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HOTMAN.

ponse de Baudouin à Calvin. Il avait déjà allégué dans la seconde, cette lettre de Sturmius, et il en avait tiré beaucoup de choses désavantageuses à Hotman. Il en avait rapporte l’endroit où est contenu le reproche d’un exécrable parjure. Hotman, le jour même qu’il avait communié, protesta à Sturmius qu’il priait Dieu que la cène qu’il avait faite se changeât en diable, s’il niait faussement ce qu’il niait[1]. Cependant, ajoute Sturmius, il niait une chose très-véritable. Baudouin rapporte cela comme une preuve que son adversaire, qui se mêlait de disputer sur l’eucharistie, n’en faisait point un grand cas ; et il se sert de cette occasion pour lui reprocher qu’on l’avait exclus de la cène en Allemagne, à cause d’un adultère. Etiam de mysterio cœnæ dominicæ disputat, et me cum suâ Gallicâ (ut vocat) ecclesiâ non idem sentire narrat, qui ab eâ propter Clodianum facinus in Germaniâ excommunicatus aliam quæcunque illi fortasse patuit mensam occupavit. Vis scire quanti faciat totum istud mysterium tuus mystagogus ? Audi Sturmium[2]. Voici un autre passage de cette seconde réponse de Baudouin[3]. Nonne ille est qui…… Silesium se esse finxit, cùm in Germaniâ negaret se esse Gallum, ut in aulam Austriacam irreperet ? Nonne ille est qui cùm tuam[4] ecclesiam clam fugeret et scholam, in quâ tamen docuit aliquot annis grammaticam, depositâ jurisconsulti personâ, venit in Germaniam tuis ad Sturmium litteris instructus quæ Sturmium fefellerunt ? Nonne ille est cujas (ut nunc dicebam) vitam perfidiæ, nequitiæ, sceleris, et omnium maleficiorum plenam ipse Sturmius nuper descripsit ?…… Nonne ille est magnus ardelio, qui cùm in Germaniâ principes miris modis est ladificatus, huc et illuc discurrens, modò in Galliâ tumultuatur, modò ad Rheni ripas adversùs regem suum milites cogit ? Nonne ille, est quem Sturmius… ostendit etiam Galliæ principibus plus quum proditoriè maledicere, cujusque lingua nullum veneficium magis veneficum esse ait et probat ? Nonne ille est qui superioribus annis in Germaniâ pinxit sive suum sive tuum tumultum Ambosianum, et Tigrim[5] peperit, et ejus generis formulas quotidiè concipit novus magister libellorum, non (ut jactabat) supplicum, sed famosorum ? Denique nonne est ille tenebrio qui ad me aliquando scripsit, σκοτιςέον ἐν τῷ νῦν χρόνῳ[6] ?

Voici pourquoi j’ai fait une distinction entre ce qu’on lit dans la troisième réponse de Baudouin, et ce qui se voit dans la seconde. Théodore de Bèze a réfuté la seconde, et n’a rien dit contre la troisième : ainsi la troisième ne tire pas tant à conséquence contre le jurisconsulte Hotman ; car on peut présupposer que si Bèze l’avait réfutée, il aurait justifié ce jurisconsulte. Il faut donc faire plus d’attention aux injures contenues dans la seconde, parce qu’on les peut conférer avec un écrit où Théodore de Bèze la réfuta. Il faut voir, par cette réfutation, quel pouvait être le fondement de Baudouin. J’ai trouvé que son adversaire n’avance rien à la décharge d’Hotman : il se réduit à dire que les reproches d’ignorer la langue latine, et d’être athée, n’embarrasseront point ce docteur, qui ne daignera pas même ouvrir la bouche quant au dernier. Magnum tibi certamen superesse video. Nam quæ tibi objecit magnam inscitiam arguunt, quæ tamen (ut aiunt) refellere non possis. Illa verò quæ regeris cujusmodi sunt quæso ? Latinè scilicet nescit, ut eum oportuerit ad latinam epistolam scribendam alterius operam requirere. Crimen autem ἀθεότητος, etsi omnium est gravissimun, ille tamen, ut opinor, ne responso quidem dignum putabit. Quid enim hoc aliud est quàm latrare[7] ? Il n’y a rien là qui se rapporte aux accusations que j’ai copiées, et qui se trouvent dans les pages 176, 180, 181, 182 de la seconde réponse de Baudouin. Tout ce que Bèze a répondu pour Hotman concerne la page

  1. Balduin., Respons. altera ad Joann. Calvinum, pag. m. 176.
  2. Idem, ibidem.
  3. Idem, ibid., pag. 181, 182.
  4. Ces paroles sont adressées à Calvin.
  5. C’est un libelle dont je parle dans l’article Guise (François), tom. VII, pag. 378, remarque (I).
  6. C’est-à-dire, en ce temps-ci il faut chercher les ténèbres.
  7. Beza, Respons. ad Balduin., sub fin., pag. 253, tom. II Operum.