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MARCA.

par des voies équitables, si on ne le décriait comme un fauteur d’hérétiques. Alors, pour se disculper, et pour prévenir le désavantage qu’une telle réputation lui apporterait, il est obligé de s’ériger en persécuteur[1]. D’où que pût venir le zèle de M. de Marca contre le parti des jansénistes, il est sûr qu’ils eurent en lui un adversaire redoutable. Alexandre VII l’en remercia très-affectueusement. M. Baluze va nous l’apprendre. Cleri Gallicani comitia Parisiis habebantur. Illuc itaque Marca se conferens anno m. dc. lvi. perhonorificè in eo cœtu susceptus xiii kalend. aprileis, deinceps in plurimis occasionibus ostendit quantâ ingenii vi polleret, et quàm præclarâ eruditione ac doctrinâ præditus esset. Nam auctoritatem romani pontificis, quam per summum nefas aliqui deprimere conabantur, fortiter et strenuè vindicavit adversùs œmulos. Gnarum in Alexandro VII, qui post absoluta demùm comitia, honorificas ad Marcam litteras die xvii novembris anni m. dc. lvii scripsit, quibus et grates esit, ob assertam sedis apostolicæ dignitatem, et ut deinceps pergeret in eâdem reverentiâ, verbis amantissimis hortatus est. Jansenismum verò, tum maximè vires suas colligentem, sic industriâ et auctoritate suâ repressit, ut ob hocipsum promeritus sit iram hominum ejus sectæ, qui ne mortuo quidem pepercerunt[2]. Il ajoute qu’avant la clôture de cette assemblée[3] il parut une satire contre M. de Marca, laquelle fut suivie d’une autre quelque temps après. Infaustis auspiciis prodiit libellus famosus, sub titulo epistolæ ad illustrissimum dominum de Marca, archiepiscopum Tolosanum, quo ejus fama atrociter proscindebatur, et auctoritas romanæ sedis per summam audaciam apertè violabatur. Libellum hunc secutus est alius, haud moderatior ; et ipse, ut prior, absquè auctoris nomine[4]. Ses amis lui conseillèrent, les uns de répondre à ces libelles, les autres de n’y point répondre : il prit sur lui d’examiner quel parti serait le meilleur, et enfin il se résolut au silence[5]. Il se contenta de voir en concorde l’empire et le sacerdoce par rapport à ces deux libelles ; car ils furent condamnés au feu et à Paris et à Rome. Voici le titre de trois écrits qui parurent contre lui : Lettre de l’auteur des Règles très-importantes, à monseigneur de Marca, archevêque de Toulouse, 1657 ; Réponse à la Lettre de monseigneur l’archevêque de Toulouse, sur la délibération du clergé du 14 novembre 1656 ; Réponse à une lettre qui a été publiée depuis peu sur ce qui s’est passé dans l’assemblée du clergé, le 14 novembre 1656. Le premier de ces trois écrits avait été précédé par celui-ci : Règles très-importantes tirées de deux passages, l’un du concile de France, et l’autre de Glaber, rapportés par monseigneur de Marca, archevêque de Toulouse. Cela n’est point satirique.

Je viens de jeter les yeux sur un ouvrage[6], où j’ai trouvé une chose qui témoigne que les jansénistes ne sont pas revenus encore de leur colère[* 1]. On raconte dans ce livre-là, que l’archevêque de Rouen[7] voulut pacifier les disputes du jansénisme pendant l’assemblée générale du clergé en 1657. « La négociation n’alla pas loin. M. de Rouen eut audience sur ce sujet-là, le 3 de mai, du cardinal Mazarin, qui, comme ce prélat le rapporta le même jour à M. de Bagnols, témoigna vouloir bien accommoder l’affaire ; et qu’ils étaient convenus, son éminence et lui, de traiter de tout cela avec M. de Marca, archevêque de Toulouse, qui apparemment n’en fit pas un secret au père Annat. Après une seconde audience, que M. de Rouen eut du cardinal dés le lendemain, ce prélat rapporte qu’ayant été deux heures entières en conférence avec ce premier ministre et avec M. de

  1. * Leclerc et Joly se contentent de dire que l’auteur de ce livre est fort connu, et qu’il était ennemi déclaré de M. de Marca. Ont-ils craint d’écrire le nom du père Quesnel ?
  1. Conférez avec ceci l’article Ferrier, tom. VI, pag. 466, remarque (L), vers la fin.
  2. Baluzius, de Vitâ P. de Marca, pag. 59.
  3. Elle finit au mois de mars 1657.
  4. Balazius, de Vitâ P. de Marca, pag. 64.
  5. Idem, ibidem, pag. 65. Il écrivit pourtant quelque chose contre ces libelles. M. Baluze en a fait part au public, l’an 1681.
  6. Imprimé l’an 1700, et intitulé : La Paix de Clément IX, etc.
  7. François de Harlai, qui est mort archevêque de Paris.