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MONSERRAT MONTANNES. MONSTRELET.

MONSERRAT MONTANNES (Michel), a vécu au XVIIe. siècle. C’était un Espagnol qui abandonna l’église romaine pour entrer dans la communion des réformés, et qui publia quelques petits livres de controverse. J’en ai vu un [a], qu’il intitula Aviso sobre los Abusos de la Iglesia romana. Il y fait voir qu’il avait fort lu l’Écriture ; car il la cite à tout moment. Il conclut son ouvrage par exhorter sa nation à se convertir, et par décrire les désordres que les vœux du célibat causent en Espagne (A). Il observe entre autres choses que les confesseurs permettent aux religieuses un remède d’incontinence très-criminel, lorsqu’elles déclarent qu’elles brûlent [b]. Tout cela est suivi d’un grand nombre de passages de la Bible à la louange du mariage. Il avait fait imprimer un autre traité, l’an 1631 [c].

  1. Imprimé à la Haye, l’an 1633 : il fut approuvé par Henri Arnold, ministre de Delft.
  2. Y a las encerradas monias, sus confessores les conseden que tengan su viril de barro para sus concupicentias, por que dizen que se queman, y assi las remediam con este gran pecado. Avisos sobre los Abusos de la Iglesia romana, pag. 126.
  3. À la Haye, avec l’approbation du même Arnold. Il est en espagnol, et a pour titre, que le Pape est l’Antechrist.

(A) Il décrit les désordres que les vœux du célibat causent en Espagne. ] Il assure que les clercs séculiers et réguliers sortent bien armés, et qu’ils frappent si rudement lorsqu’on les attaque, que les archers de la justice les redoutent. Quanto al voto, bien sabeys lo que los religiosos y clerigos hazen, que salen de sus casas on espada y broquel, que la misma justicia y corxetes temen de encontranse con ellos, por que dan golpes dezatinados por causa del gran ardor libidinoso, y tambien por no ser presos y conocidos. Y muchos canonigos, por mas modestia, se van a los partidos, despues de los maytines à purgasse con las rameras, para poder dormir. Los demas de la cleresia tienen sus desguaceros y concubinas y muchos hijos dellas [1].

  1. Monserrate Montannes, pag. 126. Je copie mot-à-mot jusqu’aux fautes d’impression qui peuvent y être.

MONSTRELET [* 1] (Enguerrand de), auteur d’une Chronique de France, qui a été imprimée plusieurs fois (A), et qui s’étend depuis l’année 1400 jusques à 1467, a vécu au XVe. siècle. Il était sorti d’une famille noble et ancienne [a], et il fut gouverneur de la ville de Cambrai. Comme cette ville se tenait neutre entre les Français, les Anglais et les Bourguignons, il jouissait de tout le repos qu’un historien pouvait souhaiter, et de la commodité d’apprendre les relations de tous les partis. Quelques-uns disent qu’il écrit avec d’autant plus de fidélité qu’il était dans une place où rien ne l’obligeait à rechercher l’amitié d’un parti, et à redouter la haine de l’autre [b] ; mais il est plus sûr de dire qu’il s’est montré un peu trop partial pour la maison de Bourgogne (B). Il entretenait correspondance avec des hérauts, avec des agens, et avec d’autres personnes considérables par leur administration, et il cherchait de nouvelles connaissances dans le rapport du public [c]. Il a en-

  1. * Je crois, dit La Monoie, qu’il faut prononcer Montrelet ; l’autre prononciation ayant une vilaine équivoque, que l’auteur avait intérêt d’éviter.
  1. Bullart, Académie des Scienc., tom. I, pag. 120.
  2. Là-même.
  3. Là même.