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MAYERNE.

1587, et puis chez Abel l’Angelier, l’an 1608, à Paris, et puis encore dans la même ville, chez Samuel Thiboust, l’an 1635. La seconde édition comprend XXX livres, et s’étend jusques à la fin de l’année 1582. La troisième édition est augmentée de six livres qui s’étendent jusques à la fin du XVIe. siècle.

(B) Voilà ce que je tire de la préface de ses œuvres, imprimées a Londres l’an 1700. ] Elles font un assez gros in-folio, divisé en deux livres ; le premier contient Consilia, Epistolas, et Observationes, et le second Pharmacopæam variasque Medicamentorum formulas. On voit au-devant du livre la taille-douce de M. de Mayerne tel qu’il était à l’âge de quatre-vingt deux ans. C’est la plus heureuse physionomie du monde [1], un air vif, serein et majestueux, une barbe vénérable. On lit au bas de l’estampe : Theo : Turquet : de Mayerne eques auratus, patriâ Gallus, religione reformatus, dignitate baro : professione alter Hippocrates, ac trium regum (exemplo rarissimo) archiater : eruditione incomparabilis : experientiâ nulli secundus : et quod ex his omnibus resultat, famâ latè vagante perillustris. Le médecin anglais [2], qui a eu soin de cette édition, assure qu’on n’avait encore vu aucun ouvrage de Mayerne qui fût véritablement de lui. Quicquid hactenùs sub Mayernii nomine orbem invisit, tam crebris fœdatur interpolationibus, utpote quod partim ex suis, partim ex aliorum chartis in bibliothecâ suâ repertis imperitè consuitur, ut nemo hariolari possit, quid author sibi velit, ejusque scopum assequi valeat, cùm casus à remediis pessimo consilio ubique abscindantur....... Nihil hactenùs sub ejus nomine comparuit, quod ipsius reverà esse dici possit [3]. Il nous apprend les raisons qui l’ont empêché de publier les ouvrages chirurgiques de ce médecin. Vous trouverez dans Lindenius renovatus [4] le titre de quelques écrits de cet auteur ; mais n’allez pas vous imaginer que Theodorus Mayernus Turquetus, et Theodorus Turquetus, de Mayerne, que l’on y donne comme si c’étaient deux écrivains différens [5], soient deux personnes. On n’y pouvait pas parler du Praxeos Mayernianæ in morbis internis præcipuè gravioribus et chronicis syntagma ; car c’est un livre qui n’a été imprimé qu’en 1690 [6]. Les journalistes de Leipsic [7] en ont donné un extrait.

(C) Nous donnerons…. un récit plus étendu et plus exact. ] Je le donnerai tout tel que je l’ai reçu de M. Minutoli [8], qui avait eu la bonté, à ma prière, de s’informer soigneusement de toutes les circonstances [* 1].

« M. le chevalier Théodore de Mayerne, baron d’Aubonne, conseiller et premier médecin de L. L. M. M. britanniques Jacques Ier. et Charles Ier., fut fils de Louis de Mayerne, célèbre pour l’Histoire générale d’Espagne qu’il a composée, pour sa Monarchie aristodémocratique, dédiée à Messieurs les États-Généraux, et de Louise, fille d’Antoine le Masson [9], trésorier des guerres des rois François Ier. et Henri II, en Piémont. La famille est originaire de Piémont, ayant fleuri long-temps dans la ville de Quiers. Et pour le nom ou sobriquet de Turquet, il leur vint d’une femme de la maison, qui pour être bien faite et de taille avantageuse, était dite sembler une belle Turque ; ce qui fit qu’on donna communément le surnom de Turquetti à tous ses enfans. Louis de Mayerne se retira à Genève sur la fin de l’an 1552, ayant eu deux maisons démolies à Lyon à cause de la religion. Le 28 de septembre 1573, lui naquit, à Genève, Théodore de Mayerne, ayant pour parrain Théodore de Bèze. Il fut élevé en sa patrie

  1. * Leclerc pense que la narration de Minutoli détruisant une partie de l’article, Bayle aurait dû le refaire.
  1. Voyez le Journal de Leipsic, 1691, p. 57.
  2. Josephus Browne, utriusque facultatis Doctor.
  3. Idem, in præfat.
  4. À la page 997 de l’édition de Nuremberg, 1686.
  5. Il y a une semblable faute dans la Bibliothéque de Konig : voyez-y, pag. 522 et 822.
  6. À Londres, in-8°. M. Charleton y a mis une préface.
  7. À la page 57 et suiv. de l’an 1691.
  8. Dont on a parlé, tom. III, pag. 69. citation (6) de l’article Balzac (Jean-Louis), et remarque (I) de l’article Lucrèce (Titus, etc.), tom. IX, pag. 510.
  9. Dont on a parlé, tom. VI, pag. 445, remarque (G) de l’article Ferret.