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EUROPE.

de Venise, chez Alde Manuce. Elle n’est qu’en grec : il n’en marque ni l’année ni la forme. J’ai su d’ailleurs qu’Alde imprima ce poëte sans version latine, l’an 1503, in-8o. Hervagius renouvela cette édition à Bâle, l’an 1537, in-8o., et l’an 1544 et l’an 1551 [1]. On y joignit une traduction latine de mot à mot dans l’édition de Bâle, chez Robert Winter, l’an 1541 [2]. Le traducteur se déguisa sous le faux nom de Dorotheus Camillus [3]. Jean Oporin donna une édition d’Euripide, in-folio, l’an 1562, en grec et en latin, laquelle contient les notes et les préfaces de Gaspar Stiblinus, les Prolégomènes de Jacques Micyllus, et quelques remarques de Jean Brodeau. L’édition de Plantin, in-16, à Anvers, 1571, contient une chose qui manquait aux précédentes : les vers y sont démêlés, chacun est placé dans sa ligne selon sa mesure et sa longueur. Guillaume Cantérus fit ce partage. Paul Étienne publia Euripide en grec et en latin, avec l’ancien scoliaste, et avec les Commentaires de Brodeau, de Cantérus, de Stiblinus et de Portus, l’an 1602, in-4o. L’édition dont je me sers est d’Heidelberg, chez Jérôme Commelin, 1597, in-8o. Elle est en grec et en latin : les vers y sont rangés selon l’ordre que Cantérus leur donna ; la traduction fut retouchée par Æmilius Portus ; on joignit aux dix-neuf tragédies d’Euripide le commencement de la vingtième, intitulée Danaë. Il y a quelques tragédies qui ont paru à part, traduites par différens auteurs. On en imprima quatre [4] à Anvers, l’an 1581, traduites en vers latins par Ratallérus. Érasme traduisit en vers ïambiques, l’Hécube et l’Iphigénie in Tauris, et cette version fut imprimée à Venise, chez Alde, l’an 1507, in-8o. Florent Chrétien a traduit en vers latins l’Andromaque et le Cyclope.

  1. Voyez le Catalogue de la Bibliothéque de Nicolas Heinsius, part. II, pag. 118.
  2. Gesner., Biblioth., folio 229 verso.
  3. Idem, ibid.
  4. Savoir : Phœnissæ, Hippolytus, Coronatus et Andromacha.

EUROPE, fille d’Agénor [a], roi de Tyr. Les poëtes ont feint que Jupiter se déguisa en taureau afin d’enlever cette princesse, et qu’il la transporta dans l’île de Crète [b], où il eut d’elle trois fils. Ceux qui rapprochent autant qu’ils peuvent de la vérité historique les fables des poëtes, disent que Taurus, général des troupes d’Astérius, roi de Crète, ayant pris la ville de Tyr, la pilla et en enleva un grand nombre de prisonnières, et entre autres Europe, la fille du roi (A). Elle épousa Astérius qui, n’en pouvant avoir d’enfans, adopta ceux qu’elle avait eus de son galant (B). On prétendait que Jupiter jouit d’elle la première fois, sous un plane (C), qui eut depuis ce temps-là un privilége tout particulier, c’est qu’il conservait son beau feuillage toute l’année. On dit aussi qu’Europe, ayant perdu son pucelage, s’alla promptement laver dans une eau qui avait une merveilleuse propriété (D).

  1. D’autres la font fille de Phenix, Apollodor., lib. III, init.
  2. Voyez Ovide, au IIe. livre des Métamorphoses, Fab. XIII, v. 835 et seqq.

(A) Taurus, général des troupes.... enleva..……. Europe, fille du roi. ] J’ai suivi le sentiment de Meursius, encore que je ne l’aie vu fortifié que du témoignage de Tzetzès [1], et qu’un grand nombre d’auteurs soutiennent que Taurus était roi de Crète. C’est la qualité que lui donnent la Chronique d’Alexandrie, Eustathius et Cédrénus [2]. Quoi qu’il en soit, Taurus, ou roi de Crète, ou commandant les troupes du roi de Crète, fit la guerre à Agénor, lui prit la ville de Tyr et sa fille Europe, etc. [3].

  1. In Lycophronem, apud Meursium, in Cretâ, pag. 125.
  2. Apud Meursium, ibid., pag. 251.
  3. Chronicon Alexandrinum : Palæphatus, (cap. XVI) : Eustathius ad Dionysium : Cedrenus, apud Meursium, ibid.