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HOTMAN.

citant sous l’année 1591, no. 22 ; car c’est sous ce numéro de l’année précédente qu’il parle de la mort d’Hotman.

(M) À l’âge de vingt-trois ans il fit des leçons publiques. ] Je le prouve par ces paroles d’Étienne Pasquier[1] : « Je vous puis dire que l’un des plus grands heurs que je pense avoir recueilly en ma jeunesse, fut qu’un lendemain de l’Assumption nostre Dame, l’an 1546[* 1], Hotoman et Balduin commencerent leurs prémieres lectures de droict aux escholes du Décret en ceste ville de Paris. Celuy là à sept heures du matin, lisant le titre, de Notionibus ; cetuy cy à deux heures de relevée, lisant le titre, de Publicis judiciis, en un grand theatre d’auditeurs. Et ce jour mêmes, sous ces deux doctes personnages, je commencay d’estudier en droict. »

(N) Certaines choses que Baudouin avait publiées…… flétriraient horriblement sa mémoire, si elles étaient véritables. ] Baudouin assure qu’Hotman fut excommunié à Strasbourg pour le crime d adultère. Argentinæ propter adulterium excommunicârat sodalem tuum Hottomannum (Petrus Alexander)[2]. Ces paroles sont adressées à Théodore de Bèze. L’auteur avait déjà parlé de ce fait avec plus de circonstances, et il avait ajouté que le même Hotman perdit aussi son canonicat et sa charge académique. Recitata tunc quoque nostris fuit causa tui Hotmanni, nempe propter quod facinus illic aliquando primum fuisset excommunicatus abs suo Gallo concionatore Petro Alexandro, te quidem propter antiquam societatem submurmurante, sed assentiente tamen tua si minùs parente, at certè avo Gulielmo Farello, sæpius illum jurisperditum appellante. Addebant et complura ejusdem generis quæ pervulgata erant per Joannem Infantium, testem valdè idoneum, et cujus non solùm operâ, sed et opibus quandiù opus habuisti, tam liberaliter es abusus, ut fidem ei detrahere vix audeas. Altera causa fuit exposita cur tuus ille Hotmannus (cujus causa non est abs te sejuncta) ut anteà ecclcsiâ, sic deindè scholâ et suo canonicatu pulsus esset : tandemque quid in eo Sturmius ipse gravissimè accusaret narratum est, et perlecta Sturmiana adversùs eum terribilis expostulalio, quæ profecto non modo de istius flagitiis, sed et de vestræ conjurationis mysteriis narrabat nimis multa[3]. Toutes ces choses avaient précédé l’an 1562. Baudouin, peu après[4], raconte qu’ayant connu Hotman à Paris, pour une personne qui aimait les sciences, il lui avait conseillé d’aller voir le lac Léman ; qu’il le reçut à Strasbourg dans sa maison, avec toute sorte de bonté, comme un ancien ami, lorsqu’Hotman s’y retira après lui avoir demandé ses bons offices pour une chaire de droit, et lui avoir temoigné beaucoup de dégoût de régenter à Lausanne[5] ; qu’il s’aperçut bientôt qu’il tenait une vipère dans son sein, puisqu’Hotman mit tout en œuvre pour le perdre par des machinations secrètes. Voici l’une de ses supercheries : ayant fait jouer des inventions frauduleuses, qui engagèrent Duaren à lui adresser une invective contre Baudouin, il la distribua par toute la ville, en prenant néanmoins garde que Baudouin ne le sût pas : il fut enfin contraint par Sturmius à l’aller trouver pour essuyer ses reproches, et il témoigna un extrême repentir de sa conduite. On rapporte[6] un fragment de la lettre que Sturmius lui écrivit, où il l’accuse d’avoir employé plusieurs fourberies pour supplanter Baudouin. Elles lui réussirent : car il obligea Baudouin à se dégoûter de Strasbourg, et à chercher un autre poste[7], et il lui succéda. Tout ceci se trouve dans la troisième ré-

  1. * Joly observe qu’Hotman étant, de l’avis de Bayle, né le 13 août 1524, il n’avait pas encore vingt-deux ans accomplis le 16 août 1556.
  1. Pasquier, Lettres à M. Loysel. Elle est au XIXe. livre de ses Lettres. Les paroles que je cite sont à la page 501 du IIe. tome.
  2. Respons. ad Calvin. et Bezam, pro Francisco Balduino, folio 77.
  3. Ibidem, folio 70 verso.
  4. Idem, ibidem, folio 86.
  5. Alterum Balduini ex non dissimili errore peccatum fuit quòd Hotmanni tui Lausannæ languentis et in cædendis quos in tuo ludo grammaticam docebat, pueris defatigati, et ex eo carcere liberari miserè cupientis, et commendatione Balduini ad aliquam juris professionem redire litteris temerè crediderit. Ibid.
  6. Ibidem, folio 87.
  7. Il s’en alla à Heidelberg.