mis des supplémens jusques à Louis XII. C’est ce qui l’a fait errer.

  1. (*) Monstrelet passe pour un historien peu judicieux, et Rabelais, liv. III ch. XXIV l’a repris comme un vrai diseur de rien, qui, dès l’entrée de son histoire, avait bronché contre les règles prescrites aux historiens par Lucien. Du reste, de toutes les éditions de Monstrelet, celles où Denis Sauvage a mis la main sont les moindres, à cause de la liberté qu’il s’est donnée d’en changer beaucoup de mots et de phrases, dont même il n’a pas toujours rendu le sens. À la suite de ces éditions altérées, sont quelques additions, imprimées sous le titre de Continuation de Monstrelet. Rem. Crit.
  2. * Le père Lelong dans la Bibl. Hist. de la France, dit qu’il n’y a point d’édition du Monstrelet, donnée au Louvre. Les exemplaires datés de 1572, 1595, 1603, ne sont qu’une même édition. M. Brunet, dans son Manuel du libraire, cite une édition de 1518, inconnue au père Lelong, et deux éditions sans date données par Antoine Vérard. Voyez dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions, tome 43, le Mémoire de M. Dacier, sur la Vie ; et les Chroniques de Monstrelet.
  1. La Croix du Maine, pag. 75.
  2. Du Verdier, Biblioth. française, pag. 277.
  3. Du Chesne, Biblioth. des histor. de France, pag. m. 50.
  4. Spondan. ad ann. 1415, num. 52, pag. m. 753.
  5. Idem, ad ann. 1467, num. 2.
  6. La Popelinière, Histoire des Histoires, livr. VIII, pag. 435.

MONTAIGU (Jean de), grand-maître de France sous Charles VI, eut le malheur de déplaire au duc de Bourgogne, qui abusa si violemment de l’autorité qu’il s’était acquise dans le royaume, qu’il le fit décapiter le 17 d’octobre 1409 [a]. Quelques-uns disent que la mémoire de ce grand-maître fut justifiée trois ans après (A), lorsque le crédit de son oppresseur fut passé ; et qu’on ordonna que ses os seraient enterrés honorablement. François Ier. fit là-dessus une réflexion qui donna lieu à une réponse fort sensée. On la verra ci-dessous (B). Consultez la suite du Ménagiana [b].

  1. Et non pas le 7 d’octobre 1408, comme l’assure Moréri. Selon lui, dans un même jour on eût arrêté cet homme ; on lui eût donné des commissaires ; on l’eût mis à la question ; on l’eût condamné à perdre la tête, et on l’eût décapité.
  2. Pag. 87, 88, édit. de Hollande.

(A) Quelques-uns disent que sa mémoire.…. fut justifiée trois ans après. ] M. Ménage le nie ; voici ses paroles :