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MALDONAT.

tude des belles-lettres, Parænesin ad litteras politiores. Son abrégé des Vies des Saints fut imprimé plusieurs fois [a]. Nous verrons ci-dessous s’il a eu raison de tant vanter sa correction du Bréviaire (A).

  1. Tiré d’André Schottus, Biblioth. Hisp., pag. 350, 351.

(A) Nous verrons. S’il a eu raison de tant vanter sa correction du Bréviaire. ] Voici ce qu’on trouve dans un ouvrage que M. Thiers a publié l’an 1699, sous le titre de Dissertation sur le lieu où repose présentement le corps de Saint Firmin le Confès, troisième évêque d’Amiens. « [1] Jean Fonséca, évêque de Burgos, capitale de l’ancienne Castille, voulant faire une nouvelle édition du bréviaire de son diocèse, donna ordre à trois savans, Carréra, Lara, et Jean Maldonat, d’y travailler. Ce Jean Maldonat..... qu’il ne faut pas confondre avec le fameux jésuite Jean Maldonat..... se chargea de composer et de mettre en latin les Vies des Saints qui devaient servir de leçons pour ce Bréviaire. Il savait la belle latinité, et il s’acquitta si bien (à ce qu’il s’imagina) de cette commission, qu’il a osé nous vanter son Bréviaire comme l’ouvrage le plus exact, le plus châtié, et le plus achevé qui fut jamais. » Ces vanteries sont contenues dans une épître qu’il a fait imprimer à la fin de ce Bréviaire, et de ces Vies des Saints de l’édition de Lyon en 1561...... Elle est adressée à ses deux collègues Carréra et Lara [2]. M. Thiers la rapporte tout du long, et puis il se sert de ces paroles [3] : « Il n’y a personne qui après avoir lu cette épître, ne croie que les leçons des saints du Bréviaire de Burgos, sont entièrement exemptes de fautes. Cette épître néanmoins, à la bien prendre, n’est qu’une rodomontade espagnole, et on remarque dans ces leçons beaucoup de pauvretés que l’on trouve dans les anciennes légendes. »

  1. Pag. 38 de la Dissertation de M. Thiers.
  2. Là même, pag. 19.
  3. Là même, pag. 21.

MALDONAT (Jean), jésuite espagnol (A), naquit l’an 1534. Il fit ses études à Salamanque, et il y enseigna la philosophie : la théologie et la langue grecque, avant que de se vouer à la compagnie des jésuites dans la même ville. Il n’y prit point l’habit de l’ordre, mais à Rome, l’an 1562. Il fut envoyé à Paris l’année suivante, pour y enseigner la philosophie dans le collége que les jésuites venaient d’obtenir. Il y enseigna ensuite la théologie (B) avec un très-grand succès ; car ce que l’on conte de la multitude de ses auditeurs est admirable (C). Il fut envoyé à Poitiers avec neuf autres jésuites : l’an 1570. Il y fit des leçons latines, et il y prêcha en français ; mais n’ayant pu y fonder un bon établissement, il s’en retourna à Paris[* 1], après avoir soutenu quelques disputes contre ceux de la religion. Il fit une course en Lorraine, et en passant par Sedan il y disputa contre plus de vingt ministres (D). Il eut de fâcheuse affaires à Paris ; car non-seulement on l’accusa d’hérésie, mais aussi d’avoir volé une succession (E) en séduisant le président de Saint-André, pour l’obliger à laisser son bien aux jésuites. Pierre de Gondi, évêque de Paris, le justifia d’hérésie (F), et le parlement le déclara innocent de l’autre crime. Mais cela n’empêcha point que Maldonat ne prît la résolution de s’aller cacher dans le col-

  1. * Joly transcrit quelques particularités concernant Maldonat, extraites des Mémoires apologétiques de la compagnie de Jésus en France, par le père François de la Vie, conservés en manuscrit dans la bibliothéque du collége de Dijon.