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MÉZIRIAC.

du présidial de Bourg en Bresse. Il se fit admirer de toute la cour, lorsqu’en 1660 il fut complimenter sa majesté à Lyon [a]. Il vivait encore, l’an 1704.

  1. Tiré du Mercure Galant de janvier 1705, pag. 132.

(A) Il était d’une famille noble et ancienne. ] Elle doit aux lettres sa noblesse. « Pierre Bachet, seigneur Meyséria, de Vauluysant, et de Lyonnières, qui est celui que la famille des Bachets reconnaît pour tronc, fut conseiller et lieutenant-général au bailliage de Bresse, sous le roi Henri II, puis juge maje après la restitution faite au duc Emmanuel-Philibert de ses états. Il fit hommage à ce prince, en l’an 1563, des seigneuries de Meyséria, de Vauluysaut, et de Lyonnières. Son testament est du 5 septembre 1565. Ce fut un des grands personnages de son temps, admiré pour sa probité, et pour son érudition ; insigne jurisconsulte, qu’on venait consulter de tous les pays circonvoisins, et grand poëte latin : on voit encore de lui deux tomes manuscrits de ses consultations, un recueil de ses poésies latines, et un livre d’épîtres qu’il écrivit aux plus doctes hommes de son siècle, avec les réponses qui lui furent faites, dont la publication serait garant du témoignage que je rends à sa mémoire [1]. » Il épousa, le 10 de décembre 1540, Françoise de Soria, fille d’Antoine de Soria, gentilhomme portugais, et premier médecin de Béatrice de Portugal, duchesse de Savoie. De ce mariage sortit Jean Bachet, qui fut conseiller du duc de Savoie, et juge des appellations de Bresse, qui était le premier office de magistrature en ce pays pendant la domination de Savoie : il n’eut pas moins de doctrine et d’intégrité que son père. Son testament est du 5 juillet 1586. Il laissa entre autres enfans notre M. de Méziriac, et Guillaume Bachet [2], seigneur de Vauluysant, conseiller du roi, et président en l’élection de Bresse, qui testa le 22 d’avril 1631, et mourut sans enfans. Entre autres bonnes qualités qui le rendaient recommandable, il était très-bon poëte latin et français, dont il nous a laissé beaucoup de marques, nommément en cette excellente et naïve traduction de quelques-unes des épîtres d’Ovide, qui ont été imprimées avec celles de Claude-Gaspard Bachet, seigneur de Meyséria, son frère [3]. Vous remarquerez que Guichenon, historiographe de ce pays-là, nomme toujours Meyséria, la seigneurie que l’auteur dont je donne ici l’article a toujours nommée Méziriac à la tête de ses ouvrages. Il se donna sans doute la liberté d’en changer le nom, afin de le rendre plus coulant, et moins farouche aux oreilles des Français, et plus capable d’entrer dans des poésies [* 1].

(B) On connaîtra par la remarque... touchant ses écrits. ] Le premier ouvrage qu’il publia fut imprimé en 1613, sous le titre de Problèmes plaisans et délectables qui se font par les nombres. Il le fit sortir en lumière tant pour faire un essai de ses forces, que pour sonder quel jugement on ferait de ses œuvres, et afin qu’il servît comme d’avant-coureur à son Diophante [4]. Onze ans après, il en fit une seconde édition [5] corrigée et augmentée de plusieurs propositions et de plusieurs problèmes. Et comme il craignit que, son Diophante ayant déja vu le jour, on ne s’étonnât de ce qu’après avoir fait une œuvre si sérieuse et remplie de si profondes spéculations comme est le Diophante, il s’était amusé à retoucher ses problèmes, il prépara dans sa préface entre autres réponses celle-ci : [6] Que les livres sont les enfans de nos esprits, et qu’outre l’inclination naturelle qu’ont tous les

  1. * Joly observe que Méziriac n’a fait entrer son nom dans aucun vers, et qu’il serait difficile de le faire entrer avec grâce dans la poësie française. J’ajouterai que le nom de Méziriac ne me paraît pas plus coulant, moins farouche que celui de Meyséria.
  1. Guichenon, Histoire de Bresse, IIIe. part., pag. 9.
  2. Celui-ci était l’aîné.
  3. Guichenon, Histoire de Bresse, IIIe. part., pag. 9.
  4. Méziriac, préface de la seconde édition des Problèmes,
  5. À Lyon, chez Pierre Rigaud, 1624, in-8°.
  6. Méziriac, préface de la seconde édition des Problèmes.