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MARIUS.

poesia, à Venise 1555, in-4°. Joignez à ceci ce qui sera dit dans les remarques suivantes.

Voyons ce que monsieur....... m’a fait savoir à l’égard de la relation du voyage qu’Isabelle d’Est, marquise de Mantoue, fit en Provence pour visiter la sainte Baume, à quoi elle s’était engagée par vœu. L’auteur déclare qu’il ne suit point la raison de ce voyage, et qu’il ne la dirait point quoiqu’il la sût [1]. Voici sa dédicace. Marius Æquicola Ferdinando Gonzagæ Franc. March. Mantuæ IV filio S. D. P. in hoc scribendo non minùs equidem laboravi quàm corpore fatigabar, cùm ea adirem de quibus diximus loca : sequitur enim lassitudo ingenii, ut corporis. Jam verò arma itineraria non Herculis ad postem fiximus, sed in templo Veneris genitricis consecravimus. Illius ergò hæc ad te. Vale. Il commence sa relation par la recherche de l’origine des vœux chez les anciens. Il conduit ensuite son héroïne par Venise à travers les Alpes jusqu’en Provence, et fait une courte et assez bonne description des lieux par où elle passe. L’impression du livre est défectueuse : l’année n’en est point marquée, non plus que celle du pèlerinage. Mais il semble que ce soit avant 1512.

(D) Ce qu’il composa sur la nature de l’amour a été réimprimé plusieurs fois. ] Le Toppi ne parle que de l’édition de Venise, 1536, in-8°. Ce n’est point la première ; car il dit : Un libro di natura d’Amore, ristampato e corretto [2]. Nicodémo [3] lui marque l’édition de Venise, 1554, in-12 : elle est intitulée : Libro di natura d’Amore di Mario Equicola, di nuovo con somma diligenza ristampato, e corretto da M. Lodovico Dolce. Con una tavola delle cose piu notabili che nell’ opera si contengono. Il dit que le Doni fait mention de cet ouvrage avec éloge, dans sa première librairie, à la page 73 de l’édition de Venise, 1550. Cet ouvrage d’Équicola fut réimprimé à Venise l’an 1563, et l’an 1583. Gabriel Chapuys en fit une traduction française qui fut imprimée à Paris [4]. Ce passage d’Augustin Niphus ne sera point superflu : Temporibus nostris Marius Æquicola Olivetanus amicissimus noster meo judicio fertilissimè de amore scripsit, et licet vulgari atque materno sermone tamen nihil intentatum præteriit [5]. Ne prenez point Olivetanus pour une faute d’impression ; car l’auteur s’est nommé lui-même Æquicolam Olivetanum dans son livre de Opportunitate [6]. Ce n’est pas qu’il fût de l’ordre des religieux du mont Olivet, comme Possevin l’assure dans son apparat : c’est qu’il a cru que le lieu de sa naissance pouvait être appelé Olivetum [7], aussi bien qu’Alvitum, ou Alvetium.

(E) Scaliger le père le loue beaucoup. ] Il lui adresse une pièce de poésie dont voici le commencement :

Maxime vir, geminas cui circùm tempora laurus
Purpureâ facilis nectit Apollo manu :
Æquicola Aonidum decus, acceptissime rerum
Numinibus vestris, numinibusque meis :
Quid faciam miser. [8] ?.........


Ce poëme fut composé l’an 1517, si nous en croyons Joseph Scaliger [9], qui ajoute que son père et Matthieu Bandel, dominicain, contractèrent à Mantoue une amitié très-intime pendant qu’ils s’insinuaient l’un et l’autre dans les bonnes grâces d’Æquicola.

(F) L’Épitome de la Bibliothéque de Gesner mérite d’être critiqué. ] Marius Æquicola y est surnommé Alvelanus [10] ; c’est une faute, il fallait dire Alvetanus. On dit que son traité italien de naturâ Amoris, corrigé par Thomas Fazellus Porcaccius, fut imprimé à Venise, l’an 1563. Je ne connais point d’auteur qui ait ces trois noms. On y distingue mal à propos le Marius Æquicola Alvetanus, auteur de ce livre, d’avec Marius

  1. Causas nôrint alii, non dissimulo me nescire : quod etiamsi scirem, dissimularem.
  2. Toppi, Bibliot. napoletana, pag. 206.
  3. Nicodemo, Addiz, alla Bibliot. napolet., pag. 172.
  4. Voyez la Bibliothéque française de du Verdier, pag. 433.
  5. Angust. Nipbus, de Amore, cap. I, pag. m. 285.
  6. M... dans le Mémoire cité ci-dessus.
  7. Ab Oleis, là même.
  8. Julius Cæsar Scaliger, in Lacrymis, part. I Poëmatum, pag. 535, edit., 1591.
  9. Josephus Scaliger, Confut. Fabulæ Burdonum, pag. 264. Voyez aussi pag. 240, 241.
  10. Epit. Biblioth. Gesneri, pag. 573.