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MALDONAT.

Minimum, prodiit Lugduni apud hæredes Gulielmi Rovillii mdciv, Venetiis etiam et alibi, partus supposititius est, erroribus scatens, Maldonato prorsùs indignus, et meritò ab apostolici sede damnatus. Similiter Disputationum ac Controversiarum decisarum circa vii Ecclesiæ romanæ Sacramenta, tom. ii Lugduni sinè typographi nomine, nec illius nec ullius de societate sunt, et suos etiam errores continent [1]. » Ils ne disent rien d’un in-folio, qui fut imprimé à Paris, chez Sébastien Cramoisy, l’an 1643, sous lettre de Joannis Maldonati soc. J. Commentarii in præcipuos sacræ Scripturæ libros Veteris Testamenti. Don Nocolas Antonio en fait mention [2], et de quelques autres ouvrages MS. du même jésuite. On publia à Paris, en 1675, quelques pièces de Maldonat qui n’avaient jamais paru : son Traité de la Grâce, celui du Péché originel, celui de la Providence et de la Justice, celui de la Justification et du mérite des œuvres, ses Préfaces, ses Harangues, ses Lettres. Ces nouveaux traités ne composent pas trois volumes in folio, comme l’assure M. Teissier [3] ; ils n’en composent qu’un. Les deux autres, imprimés en même temps chez Pralard, avaient déjà vu le jour. On fait espérer d’autres traités de ce jésuite, et il est assez probable qu’on en trouvera, parce qu’un grand nombre de gens firent copier ce qu’il dictait à Paris [4]. Je crois que M. du Bois, docteur de Sorbonne, a procuré l’édition des nouveaux traités de Maldonat : il y a mis une préface qui contient l’éloge de ce jésuite [5].

J’ai lu dans un livre de M. Joly un passage que je vais copier. « Les lettres manuscrites de Maldonat, et son livre des Sacremens, ont été imprimés à Paris il y a vingt ou trente ans ; mais les jésuites en retirèrent toutes les copies [6]. » M. Simon a prouvé que cet ouvrage sur les Sacremens est de Maldonat [7]. Voyez la quinzième de ses Lettres Choisies : elle est toute pleine de particularités touchant ce docte jésuite. Voyez aussi le même ouvrage de M. Simon, aux pages 181, 182, 187, 188.

(I) M. de Thou lui donne de grands éloges. ] Selon lui, le mérite de Maldonat fut cause que le parlement de Paris ne prononça rien au désavantage des jésuites, quoiqu’ils fussent devenus suspects aux plus sages têtes, et que toute l’université les haît beaucoup. Peut-on mieux louer un homme ? Unus in caussâ extitisse meritò creditur, ut sodalitium illud toti academiæ valdè invisum, et alioqui jam prudentioribus suspectum, ob tanti viri gratiam ac commendationem à senatu apud quem lis adhuc indecisa pendebat, tamdiù toleraretur ; et eousque dùm rebus sodalium in urbe confirmatis, Maldonatus post conciliatam insigni suâ unius eruditione novo ordini celebritatem, à Gregorio XIII pontifice Romam evocatus est [8]. M. de Thou venait de dire que ce jésuite avait joint une piété singulière, et la pureté des mœurs, et un jugement exquis, avec une exacte connaissance de la philosophie et de la théologie : Qui ad exactum philosophiæ et theologiæ studium singularem pietatem, morum candorem et acerrimum judicium cùm attulisset, magnâ cum laude et frequenti omnium ordinum concursu totos X annos Lutetiæ Parisiorum, ubi et eum pueri audivimus, in Claromontanâ scholâ professus est [9]. Il n’a point su le véritable âge de Maldonat : il le fait vivre plus de cinquante-six ans, et il ne fallait pas même lui en donner cinquante. On s’étonnera moins de cette faute, quand on saura que Richeome a fait Maldonat plus jeune qu’il ne fallait, dans un temps où l’intérêt de sa cause semblait demander qu’au lieu de lui ravir des an-

  1. Alegambe, pag. 257 ; Sotuel, pag. 475.
  2. Biblotheca Scriptor. hisp., tom. I, pag. 558.
  3. Addit. aux Éloges, tom. II, pag. 14, édit de 1696.
  4. Ex ejus scholâ prodierunt viri eruditi quamplurimi, et vix quispiam posteà fuit in Galliâ qui cùm ejus auditor esse non potuisset, quæ in scholis dictaverat, sibi domi descripta 4on haberet. Alegambe, pag. 255 ; Sotuel, pag. 874.
  5. Simon, Hist. des Comment. du Nouveau Testament, pag. 620.
  6. Joly, Prescriptions touchant la Conception de Notre-Dame, pag. 19 : ce livre fut imprimé, l’an 1676.
  7. Simon, Lettres choisies, pag. 134, édit., de Trévoux, 1700.
  8. Thuan., lib. LXXVIII, pag. 481.
  9. Idem, ibidem.