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MARCA.

cha in Galliis constituatur. Aiebat prætereà, magnum virum in partes tractum promissis ingentibus, qui scripto defenderet quæ pro eâ causâ cardinalis facturus erat, neque dubitatur, quin Marcam intelligeret [1]. Le roi comprenant qu’une accusation de cette nature le rendait odieux, par le contre coup de la haine à quoi elle exposait le cardinal, donna ordre à M. de Marca de réfuter cet Optatus Gallus, et de garder un certain milieu qui ne donnât point d’attente aux libertés de l’église gallicane, et qui fît voir qu’elles ne diminuent point la révérence due au saint siége. Il accepta cette commission, et l’exécuta par le livre de Concordiâ sacerdotii et imperii, sive de Libertatibus ecclesiæ gallicanæ, qu’il fit paraître l’an 1641 [2]. Il déclara dans sa préface, qu’il n’entrait point dans les discussions du droit, et qu’il s’arrêtait seulement à celles du fait ; c’est-à-dire qu’il faisait voir seulement les bornes qui, de tout temps, avaient séparé les deux empires, celui du prince temporel, et celui du prince spirituel [3] : mais quoiqu’il eût ramassé un nombre infini de témoignages touchant la puissance du pape, son livre ne laissa pas de déplaire aux ultramontains, tant ils ont l’oreille tendre. Quoram aures teneritudine quâdam plus trahuntur, ut ait auxiliaris præfectus apud antiquum scriptorem Vitæ sancti Hilarii episcopi Arelatensis [4]. La cour de Rome se montra fort difficile à l’égard de l’expédition des bulles qu’on lui demandait pour cet auteur, nommé depuis peu à l’évêché de Conserans : elle fit entendre qu’il fallait avant toutes choses qu’il adoucît quelques endroits de son ouvrage, et l’on fît examiner ce livre avec une grande exactitude. Holstenius, l’un des examinateurs, déclara qu’il y trouvait plusieurs choses qui avaient besoin d’être expliquées, et quelques autres qui blessaient secrètement les droits de l’Église. Holstenius quidem quamplurima in eo contineri retulit, quæ explicatione indigerent ; quædam etiam esse quæ romana jura violent, sed in occulto. Tanto quippè ac tam singulari artificio librum hunc esse perfectum, ut distingui vix possit, quæ pars ejus ecclesiæ romanæ faveat, quæve noceat [5]. L’un des autres examinateurs rendit un meilleur témoignage : il assura que ce livre prouvait avec tant de force l’autorité du siége de Rome, que l’auteur en devait être récompensé. Son approbation demeura cachée, et jamais M. de Marca n’en put avoir une copie. Après la mort d’Urbain VIII, le cardinal Bichi sollicita fortement Innocent X d’accorder les bulles à l’évêque de Conserans ; mais l’assesseur du saint office réveilla le souvenir des plaintes qu’on avait faites contre le livre de Concordiâ sacerdotii et imperii, ce qui fut cause que le pape fit examiner l’ouvrage tout de nouveau. Innocentius naturâ cunctator, et qui per imprudentiam nihil eorum prætermitti volebat que ad dignitatem sedis apostolicæ pertinere existimabat, librum hunc examinandum deintegrò commisit cardinalibus Barberino, etc. [6]. M. de Marca, voyant que les choses traînaient en longueur, et n’en espérant point une bonne issue à moins qu’il ne fît satisfaction à la cour de Rome, publia un livre [7], où il expliqua ses sentimens selon l’esprit des ultramontains, et il écrivit au pape une lettre fort soumise, avec de grandes promesses de fidélité. Il avoua qu’il avait rempli dans son ouvrage les devoirs d’un président au parlement, beaucoup mieux que ceux d’un évêque ; mais il vaut mieux rapporter les propres termes dont il se servit. Fateor eo in libro principis partes pro muneris mei ratione fovisse, præsidemque potiùs implevisse quàm episcopum.…. et ne libri publicati invidia desideriis meis obesset, libello altero Barcinone edito, quem huic chartæ adjunxi, hal-

  1. Baluzius, de Vitâ P. de Marca, pag. 23, 24.
  2. Idem, ibidem, pag. 24, 25.
  3. Sic scriptionem suam temperavit, ut relictâ discussione juris quod utrique potestati competit, ad solam facti inquisitionem, quæ fines veterunt possessorum demonstrare posset, se contulerit ; ut ipse pre fatur in admonitione ad lectorem. Idem, ibid., pag. 25.
  4. Baluzius, de Vitâ P. de Marca, pag. 26.
  5. Ibidem, pag. 28.
  6. Ibidem, pag. 30.
  7. À Barcelone, l’an 1646. Quo editionis librorum de Concordiâ sacerdotii et imperii consilium exponit, opus apostolicæ sedis censuræ submittit, et reges canonun custodes, non verò auctores esse docet. Ibidem, pag. 31.