Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T10.djvu/441

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
431
MICRÆLIUS.

Prætorius, etc. Il y soutint une dispute de Deo uno et trino, l’an 1616, qui le fit fort estimer. Il alla l’année suivante à l’académie de Konigsberg, et y soutint une dispute de Veritate transcendentali. Il reçut en 1621, dans l’académie de Gryphswald, le grade de maître en philosophie, après avoir soutenu une thèse de Meteoris : quelque temps après, il alla à Leipsic, pour y achever ses études, et il fut établi professeur en éloquence au collége royal de Stettin, l’an 1624, et recteur de l’école du sénat, l’an 1627, et recteur du collége royal, et professeur en théologie, l’an 1649, ayant reçu le doctorat en théologie dans l’académie de Gryphswald la même année 1649 (A). Il avait obtenu par ses sollicitations, dès l’an 1642, qu’il y aurait des professeurs en jurisprudence, en médecine et en mathématique, dans le collége royal, et que l’on y entretiendrait un certain nombre d’écoliers aux frais du public. Il fit un voyage en Suède, l’an 1653, et il eut l’honneur de faire la révérence à la reine Christine, qui lui donna des marques très-obligeantes de sa libéralité. Il mourut le 3 décembre 1658. Il avait été marié trois fois [a](B). Je marquerai le titre de ses principaux ouvrages (C), et je ferai quelques notes (D) sur les additions de son histoire politique.

  1. Tiré de sa Vie, composée par Daniel Hartnac. Elle est au devant de son Syntagma Historiæ ecclesiasticæ, et au devant de son Syntagma Historiæ politicæ. J’ai tiré aussi quelque chose de Witte, Memor. theolog., pag. 1282, et seq.

(A) Il se fit recevoir docteur en théologie.... l’an 1649. ] On voulut qu’il demandât ce grade, parce que dans une célèbre dispute qu’il avait eue avec Jean Bergius [1], celui-ci s’était vanté fièrement d’être un ancien docteur en théologie, à quoi Micrælius n’avait pu répondre si ce n’est qu’il avait reçu le grade de maître en philosophie avant Bergius. La reine Christine fit tous les frais de la promotion de Micrælius au doctorat en théologie [2]. La dispute dont je parle concernait les différens qui règnent entre les luthériens et les calvinistes.

(B) Il fut marié trois fois. ] Il épousa sa première femme l’an 1627. Elle était fille de Joachim Prætorius, archidiacre et professeur à Stettin. Il la perdit au bout d’un an avec l’enfant qu’il en avait eu. Il se remaria en 1630, avec une fille de David surintendant de la Poméranie orientale, et il en eut neuf enfans, dont il ne restait que deux [3] en vie quand il mourut. Il prit une troisième femme, l’an 1642, de laquelle il eut six enfans qui lui survécurent. Elle était fille de Michel Hecken, surintendant de Primislaw [4]. Toutes ces marques de la féconde bénédiction que Dieu répandit sur lui ayant été détaillées dans son programme funèbre, je n’ai pas cru qu’il fût à propos de les passer sous silence.

(C) Je marquerai le titre de ses principaux ouvrages. ] Son Ethnophronius contrà Gentiles de Principiis religionis Christianæ fut imprimé à Stettin en 1647, 1651, et 1674, in-4°. Il en donna une continuation l’an 1652, in-4°., contrà judaicas depravationes. Son Lexicon Philosophicum fut imprimé dans la même ville en 1653, et en 1661, in-4°. Heterodoxia Calviniana de Prædestinatione ; à Stettin 1651, in-4°., et 1665, in-12. Syntagma historiarum ecclesiæ, à la même ville en 1630, 1644, 1660, in-8°. Elle a été depuis imprimé in-4°, avec la continuation de M. Hartnac. Je me sers de la cinquième édition, qui est de Leipsic 1699, en deux volumes. Monstrosæ opinionis Isaacii Peyrerii scriptoris Galli de Prœadamitis abo-

  1. Premier prédicateur aulique de l’électeur de Brandebourg.
  2. Ex Dan. Hartnaccio, in Vitâ Micrælii.
  3. Une fille qui était mariée, et un fils qui étudiait en théologie.
  4. Tiré de son Programme funèbre, apud Witte, Memor. Theolog., pag. 1286, 1287.