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FONTARABIE.

d’agent d’Antoine Colonne, et se fit connaître aux savans qui se formaient en ce temps-là dans l’école de Jacques Faber d’Étaples. Il publia en italien un ouvrage de morale, et fut fait évêque de Sessa [a]. Frascator adresse l’une de ses pièces de poésie à Marc Antoine Flaminius, et à Galéace Florimont, et fait connaître qu’ils s’appliquaient aux études de théologie (A).

  1. Tiré de Naudé, in Judicio de August. Nipho, pag. 41.

(A) Fracastor.… fait connaître que M. A. Flaminius et Florimont s’appliquaient aux études de théologie. ] Voici le commencement du poëme :

Dum vos fatidicos vates, arcanaque sensa
Volvitis, atque animum cœlesti nectare alentes ?
Alloquiis, magnoque Dei consuescitis ori,
Fælices duce Gibberto, Campense magistro :
Quid dicam miserum me agere, et quam ducere vitam, etc. [1] ?

  1. Fracastor, pag. m. 68, Carmin., edit. Genev., 1637.

FONTARABIE, ville d’Espagne, Sur la rivière de Bidasso, proche de la mer, fut bâtie, dit-on, par le roi Suintilla (A). Alfonse IX, roi de Castille, s’en empara sur Sanchez, roi de Navarre [a], et accorda aux habitans les mêmes prérogatives que le roi Sanchez, son père, avait accordées à la ville de Saint-Sébastien. On prétend que Fontarabie était autrefois une ville de Guyenne, sous le vicomté de Bayonne [b]. Sa situation au deçà des Pyrénées favorise ce sentiment : outre que pour le spirituel elle a dépendu de l’évêque de Bayonne jusques en l’année 1571 [c]. Voyez dans Moréri la prise de cette ville par les Français, sous le règne de François Ier. le secours qu’ils y jetèrent, et la lâcheté du gouverneur qui la rendit aux Espagnols. Moréri ne devait pas oublier la honte que les Français essuyèrent devant cette place, l’an 1658, deux jours après la naissance de Louis XIV (B) ; ce qui sans doute fut pris pour un merveilleux présage par les Espagnols (C). Louis-le-Juste et le cardinal de Richelieu furent extrêmement en colère contre ceux qu’ils prirent pour la cause de cette disgrâce (D).

Joseph Moret, jésuite espagnol, a composé en latin une relation fort ample de ce siége de Fontarabie. Je n’ai point trouvé, dans l’exemplaire dont je me sers [d], l’année de l’impression ; mais l’épître dédicatoire étant datée de Ségovie, le 12 d’avril 1654, et l’approbation du provincial des jésuites étant datée du 5 de mars 1655, on peut bien juger que cet ouvrage ne devint public que longtemps après la défaite des Français.

  1. Oihénart, Notitia Vasconiæ, pag. 168.
  2. Baudrand, Geograph., pag. 397.
  3. Idem, ibidem.
  4. C’est un in-16 de 467 pages.

(A) Elle fut bâtie, dit-on, par Suintilla. ] Beutérus l’affirme, mais Oihénhart n’en croit rien. A Suintillâ Rege Gotho conditam fuisse affirmat Beuterus lib. 3 cap. 27 Sed quis credat Beutero sine teste loquenti in re adeò antiquâ, et à nostro ævo remotâ ? mihi certè nulla suppetunt argumenta quæ huic oppido tantæ vetustatis decus concilient [1].

(B) La honte que les Français essuyèrent devant cette place l’an 1638 deux jours après la naissance de Louis XIV. ] Ce fut une des plus grandes disgrâces du règne de Louis-le-

  1. Oihenart, Notitia Vasconiæ, pag. 163.