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MARILLAC.

d’Orléans, augmenta ses appointemens, et désira que le marquis d’Ancre s’en servit. Le marquis, devenu maréchal de France........ se fit instruire en secret par Marillac de l’ordre et de la police de la guerre, et lui fit espérer une belle récompense (C). Sa mort et l’éloignement de la reine-mère laissèrent Marillac [a] chargé d’une femme, et de leur pauvreté commune... Il se voulut accommoder avec ceux qui prirent lors le timon des affaires, ne se pouvant départir des prétentions de la cour, son principal héritage. Mais ils lui firent connaître qu’il n’était pas agréable auprès du roi. Il revint donc à sa maîtresse, paré d’une fausse marque de banni pour ses intérêts ; et après quelques rebuts, il se rétablit auprès d’elle, et fut fait maréchal de camp au Pont-de-Cé (D). Il s’acquitta mal de cette charge, et néanmoins elle lui fut confirmée par le roi, à la prière de la reine-mère. Il conçut de très-grandes espérances, l’an 1624 [b], parce que Michel de Marillac, son frère, fut pourvu de la charge de surintendant des finances, et que le cardinal de Richelieu fut établi dans les affaires d’état. Le premier commandement qu’il reçut fut d’aller en Champagne auprès du duc d’Angoulême, avec un ordre de pourvoir entièrement aux vivres (E)..... Comme ce fut sa première commission ; ce fut aussi le commencement de ses voleries (F). Elles devinrent plus énormes pendant qu’il fit travailler à la fortification et au bâtiment de la citadelle de Verdun, où le roi le mit gouverneur, et lui donna sa lieutenance générale ès trois évéchés, avec pouvoir d’ordonner de tous les paiemens [c]. Il fut employé à la guerre de la Rochelle, l’an 1627 [d]. Il se trouva à la défaite des Anglais dans l’île de Rhé (G), et « servit de maréchal de camp au quartier du duc d’Angoulême, avec tant de malheur, qu’en toutes les sorties qui furent faites, et aux entreprises d’emporter le fort de Thadon, et de pétarder les grilles du côté des marais, il eut toujours besoin de venir aux excuses, et de se justifier de ne s’être pas trouvé où il devait. Il fut incessamment accusé par les gens de guerre de quelque faiblesse, et d’être la cause que les choses n’avaient pas bien réussi ; tant était forte leur opinion qu’il n’était pas si vaillant qu’il pensait [e]. » Ce fut pendant le siége de la Rochelle, que l’on commença de cabaler contre le cardinal de Richelieu. L’un des principaux moyens que l’on employa était de le rendre odieux à Marie de Médicis [f]. Marillac, demeuré à la Rochelle, contribuait de loin à tout le monopole, ce qui lui était possible : et comme il a confessé dans son procès, écrivait souvent à la reine-mère, avec une instruction à ceux de son chiffre, que M. Bouthillier, alors secrétaire de ses commandemens, ne vît point ses dépê-

  1. Là même, pag. 772.
  2. Là même, pag. 773.
  3. Là même, pag. 774.
  4. Là même, pag. 778.
  5. Là même, pag. 780.
  6. Là même, pag. 783.