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LYNDE. LINGELSHEIM.

une copie imprimée qu’une copie manuscrite. Mais la plupart du temps c’est une peine perdue ; car il n’y a que fort peu de gens qui comparent les éditions : et à moins que de les comparer entre elles patiemment et habilement, on ne connaît pas l’importance des corrections. Tel endroit d’une seconde édition qui ne contient pas plus de lignes que dans la première, ou même qui n’en contient pas tant, est converti de plomb en or[1] ; mais où sont les gens qui s’en aperçoivent ? J’ai parlé ailleurs [2] de ceux qui composent ou sans peine ou avec peine, et j’en parlerai encore ci-dessous[3].

  1. Conférez ce que dessus, remarque (F) de l’article de Balzac (J. L. Guez), tom. III, pag. 72.
  2. Tom. VII, pag. 307, remarque (G) de l’article Guarini.
  3. Dans la remarque (G) de l’article Malherbe, tom. X.

LYNDE (Humfrei), chevalier anglais[* 1], natif de Londres[a], y publia deux livres de controverse, l’un en 1628, l’autre en 1630. Ils se vendirent fort bien, et ils ont été traduits d’anglais en français par Jean de la Montagne. J’en parlerai ci-dessous (A). Le chevalier Lynde eut des emplois considérables : il fut juge de paix et député à la chambre des Communes[b]. Il mourut le 14 de juin 1636, à l’âge de cinquante-sept ans[c].

  1. * Les traducteurs anglais de Bayle ont ajouté à cet article quelques particularités que Chaufepié a reproduites dans son Dictionnaire.
  1. Witte, in Diar. Biograph., ad ann. 1636.
  2. Idem, ibidem.
  3. Idem, ibidem.

(A) Ses deux livres de controverse.......... furent traduits en français par Jean de la Montagne. J’en parlerai ci-dessous. ] La traduction française du premier de ces ouvrages, faite sur la sixième édition anglaise, a pour titre : la Voye seure, conduisant un chacun chrestien, par les tesmoignages et confessions de nos plus doctes adversaires, à la vraye ancienne foy catholique, dont on fait maintenant profession en l’église d’Angleterre, et autres églises réformées [1]. Celle du second traité a pour titre : la Voye esgarée, faisant fourvoyer les esprits foibles et vacillans és dangereux sentiers d’erreur, par des apparences colorées d’escritures apocryphes, de traditions non escrites, de peres douteux, de conciles ambigus, et d’une prétendue eglise catholique. Le chevalier Lynde fut engagé à ce travail par un cartel de deffi qu’un jésuite lui envoya en ces mots. « Que le chevalier Lynde, ou ceux de son party, prouvent, par quelques bons autheurs, que l’église des protestans ait été visible en tous aages, et principalement és siecles auparavant Luther[2]. » C’était un homme qui avait bien lu : et il donna un fort bon tour à sa réponse, et cita beaucoup de passages notables. Je ne doute point que le jésuite qui lui envoya le cartel ne soit le même qui répondit à la Voye seure. Il était Anglais, et il s’appelait Robert Jenison : sa réponse fut imprimée en anglais à Rouen, l’an 1631, in-8°.[3].

  1. Je me sers de l’édition de Paris, chez Louis Vendosme, 1647, in-8o. : c’est la seconde. Je dis la même chose quant à la version du Traité suivant.
  2. Voyez son épître dédicatoire de la Voye seure.
  3. Voyez Alegambe, pag. 412.

LINGELSHEIM (George Michel), précepteur, et puis conseiller de l’électeur palatin[a], florissait au commencement du XVIIe. siecle. Il était né à Strasbourg [b]. Il a passé pour l’auteur d’un livre intitulé : Idolum Hallense, où Lipse est fort maltraité (A). Il entretenait commerce de lettres avec Bongars ; mais on se trompe quand on assure qu’il avait été son secrétaire, et qu’il a publié les lettres

  1. Scaligérana, pag. m. 141.
  2. Idem, pag, m. 162.