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FÉRON.

chacun enseignait son camarade, et en était enseigné : Fernel enseignait les mathématiques à Strebé, et apprenait de lui à bien écrire en latin[1]. M. Bullart croit à tort que Henri II était roi de France pendant que sa femme était stérile. S’il avait consulté Brantôme, il n’aurait point dit que ce prince délibérait de la répudier : et s’il avait consulté Louis d’Orléans, il n’aurait pas dit que la reine donna dix fois à Fernel un présent de dix mille écus[2]. Rapportons les paroles de M. Bullart[3] : Cet Esculape français usa si efficacement de la connaissance qu’il avait du mal, et du remède qu’il y fallait apporter, qu’il rendit la reine féconde en la délivrant de la suppression de ses purgations naturelles : ensuite de quoi elle eut cinq fils et cinq filles ; à la naissance de chacun desquels enfans, elle donna dix mille écus à ce savant homme. On suppose faussement[4] qu’après que Henri II l’eut retenu près de sa personne, en qualité de son premier médecin, et l’eut mené partout avec lui, comme le conservateur de sa santé,..... il lui donna le loisir de mettre en ordre les écrits qu’il avait composés sur la médecine, et les moyens de les faire imprimer. Lisez la Vie de ce savant homme : vous trouverez qu’il ne composa qu’un traité des fièvres, depuis qu’il exerça auprès de Henri II la charge de son premier médecin : vous trouverez même qu’il mourut avant que d’achever ce traité.

  1. Dum Strebæus à Fernelio mathematicarum disciplinarum, Fernelius vicissim à Strebæo politioris litteraturæ cognitionem et gravem plenumque orationis stylum accipit, integrum biennium exigitur. Plantius, in Vitâ Fernelii.
  2. Voyez ci-dessus, remarque (L), citation (46).
  3. Académie des Sciences, tome II, pag. 83.
  4. Bullart, là même.

FÉRON (Jean le), avocat au parlement de Paris, était de Compiègne. Il avait plus de soixante ans en 1564 ; et il mourut sous le règne de Charles IX. Il fut l’un des plus diligens et des plus curieux hommes de France pour la recherche des maisons nobles et des armoiries[a], comme il le montra par plusieurs volumes, dont quelques-uns furent imprimés (A). Les personnes de bon goût les méprisèrent, à cause d’une infinité de fictions et de puérilités dont il les remplit (B). M. le Féron, ancien prevôt des marchands à Paris, et président aux enquêtes, au XVIIe. siècle, était de cette famille[b].

  1. Tiré de la Croix du Maine, pag. 221, 222.
  2. Mercure Galant, février 1703, pag. 38.

(A) Il fit plusieurs volumes, dont quelques-uns furent imprimés. ] Il publia à Paris, en 1555, chez Vascosan, Catalogue des connestables, chanceliers, grandmaistres, admiraux et mareschaux de France, et des presvosts de Paris, contenant leurs erections et establissemens, le temps et exercice de leurs estats, mutation et variation d’iceux, leurs noms, surnoms, seigneuries et armoiries blasonnées : ensemble un abregé de leurs faicts ; in-folio[1]. La même année il fit voir le jour à son Traité de la primitive institution des rois, herauts et poursuivans d’armes, à Paris, chez Maurice Ménier, in-4o. Quant à son Histoire armoriale reduite en 12 volumes contenant les escussons, blasons, noms, surnoms, qualités et mémoire perpétuelle des rois, princes, seigneurs, gentilshommes et nobles de plusieurs royaumes chrestiens et infidelles, et principalement du royaume de France, et à plusieurs autres compilations de même nature, la Croix du Maine remarque qu’elle n’était pas imprimée[2].

(B) Les personnes de bon goût les méprisèrent, à cause d’une infinité de fictions..... dont il les remplit. ] Nous avons déjà fait connaître[3] ce que M. le Laboureur en pensait, et nous allons citer un passage

  1. Du Verdier Vau-Privas, Bibliothéque française, pag. 690.
  2. La Croix du Maine, Biblioth. française, pag. 222.
  3. Dans la remarq. (C) de l’article Pinet, tome XII.