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MARTINI.

pour titre, Theotocodia, sive Parthenodia. Il fit un panégyrique de Sixte-Quint, en grec et en latin [1].

  1. Tiré de Leonardo Cozzando, Libraria Bresciana, pag. 308.

MARTINI (Raymond), religieux dominicain [* 1], fort savant dans les langues orientales, a fleuri vers la fin du XIIIe. siècle. Voici l’occasion qui l’engagea à les étudier. Raymond de Pennafort son général [a], ayant d’un côté une grande envie que l’Espagne fût repurgée du judaïsme et du mahométisme qui l’infectaient, et connaissant de l’autre la vérité des maximes dont les premiers pères ont parsemé leurs ouvrages, touchant la contrainte en matière de religion, fit ordonner dans le chapitre tenu à Tolède, l’an 1250, que les religieux de son ordre s’appliqueraient à l’étude de l’hébreu et de l’arabe. Il imposa cette tâche à quelques-uns en particulier, et nommément à notre Raymond Martini ; et il obtint des rois d’Aragon et de Castille une pension pour ceux qui étudieraient ces langues, afin de pouvoir travailler à la conversion des infidèles. Voila d’où vient que Raymond Martini tourna ses travaux de ce côté-là. Il y réussit très-bien. Il n’était point de Barcelone [b], comme quelques-uns l’ont débité [c] ; mais il y avait pris l’habit de dominicain, et il était né à Sobirats. Ayant acquis l’habileté nécessaire pour lire les ouvrages des rabbins, il en tira de quoi combattre les juifs par leurs propres armes, comme il l’a montré dans le Pugio fidei, qui fut imprimé à Paris, l’an 1651 [d] (A). On a cru que le cordelier Pierre Galatin a tiré de ce Pugio fidei tout ce qu’il a dit de bon dans son livre de Arcanis Catholicæ veritatis ; mais il est plus apparent qu’il n’a pillé qu’un chartreux de Gênes, nommé Porchet Salvago [e] (B), qui florissait environ l’an 1315 [f]. Il est vrai que ce chartreux avait pris de Raymond Martin ce que bon lui avait semblé, comme il le reconnaît dans sa préface. Cet aveu le disculpe du plagiat, dont on ne saurait laver Galatin qui n’a jamais fait mention, ni de Porchet, ni de Martini. Le savant Joseph Scaliger a fait quelques fautes (C), en accusant avec raison Pierre Galatin d’avoir été plagiaire. Martini acheva son ouvrage, l’an 1278 [g] : et par-là on réfute ceux qui ont prétendu que Raymond de Pennafort en était l’auteur ; car on prouve clairement qu’il mourut le 6 de janvier 1275 [h]. Il y en a qui veulent que Martini ait composé un autre ouvrage, intitulé : Capistrum Judæorum, et une réfutation de l’Alcoran ; et que

  1. * Leclerc renvoie au père Échard, Scriptores ordinis prædicatorum.
  1. Il a été le troisième général des jacobins.
  2. Natione Catalanus, patriâ Subiratensis. Altamura, Biblioth. ord. Prædicat., pag. 451.
  3. Antonius Senensis, in Chronico ordinis Dominic. et Bibliothecâ : Franc. Diagus, in Histor. Provinciæ Aragoniæ Fratr. Prædicat ; Possevinus, in Apparatu, apud Altamur., ibidem.
  4. Ex Altamurâ, Biblioth. ord. Prædic., pag. 451.
  5. Porchetus de Sylvaticis.
  6. Rafael Soprani, Scrittori della Liguria, pag. 244.
  7. Il le témoigne, part. 2, Pugion., c. 10, apud Altamur., Biblioth. ord. Præd., pag. 453.
  8. Vide Altamuram, ibidem.