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HOTTINGER.

d’Osche. On lui donne le titre de cette seigneurie dans les Lettres de Pasquier, et la qualité d’avocat en la cour de parlement de Paris[1]. Il était fils d’une sœur de Pierre Pithou, comme il paraît par une lettre que cet oncle lui écrivit, et qui a été imprimée à la fin des Déclamations de Quintilien dans quelques éditions. Isaac Nicolas Nevelet, son fils, publia Ésope, et les autres anciens fabulistes, avec des notes, l’an 1610. Ce fut le premier fruit de ses veilles, et il le dédia à son père.

  1. Voyez le VIIIe. livre des Lettres de Pasquier, pag. 467 du Ier. tome.

HOTTINGER (Jean-Henri), l’un des plus fameux écrivains du XVIIe. siècle, était né à Zurich, le 10 de mars 1620. Les progrès qu’il fit pendant ses premières études donnèrent de si belles espérances, que les curateurs des écoles prirent la résolution de l’envoyer étudier dans les pays étrangers aux frais du public. Il commença ses voyages le 26 de mars 1638, et s’en alla à Genève, d’où après un séjour de deux mois il passa en France. Il vit ensuite la Flandre et la Hollande, et choisit Groningue pour le siége de ses études ; mais l’envie de se perfectionner dans les langues orientales l’engagea au bout d’un an à se transporter à Leyde[a], pour y être précepteur des enfans du professeur Golius, l’homme du monde qui avait le plus de connaissance de ces langues. Il profita beaucoup dans l’étude de l’arabe par les secours de Golius, et par les leçons d’un Turc. Il aurait suivi à Constantinople, en qualité de ministre, l’ambassadeur[b] des États, l’an 1641, si messieurs de Zurich y eussent voulu consentir : mais ils aimèrent mieux le rappeler, afin de le faire servir à l’avantage et à la gloire de leurs colléges. Ils lui permirent de voir l’Angleterre avant que de revenir en Suisse : et dès qu’il fut revenu, ils le firent[c] professeur en histoire ecclésiastique ; et un an après ils lui donnèrent deux autres professions, celle de la théologie catéchétique, et celle des langues orientales. Il se maria à l’âge de vingt-deux ans[d] ; et il commença à s’ériger en auteur à l’âge de vingt-quatre (A). Il trouva tant de goût à ce caractère, que dans la suite il ne cessa de produire livre sur livre (B). Cela ne lui était pas malaisé ; car il était extrêmement laborieux, et il avait une mémoire prodigieuse. Il y a néanmoins lieu de s’étonner qu’un homme chargé de tant de fonctions académiques, et détourné par tant de visites et par un très-grand commerce de lettres (C), ait pu composer tant de volumes. On lui donna de nouvelles professions l’an 1653[e], et on l’agrégea au collége des chanoines. Deux ans après, il fut prêté pour trois années à l’électeur palatin, qui voulait se servir de lui pour remettre en réputation l’université d’Heidelberg. Avant que d’y aller, il fut prendre à Bâle le doctorat en théologie[f]. Il arriva à Heidelberg au mois d’août 1655, et

  1. L’an 1639.
  2. Guillaume Boswel.
  3. L’an 1642.
  4. Voyez la rem. (F).
  5. Artium rhetorologicarum ordinarius, et theologiæ Vet. Test. atque controversiarum extra ordinem professor designatus. Heideg. ubi infrà citat. (g).
  6. Il le reçut le 26 de juillet 1655.