Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T10.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
MARCA.

après la mort de l’auteur. Il n’y a qu’un ou deux critiques modernes qui reconnaissent deux Mamiliens. Marascia avoue qu’il parle contre le torrent des historiens de Sicile ; mais il a pour lui les manuscrits anciens qu’il cite, et des conjectures qu’il trouve solides[1].

  1. Tiré du Journal de Trévoux, mars 1702, pag. 94, 95, édition de Trévoux.

MARCA (Pierre de), l’un des plus illustres ornemens de l’église gallicane, naquit à Gant dans le Béarn, le 24 janvier 1594. Il fut baptisé par un prêtre au diocèse de Tarbes (A) ; et il fit ses classes [a] et son cours de philosophie [b] sous les jésuites : et puis il étudia en droit [c] pendant trois ans, après quoi il fut reçu, l’an 1615, conseiller au conseil souverain de Pau. Il ne fut pas le premier de sa famille qui eut des charges dans la robe (B). Tous ses collègues étaient de la religion [d] : mais les choses changèrent bientôt de face ; le temps vint bientôt que personne ne put être admis dans ce conseil érigé en parlement, qui ne fût de la religion romaine [e]. Pierre de Marca eut beaucoup de part aux intrigues qui produisirent ce changement. Il se maria avec une demoiselle de l’ancienne maison des vicomtes de Lavedan ; mais l’ayant perdue l’an 1632, après en avoir eu plusieurs enfans [f], il ne voulut point se remarier. Il fut fait président au parlement de Béarn, l’an 1621, et conseiller d’état, l’an 1639. Trois ans après le roi le nomma à l’évêché de Conserans. On s’était déja servi de sa plume pour un ouvrage de grande importance (C). Il fut envoyé en Catalogne, l’an 1644, pour y exercer la charge de visiteur général et d’intendant. Il l’y exerça jusques à l’année 1651, avec tant d’habileté, qu’il se fit aimer des Catalans d’une manière qui a peu d’exemples (D). Il alla prendre possession de son évêché au mois d’août 1651. L’année suivante il fut nommé à l’archevêché de Toulouse ; et il écrivit au pape une lettre qui méritera une remarque (E). Il prit possession de l’archevêché de Toulouse sans aucune pompe, au mois de mars 1655. Il assista l’année suivante à l’assemblée générale du clergé de France, et y fut contraire aux jansénistes (F). Il se préparait à la résidence l’an 1658, lorsque pour lui ôter tous les scrupules qui eussent pu le troubler, s’il eût demeuré plus longtemps à Paris, le roi le fit ministre d’état. Il suivit la cour au voyage de Lyon ; et puis ayant assisté aux états de Languedoc, il s’en alla à Toulouse au mois d’avril 1659. Il présida aux états de la province dans la même ville pendant que le roi y était, et présenta les cahiers à sa majesté. L’année suivante il alla en Roussillon, pour y régler les limites avec les commissaires du roi d’Espagne. Ces conférences furent d’un caractere tout particulier ; car il y fallut employer beaucoup de critique sur quelques paroles de Pomponius Méla, et de Strabon (G). Il fit un voya-

  1. À Auch.
  2. À Toulouse.
  3. Idem.
  4. Stephanus Baluzius, in Vitâ Petri de Marca, pag. 12.
  5. Ibid., pag. 13.
  6. L’aîné, Galactoire de Marca, succéda à la charge de son père, je veux dire à celle de président au parlement de Pau.