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MACÉDO.

l’an 1610. Il enseigna la rhétorique plusieurs années, la philosophie pendant un an, la chronologie assez long-temps. Il fit profession du quatrième vœu, l’an 1630 [a], et néanmoins il quitta l’ordre des jésuites, et entra chez les cordeliers l’an...[* 1] Il ne cessa point pour cela de travailler à la gloire de saint Ignace (A). Il embrassa avec chaleur le parti du duc de Bragance, élevé à la couronne de Portugal, et publia plusieurs livres pour la justice de cette cause (B). Il accompagna en France et en Angleterre les ambassadeurs de ce prince. Il fut appelé à Rome pour des emplois honorables ; car on lui donna à professer la théologie polémique dans le collége de propagandâ fide ; et puis l’histoire ecclésiastique dans le collége de la Sapience, avec la fonction de censeur du saint office. Il passa de Rome à Padoue, environ l’an 1670, pour y enseigner la théologie [b]. C’était un esprit ardent et assez universel, et qui a eu beaucoup de querelles (C). On s’étonne qu’avec beaucoup de savoir et de mémoire, il ait blanchi sous le froc, et n’ait pas été promu à l’épiscopat [* 2]. Il n’a pas manqué de se plaindre qu’on l’eût si fort négligé (D). Les bibliothécaires des jésuites n’ont fait mention que des ouvrages qu’il publia avant que d’entrer chez les cordeliers (E). Don Nicolas Antonio donne le titre de quelques autres (F). Macédo vivait encore l’an 1676, et était lecteur plus que jubilé [* 3]. Les éloges que M. Leti lui donne [c] sont capables d’étonner tous les lecteurs.

  1. * Ce fut, dit Joly, après 1633, mais avant 1640.
  2. * Ce fut cependant, suivant Joly, le désir de l’épiscopat, auquel la robe de jésuite ne lui permettait pas d’aspirer qui l’engagea à entrer dans un autre ordre.
  3. * Leclerc dit qu’il mourut en 1681, à quatre-vingt-cinq ans.
  1. Nathan. Sotuel. Biblioth, Scriptorum societ. Jesu. pag. 235.
  2. Tiré de don Nicolas Antonio. Biblioth. Scriptor. Hispan., tom. I, pag. 356. Notez que dans plusieurs livres que le père Macédo a publiés pendant son professorat de Padoue, il se qualifie professeur en philosophie morale.
  3. Dans son Italia regnante. Vous en trouverez des extraits dans le Polyhistor. de Morholius, lib. I, cap. XXII, p. 269 et suiv.

(A) Il ne cessa point... de travailler à la gloire de saint Ignace. ] Voyez le livre qu’il publia à Venise, l’an 1668, intitulé : Concentus Euchologicus Sanctæ Matris ecclesiæ in breviario, et sancti Augustini in libris, adjunctâ Harmoniâ exercitiorum sancti Ignatii soc. Jesu Fundatoris, et operum sancti Augustini ecclesiæ doctoris. Après avoir montré amplement dans cet ouvrage que les oraisons du bréviaire ont une merveilleuse conformité avec les écrits de saint Augustin, il fait voir une semblable conformité entre ces mêmes écrits et les exercices spirituels de saint Ignace ; et non content de cela il compare ensemble les mœurs et la vie de ces deux saints, pour y trouver une grande sympathie [1].

(B) Il embrassa... le parti du duc de Bragance,... et publia plusieurs livres pour la justice de cette cause. ] Entre autres de jure succedendi in regnum Lusitaniæ, à Paris 1641, in-4°., et Propugnaculum Lusitano-Gallicum contrà calumnias Hispano-Belgicas, in quo fermè omnia utriusque regni tùm domi tùm foris præclarè gesta continentur. À Paris, 1647, in-folio. Je me souviens d’un passage de Hexaméron rustique que je m’en vais alléguer. « Les deux frères de Sainte-Marthe ayant rapporté quelque

  1. Voyez le Giornale de Letterati, du 29 de décembre 1669, pag. 135.