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MASSARIUS. MATMAN.

l’ouverture de l’assemblée du clergé, et retourna dans son diocèse, et y mourut d’une hydropisie de poitrine et d’autres maux compliqués, le 16 de décembre 1703 [a]. On a mis sa vie au-devant d’un recueil de ses oraisons funèbres publié à Paris, l’an 1704, in-12.

  1. Tiré des Mémoires de Trévoux, janv. 1705, pag. 95 et suiv.

MASSARIUS (Jérôme), docteur en médecine [* 1], natif de Vicence, vivait au XVIe. siècle, et abandonna sa patrie pour chercher un pays de liberté, où il pût embrasser ouvertement et sans nulle crainte des suites la religion protestante. Il se retira en Suisse, et y publia un ouvrage de controverse (A). On dit qu’il enseigna dans Strasbourg, et qu’il mourut l’an 1564 [a]. Je rapporterai le titre de quelques autres ouvrages qu’on lui attribue [b].

  1. * Bayle a parlé de ce Massarius dans la remarque (B) de l’article Mancinelli, ci-dessus.
  1. Konig., Biblioth., pag. 517.
  2. Voyez la remarque vers la fin.

(A) Il... publia un ouvrage de controverse. ] En voici le titre : Eusebius captivus, sic modus procedendi in curiâ romanâ contrà evangelicos : in quo est epitome præcipuorum capitum doctrinæ christianæ, et refutatio pontificiæ synagogæ : unà cum Historiis de vitis aliquot Pontificum, quæ ad negotium religionis scitu utiles sunt ac necessariæ. Il s’y donna le nom de Hieronymus Marius Vincentinus [1]. M. Placcius n’a point fait mention de cela dans son Recueil des écrivains pseudonymes. La raison qui porta Massarius à publier cet ouvrage fut celle-ci. Ses amis trouvèrent mauvais qu’il eût quitté l’Italie pour se retirer en Suisse : ils avaient été dans les mêmes sentimens que lui sur le chapitre de la religion ; mais les attraits du monde les tentèrent à un tel point qu’ils abjurèrent lâchement et publiquement la foi protestante. Ils l’exhortèrent ensuite à les imiter et à sortir d’une communion qu’ils appelaient hérétique, et le prièrent de venir conférer un peu avec eux. Il craignit qu’on ne lui voulût tendre des piéges, et rejeta la proposition. Quelques personnes de mérite donnèrent un mauvais tour à cela, comme s’il se fût défié de sa cause. Voilà pourquoi il mit la main à la plume, pour faire voir qu’il ne refusait point les conférences par le motif que l’on soupçonnait, mais à cause qu’il ne croyait point que ses amis les proposassent avec une bonne intention. Il feint dans son livre qu’un fidèle [2], prisonnier à Rome, rend raison de sa croyance devant le pape, et devant l’inquisition. L’affaire comprend trois journées : les juges parlent peu, le prisonnier tient presque toujours le bureau, et bat beaucoup de pays. L’ouvrage fut dédié par l’auteur au sénat de Berne, et imprimé à Bâle chez Oporin l’an 1553, in-8°., comme on assure dans l’Épitome de la Bibliothéque de Gesner ; mais Christophle Pézélius, qui en procura une édition plus correcte l’an 1597 [3], suppose qu’il avait été imprimé l’an 1555 [4]. On voit dans l’Épitome de la même Bibliothéque, que Massarius avait composé une excellente grammaire de la langue allemande et que sa grammaire hébraïque n’avait point été donnée au public. Sa Version latine et sa Paraphrase du Traité d’Hippocrate de naturâ hominis fut imprimée à Strasbourg, l’an 1564 [5].

  1. Voyez l’Épitome de la Bibliothéque de Gesner, pag. 349.
  2. Il le désigne sous le nom d’Eusebius Uranius.
  3. À Zurich, chez Jean Wolfius, in-8°.
  4. Editus est ante annos quadraginta duos. Pezelius, epist. dedic., datée l’an 1597.
  5. Lindenius renovatus, pag. 424.

MATMAN (Rodolphe), né à Lucerne en Suisse, se fit jésuite à l’âge de dix-huit ans. Il enseigna la rhétorique pendant vingt années, et mourut à Munich, le 15 de septembre 1612. Il y avait alors trente ans qu’il état