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ISAACITES.

de jurisprudence, et qu’il enseignait publiquement le droit à Bologne, dès l’an 1150. Voyez l’auteur que je cite [1].

(B) On dit que Lothaire.….. ordonna que le droit de Justinien reprit son ancienne autorité dans le barreau. ] Voici ce qu’en dit M. Hess, dans son histoire de l’empire, sous l’an 1133. Cette solennité finie, l’empereur reprit le chemin d’Allemagne, où, par le conseil d’un certain nommé Werner Ursperg, autrement Irnérius [2], qui était fort savant dans le droit ancien de Justinien, il ordonna que la justice se rendrait dans l’empire selon le Digeste ou le Code, dont l’usage avait cessé depuis cinq ou six cents ans. De sorte que ces lois furent introduites en Italie, en Allemagne et ensuite en France et en Espagne, où les peuples auparavant se servaient du droit qu’ils avaient en propre, et des coutumes qu’ils suivaient en particulier [3]. Calvisius, sans parler de notre Werner, dit sous l’an 1137, que Lothaire trouva dans la Pouille les lois romaines ; qu’il les donna aux Pisans, et qu’il ordonna qu’elles fussent expliquées, et qu’on s’y conformât dans les tribunaux de l’empire. Il ajoute que ce livre fut porté depuis dans la bibliothéque de Florence. Un autre historien [4] applique cela au temps que cet empereur marcha contre Roger, roi de Sicile, environ l’an 1135, et remarque que le manuscrit des lois romaines trouvé dans la Pouille, ayant besoin d’un interprète, cette commission fut donnée à Irnérius.

(C) La tradition lui donne la qualité de premier restaurateur du droit romain. ] Voici comment un auteur que j’ai déjà cité en parle [5] : Irnerius primus legibus glossas apposuit, et suo exemplo cæteris illuminandi juris exemplun dedit ; undè Lucerna Juris dictus fuit : et instaurator legum romanarum cognominatus. Une infinité d’écrivains observent la même chose.

  1. Nihusius, in Irnerio, où il a inséré toute la réponse de l’université de Bologne.
  2. L’édition de Hollande dit Irnervis.
  3. Anteà homines jure incerto utebantur, jure nempè Romanorum corrupto, jure item Longobardico et lege salicâ. Christ. Mathiæ Theat. hist., pag. 921.
  4. Christ. Mathias, ibid., pag. 920, citant Chythræus, in Chronol., pag. 309.
  5. Mathias, in Theat. hist., pag. 920.

ISAACITES [a]. C’est sous ce nom-là que le rabbin Salomon Jarchi se trouve dans la Bibliothéque rabbinique de Bartolocci. Je pourrai donc mettre sous ce nom-là ce qui manque à l’article Jarchi. Disons donc ici que le surnom Rasci, qui fut donné à ce rabbin, était composé des lettres initiales de ses noms [b]. C’est le père Bartolocci qui m’apprend cela [c]. Il ajoute que ce rabbin était né à Lunir, ville de la province d’Aquitaine (A) ; mais qu’il y a des gens qui le font natif de Troyes en France, et qui placent sa naissance à l’an 1105. Isaacites commença à voyager à l’âge de trente ans. Il vit l’Italie, ensuite la Grèce, Jérusalem et toute la Palestine, puis il alla en Égypte et y vit le rabbin Maimonides. Il passa en Perse, en Tartarie, en Moscovie et en d’autres pays septentrionaux, et enfin en Allemagne, d’où il retourna en sa patrie. Il employa six années à ce grand voyage. Il se maria, et eut trois filles qui furent mariées à des rabbins très-savans, et auteurs de beaucoup de livres. Quelques-uns de ses commentaires sur l’écriture ont été traduits en latin par des chrétiens (B). On dit qu’il entendait bien la médecine et l’astrologie, et beaucoup de langues, et qu’il mourut à Troyes, à l’âge de soixante et quinze ans. Son corps fut transporté en Bohème, et enterré à Prague, l’an 1180 [d].

  1. Constantin l’Empereur, not. in itinerar. Benjamin Tutel., pag. 149, dit que Salomon Jarchi fut nommé Isacides, à cause qu’il était fils du rabbin Isaac.
  2. R. Salomon Isaacites.
  3. Bartol, Bibl. rabb., parte IV, pag. 373.
  4. Tiré de Bartolocci, Biblioth. rabbin. parte IV, pag. 378 et seq.