Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T06.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
DUAREN.

Baudouin le traita de nicodémite et de prévaricateur. ] M. Catherinot, avocat du roi à Bourges, observe qu’en 1550 Duaren fit imprimer son traité des Bénéfices[* 1] dans lequel il se rendit suspect d’hérésie par ses dogmes et par ses railleries. Aussi fut-il compris dans l’expurgatoire de Rome[1]. Baudouin s’étant retiré de Bourges, et faisant profession ouverte de la religion protestante à Strasbourg, écrivit contre Duaren sous le nom des jurisconsultes chrétiens[2], et lui reprocha de n’être papiste qu’en apparence, et de combattre la religion de son cœur. Ceux qui n’auront pas ce livre en trouveront des extraits à la tête de la réponse de Théodore de Bèze aux injures de Baudouin, qui s’était dépeint lui-même dans les reproches qu’il avait faits à Duaren. On trouve dans ces extraits que la Sorbonne obligea Duaren à chanter la palinodie[3]. Nous verrons dans la remarque suivante le commerce qu’il avait avec Calvin.

(D) ....... et lui reprocha d’être plagiaire de Calvin. ] Baudouin affirma que ce qui se trouve dans les livres de Duaren touchant la prêtrise avait été pris des ouvrages de Calvin. On prétend qu’il ne fit cette remarque que pour l’exposer au feu des persécuteurs. Duaren conçut une extrême indignation de celle supercherie ; il s’en plaignit et par lettres, et de vive voix à Calvin, qui lui fit entendre raison. In eâ pugnâ quùm veris armis destitui se videret Balduinus, ad illiberales insidias descendit, et Duareno ex puræ et orthodoxæ fidei approbatione invidiam conflando, carnificum furori eum objecit. Capitale, ut scitur, in Galliâ erat, non tantùm doctrinæ nostræ subscribere, sed libros etiam nostros furtim legere. Bonus hic pietatis sectator, dum ostendere conatur Duarenum ex me didicisse, et ex meis libris esse mutuatum quicquid in libro de Sacerdotiis probè et sincerè docuerat, non aliò spectavit quàm ut furiosis ecclesiæ hostibus gladium homini jugulando porrigeret. Si barbara hæc immanitas mihi displicuerit, nihil mirum : quin potius hac uno stratagemate detestabilem se piis omnibus reddidit. Et tamen cùm de eâ per litteras, et coràm conquestus est Duarenus, hominem ingenio, facundiâ, eruditioneque sic instructum, ut in certamine longè futurus esset superior, mitigavi[4]. Joignez à cela un endroit de la réponse de Théodore de Bèze au même Baudouin[5].

(E) Duaren ayant quitté la charge de professeur, elle fut donnée à Baudouin, qui........ lui céda le premier rang. ] Voici ma preuve[6] : Certè tam habitus jam tunc fuit pro jurisconsulto minimè vulgari, ut non solùm Gratianopolitani talem professorem requirerent, (tametsi quia istic [7]vixerat existimationem suam minuisset) sed et Bituriges eum accerserent ut Duareno qui tunc abdicârat succederet. Ceci regarde Baudouin en l’an 1548. Cum Barone conjunctissimus quandiù is deindè vixit, hoc est, triennium docuit totum jus civile Balduinus...... mortuo Barone auctor fuit ut Duarenus revocaretur, atque ut illi redeunti ultra concessit priorem, in quo consistere poterat, locum, sic habuit toto quadriennio sine ullius simultatis significatio-

    le contenu se trouve de nouveau dans le Fulmen brutum d’Hotman, pag. 58 de l’édition augmentée de Leyde (Scaligérana, au mot Hotomanni Franco-Gallia.), in-8o., grand papier, et en bien plus gros caractères que celle de Genève. Ex eodem genere, (traditionum) dit cette addition, qui suit immédiatement les huit vers à la louange des Agnus Dei, illud est carmen impium, ac plane nefarium, quod non multis antè annis Biturigæ in summo episcopali in tabulâ lapideâ incisum, et ad caput trunci sive tigilli pauperum affixum erat : sed Francisci Duareni admonitu, qui tum in illâ Academiâ jus civile profitebatur, exemptum ac disturbatum est.

    Hìc des devotè, cœlestinus associo te, etc. Rem. crit.

  1. (*) Erreur. Le privilége pour l’impression de ce Traité n’est que du 19 de novembre de l’année suivante 1551. Rem. crit.
  1. Catherinot, Calvinisme de Berri, pag. 4.
  2. Ce livre fut imprimé à Strasbourg l’an 1556.
  3. Tu nos fortasse alio trahere vis auribus constrictos. Ecquonam ? an ad tribunal Sorbonicum ubi palinodiam turpem et nefariam canere tuo exemplo et more nobis persuadeas? Ignosce, Duarene, non possumus, malumus (ut ille olim Philoxenus) ad Latumias, Balduinus, fol. 112, apud Theodor. Bezam, pag. 199, tom. II Operum.
  4. Calvinus, Respons. ad Balduin., pag. 368 Tractat. Theol.
  5. Il est à la page 231 du IIe. volume des Œuvres de Bèze.
  6. Respons. ad Calvinum et Bezam pro Francisco Balduino, folio 83. Voyez d’autres preuves dans la remarque suivante.
  7. C’est-à-dire, à Genève.