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GÉDICCUS

in Araniâ valle Hispanicæ ditionis in confinio Aragoniæ. M. Baudrand ne parle pas de la plaine d’Aran, mais de la vallée d’Aran, et il dit qu’elle appartient à l’Espagne, sur les frontières d’Aragon, et non pas qu’elle fait partie du pays de Comminges. 2°. Il ne fallait pas dire que la Garonne passe à Rieux, mais proche de Rieux. Le sieur Coulon a évité cette faute en disant qu’elle côtoie l’évêché de Rieux, en la comté de Foix [1]. Ces dernières paroles ne valent rien, puisque la ville de Rieux n’est point du comte de Foix, et que la partie du diocèse de Rieux côtoyée par les eaux de la Garonne, n’est point au comté de Foix. 3°. Il n’est pas vrai que la Garonne reçoive à Toulouse le petit Lers : elle le reçoit fort au-dessous de cette ville. 4°. Il ne fallait pas oublier qu’à une lieue au-dessus de Toulouse, elle reçoit une rivière tout autrement considérable que le petit Lers. Je parle de la rivière d’Ariège. Indè patentes et fertiles campos rigans duobus milliaribus à Tholosâ in vinculo [2] S. Crucis Aurigeram [3] fluvium excipiens, arenulis aureis intermicantem, jam suis aquis et externis valentior Tholosam Tectosagum metropolim alluit ; c’est ainsi que parle Papyre Masson[4]. 5°. Dire, comme fait M. Moréri, que la Garonne vient près de Bordeaux, est vouloir que les lecteurs s’imaginent qu’elle ne touche point les murailles de cette ville, ce qui serait une très-fausse imagination. 6°. La Garonne et la Dordogne forment un seul canal de la Garonne qui passe à Blaye. Cette expression est si barbare, que le plus ignorant Wallon se serait mieux expliqué. 7°. Il ne fallait pas dire qu’il y a sur la droite de la Garonne, et sur le rivage de Xaintonge une ville nommée Marmande ; il fallait dire Mortagne. 8°. Au lieu de Pavillac et de Soulac, il fallait dire Pouillac et Souillac. La 2e et la 5e. fautes se trouvent dans le Dictionnaire géographique de M. Baudrand.

  1. Traité des Rivières de France, Ire. part., pag. 475.
  2. Il faut lire viculo, petit village.
  3. L’auteur ne traduit pas bien ce mot par la Riège.
  4. In Descriptione Franciæ per Flumina, pag. 433, edit. Paris. 1685.

GÉDICCUS (Simon), docteur en théologie, et ministre à Magdebourg, ne m’est connu que par la réponse qu’il publia, l’an 1595, à un petit livre dans lequel on avait voulu prouver que les femmes n’appartiennent point à l’espèce humaine, mulieres non esse hommes (A). Cela s’exprime en latin beaucoup plus heureusement qu’en français ; car autant il est ridicule de soutenir en latin mulieres non esse homines, autant est-il ridicule en notre langue de soutenir que les femmes sont des hommes. On a réimprimé ce petit livre plusieurs fois (B), et il s’est trouvé des gens qui ont soutenu tout de bon la thèse qu’on voit au titre (C). Je n’ai point trouvé que la reine Elisabeth y soit mise en jeu (D).

Il y a des gens qui croient que l’auteur de l’Ecclésiastique a combattu le paradoxe que les femmes n’ont point d’âme. S’ils avaient raison, il faudrait conclure que l’auteur italien qui a soutenu ce paradoxe a renouvelé une chimère bien surannée (E). Rajeunir en ce sens-là une vieille décrépite n’est pas un ouvrage fort malaisé. L’art de Médée n’y est pas nécessaire. Cependant comme ce nouvel auteur n’a pas été en état de se prévaloir des raisonnemens de ceux qui ont été réfutés dans l’Ecclésiastique, il peut prétendre à la gloire de l’invention à certains égards. Vous verrez ci-dessous [a] un passage des Mélanges d’Histoire et de Littérature recueillis par M. de Vigneul-Marville.

  1. Dans la remarque (E).