tre d’hostel du roy, fort adroit aux armes[1]. »
(D) Un remède… pris par précaution lui donna la mort, l’an 1530. ] Voici les termes de Paul Jove[2] : Fato functus est quùm accepto temerè pharmaco, quo se adversùs morbos præmuriret, vitæ suæ jocabundus illusisset, paulò antequàm Florentia Cæsarianis subacta armis, Mediceos veteres dominos recipere cogeretur[3]. Il avait dit peu auparavant, fuit exindè semper inops, uti irrisor et Atheos. Il suppose donc que les Médicis l’abandonnèrent dès qu’ils l’eurent soupçonné d’avoir eu part au complot de Diacettin ; mais il se trompe. Clément VII n’était point encore pape, et nous voyons que Machiavel, en dédiant les huit livres de l’histoire de Florence à Clément VII, avoue qu’il était entretenu par les libéralités de ce pontife. Io vengo allegro in campo sperando che come io sono dalla humanità di V. B. honorato e nutrito, cosi sarò delle armate legioni del suo sanctissimo giudicio ajutato e difeso. Cette circonstance du temps nous fait voir une fausseté insigne de Varillas : il dit[4] que Machiavel écrivit les huit livres que nous avons de l’histoire de son pays, dont le style est si fleuri et si châtié, qu’on l’accuse de l’être trop. Et c’est principalement en cela, qu’on lui préfère la facilité et la douce liberté de Boccace. Sa narration est quelquefois maligne, et satirique ; et Marc Musurus l’en convainquit si clairement, qu’il n’osa lui répondre. Musurus mourut sous le pape Léon X : il n’a donc point critiqué cet ouvrage de Machiavel qui ne parut que sous Clément VII. M. Varillas pervertit et falsifie d’une étrange sorte ces paroles de Paul Jove[5] : Pedestrem patrii sermonis facultatem à Boccacii conditoris vetustate diffluentûm novis et planè atticis vinculis astrinxerat, sic ut ille castigatior, sed non purior aut gravior Otiosis ingeniis existimetur. Selon Paul Jove, le style de Boccace est plus châtié que celui de Machiavel ; mais il n’est pas plus pur, ni plus grave. Au reste, si j’ai dit que Machiavel mourut l’an 1530, je l’ai fait pour m’accommoder aux expressions de Paul Jove ; sans savoir s’il vaut mieux le faire que de suivre le Poccianti, qui met sa mort à l’an 1526[6]. Le feuillant Pierre de Saint-Romuald, l’a mise au 5 de décembre 1530. Voyez le IIe. tome[7] de son Journal chronologique. Ce n’est point s’accorder avec Paul Jove. Voyez ci-dessus la citation (20).
(E) Un ouvrage de politique qu’il intitula le Prince. ] Les maximes de cet auteur sont très-mauvaises : le public en est si persuadé, que le machiavélisme, et l’art de régner tyranniquement, sont des termes de même signification. Cet ouvrage de Machiavel a été traduit en français par M. Amelot de la Houssaye. L’auteur des Nouvelles de la République des Lettres[8], en parlant de la troisième édition de cette version, fit la remarque suivante. « La préface est pleine de réflexions qui frappent au but. On y lit entre autres choses cette pensée de M. de Wicquefort, Machiavel dit presque partout ce que les princes font, et non ce qu’ils devraient faire[9]. Il est surprenant qu’il y ait si peu de personnes qui ne croient que Machiavel apprend aux princes une dangereuse politique ; car au contraire ce sont les princes qui ont appris à Machiavel ce qu’il a écrit. C’est l’étude du monde, et l’observation de ce qui s’y passe, et non pas une creuse méditation de cabinet, qui ont été les maîtres de Machiavel. Qu’on brûle ses livres, qu’on les réfute, qu’on les traduise, qu’on les commente, il n’en sera ni plus ni moins par
- ↑ Jacques Gohory, dans la Vie de Machiavel, au-devant de sa traduction française du Prince et des Discours sur Tite-Live, imprimée à Paris, l’an 1571.
- ↑ Jovius, Elogior. pag. 206.
- ↑ Florence se rendit le 9 d’août 1530.
- ↑ Varillas, Anecdotes de Florence, pag. 248.
- ↑ Jovius, Elogior. pag. 206.
- ↑ Pocciantius, in Catalogo Scriptorum Florentinorum, pag. 137.
- ↑ Pag. m. 592.
- ↑ Nouvelles de la République des Lettres, mois de janvier, 1687, pag. 99.
- ↑ Le chancelier Bacon, de Augment. Scientiar., lib. VII, cap. II, pag. m. 397, avait dit la même chose. Est quòd gratias agamus Machiavello et hujusmodi scriptoribus, qui apertè et indissimulanter proferunt quid homines facere soleant, non quid debeant.