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MACÉDOINE.

puis il passa en Afrique, pour y être missionnaire ; et enfin il fut choisi par Jean IV, roi de Portugal, pour accompagner l’ambassadeur que l’on envoyait en Suède auprès de la reine Christine. Il plut tellement à cette princesse, que ce fut à lui qu’elle s’ouvrit secrètement du dessein où elle était de changer de religion. Elle l’envoya à Rome avec des lettres au général des jésuites, par lesquelles elle demandait qu’on lui dépêchât deux religieux de la compagnie, Italiens de nation et savans, qui prendraient un autre habit, et avec qui elle pourrait conférer tout à son aise sur les matières de religion. On lui accorda sa demande (A) ; mais Antoine Macédo ne retourna point en Suède. Il demeura à Rome en qualité de pénitencier apostolique de l’église du Vatican, depuis l’année 1651, jusqu’à l’année 1671, après quoi il s’en retourna en Portugal, et eut à Lisbonne [a] divers emplois [b][* 1]. Il a composé quelques ouvrages (B).

  1. * Sotuel, que Bayle avait pour guide et dont l’ouvrage a paru en 1676, n’a pu donner la date de la mort de Macédo arrivée le 15 juillet 1693. Joly dit quels furent ses emplois depuis 1677.
  1. Modo est Ulyssipone rector domûs probationis, et magister Tironum. Sotuel, ubi infrà.
  2. Tiré de Natanaël Sotuel, Biblioth. societat. Jesu, pag. 77.

(A) On accorda à Christine sa demande. ] On lui envoya tout aussitôt deux jésuites, savoir : François Malines qui enseignait la théologie dans Turin, et Paul Casatus qui professait les mathématiques à Rome [1]. Ceux-ci achevèrent ce qu’Antoine Macédo, le premier confident du dessein de cette reine, avait commencé. Je l’appelle premier confident, quoique je n’ignore pas qu’Henschénius et Papebroch donnent à un autre cette gloire : mais le bibliothécaire de leur compagnie est contre eux, et le père François Macédo les a réfutés solidement. La chose lui tenait si fort au cœur, à cause des intérêts de son frère, qu’il fit un appendice pour les soutenir dans un ouvrage qui n’avait aucun rapport à cela. Cet ouvrage est intitulé, Responsio ad notas nobilis critici anonyni in apologiam [2] F. Thomæ, Mazzæ pro Jo. Annio Viterbiensi, et fut imprimé à Vérone l’an 1674. Voici ce que le journaliste d’Italie a dit de l’appendice : Si aggiugne nel fine una scrittura dove l’autore prova che il padre Antonio Macedo giesuita, fù il primo al qual la regina di Suezzia communicasse il pensiero della sua conversione, e non il padre Gottofredo Frankenio, come hanno scritto Henschenio et Papebrokio nella vita del Bollando [3]. :

(B) Il a composé quelques ouvrages. ] En voici les titres : Lusitania infulata et purpurata, seu pontificibus et cardinalibus illustrata, à Paris, chez Sébastien Cramoisi, 1673 [4], in-4°. Vita patris Joannis de Almeida societatis presbyteri in Brasiliâ : Theses rhetoricæ variâ eruditione refertæ ; Elogia nonnulla et descriptio coronationis serenissimæ Christinæ reginæ Sueciæ, en prose et en vers, à Stockholm, 1650 [5] [* 1].

  1. * La Vie d’Almeida est de Padoue, 1669, in-4o. Une seconde édition augmentée fut donnée à Rome, en 1671, in-8o. Les Theses rhetoricæ avaient été imprimées à Funchal, capitale de l’île de Madère, en 1637. Joly, qui donne ces détails, ajoute le titre d’un cinquième ouvrage : Divi Tutelares orbis christiani, Lisbonne, 1687, in-folio. En 1683 il avait donné au public un recueil des poésies latines de son frère.
  1. Sotuel, Biblioth. societat. Jesu pag. 77.
  2. Cette Apologie est un ouvrage italien, imprimé à Vérone, l’an 1673, in-folio. Tomaso Mazza, qui en est l’auteur est un jacobin. Le Journal d’Italie du 28 février 1674, parle amplement de cet ouvrage.
  3. Giornale de’ Letterati, du 28 janvier 1675, pag. 13.
  4. Ou plutôt 1663, comme le marque Nicolas Antonio, tom. I, pag. 112.
  5. Ex Natan. Sotuel, Bibliotheca Scriptorum societatis Jesu, pag. 77.

MACÉDOINE (Alexandre le Grand roi de) a été le plus extraordinaire de tous les hommes ; et si tout ce que les livres rap-