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MARILLAC.

dans ses lettres particulières [1] [* 1]. » L’auteur que je cite assure [2] qu’il a appris cela d’un ancien conseiller d’état, savant dans la connaissance des maisons et des familles illustres de France. Il allègue ensuite deux passages pour prouver que cet avocat général était autant illustre par sa profonde science que par sa rare probité. L’un est de M. de Thou, et l’autre du Supplément des Chroniques de Jean Carion. Il suppose que dans celui-ci il y a Gabriel Marillacus ; mais dans mon édition [3] il y a Gabriel Marliacus. Cela lui eût pu servir à confirmer ce qu’il avait avancé. On peut joindre à ces deux passages ce que Maludan écrivit à Denis Lambin [4] : Mariliacus regius patronus a. d. IX Kal. Majas horâ quartâ pomeridianâ excessit è vitâ admodùm christianè. Postridiè funus duxerunt amici et propinqui sinè ullâ pompâ, ut moriens jusserat : sed non sinè omnium bonorum lacrymis. Desiderant etiam inimici nunc ejus λόγους ἐπιχειρηματικοὺς καὶ βιάιους, καὶ χρειώδεις. Eo patrono fiscum nemo unquàm dicere potuit, lienem : ut loquebatur olim Trajanus. In demortui locum suffectus est Ridens [5]. Mais rien n’est plus propre à confirmer ce qui fut dit par un conseiller d’état à M. de Vigneul Marville, que la note marginale que l’on trouve à la page 504 des Opuscules d’Antoine Loisel ; la voici toute entière : « Il [6] est appelé Marlhac par Miranmont et par Coquille, qui rapporte de lui, en ses Commentaires sur la Coutume de Nivernois, ch. 1, art. 5, une maxime de droit français, avec éloge en ces termes : Et comme disait ce très-savant et très-homme de bien, M. Gabriel Marlhac, avocat du roi en parlement, bon régent des jeunes avocats qui assistaient aux plaidoiries dudit parlement, TOUT dol mérite punition extraordinaire et corporelle en France, ores qu’il en soit traité en matière civile. »

  1. * Joly dit que Vigneul Marville a trompé Bayle. La différence d’orthographe entre Marillac et Marlhac, dit Joly, n’en fait aucune dans la prononciation. Les peuples de delà la Loire, entre lesquels sont ceux d’Auvergne, d’où sortent les Marillacs, ne pouvant prononcer l’l mouillée de ce nom, prononcent Marlhac. Henri Étienne, à la page 569 de ses Deux dialogues du nouveau langage français italianisé, observe qu’en Languedoc et en Dauphiné quelques personnes prononcent de même, muralhe, filhe, balher, pour muraille, fille, bailler.
  1. Vigneul Marville, Mélanges, tom. II, pag. 16, édition de Hollande.
  2. Vigneul Marville, Mélanges, tom. II, pag. 16, édition de Hollande.
  3. C’est celle de Paris, ex officinâ Puteanâ, 1563, in-16.
  4. Maludan., Epist. ad Lambinum, pag. 367 Epistolarum clarorum Virorum, edit. Lugd., 1561. J’ai trouvé ce passage dans les notes de M. Joly, sur les Opuscules d’Antoine Loisel, p. 707. Voyez-y, dans la page 630, un passage du Ciceronianus de Pierre Ramus.
  5. C’est-à-dire, Denys Riant, reçu avocat du roi, en 1551.
  6. C’est-à-dire Gabriel Marillac, qui fut fait avocat du roi, l’an 1543.

MARILLAC (Louis de), maréchal de France, fils de Guillaume de Marillac qui était frère de l’archevêque de Vienne, naquit posthume, l’an 1573 [a], ou selon d’autres, au mois de juillet 1572 [b]. Vous trouverez dans le Dictionnaire de Moréri [c] les emplois qu’il eut successivement jusqu’à ce qu’il fut arrêté en Italie, par ordre du roi, l’an 1630. On lui fit faire son procès, et il fut condamné à perdre la tête : ce qui fut exécuté à Paris, le 10 de mai 1632. La curiosité des Parisiens fut si grande, que cent mille personnes furent témoins de l’exécution, et que telle fenêtre fut louée huit pistoles [d]. L’opinion la plus commune est qu’il fut une victime innocente immolée à la passion du cardinal de Richelieu [* 1] ; mais on persuaderait

  1. * Joly rapporte un passage des Mémoires de d’Avrigny, qui n’a pas le dessein de se faire l’apologiste de Marillac, mais qui pense que la haine de Richelieu fut son crime principal. Ce n’est pas là critiquer Bayle ; c’est appuyer ce qu’il dit.
  1. Anselme, Histoire des grands Officiers, pag. 251.
  2. Gazette de Paris, du 17 mai 1632.
  3. Corrigez-y ce qu’on y dit qu’il servit en diverses occasions le roi Henri III. Il fallait dire Henri IV.
  4. Gazette de Paris, du 17 mai 1632.