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EUPHRATE.

églises de Rome. ] Cela parut lorsque Nicolas Tolentin fut canonisé, et que la mitre de saint Silvestre fut portée d’Avignon à Rome. Lisez ces paroles de Platine : vous y trouverez aussi qu’il chassa les chanoines séculiers de l’église de Saint Jean de Latran, et qu’il y établit des chanoines réguliers. Intereà verò Eugenius, ne rem bellicam solùm curare videretur, Nicolaum Tollentinatem ordinis sancti Augustini miraculis clarum in sanctos referens, à Sancto-Petro cum omni Clero supplicando ad Sanctum-Augustinum profectus solennia ipse celebrat, astante populo romano cardinaliumque omnium cœtu : prætereà verò pulsis omninò è Sancto-Joanne Laterano canonicis secularibus, admissisque tantummodò regularibus, et porticum illam extrurit quæ ab ecclesiâ ad sancta sanctorum, et claustrum ubi sacerdotes habitarent restituit : auxit et picturam templi à Martino anteà inchoatam. Pretereà verò sancti Sylvestri mitram Romam Avenione delatam ipsemet è Vaticano ad Lateranum detulit, magnâ cum veneratione et litaniâ sacerdotum omnium populique Romani [1].

(E) Il n’était point savant, mais il aima les personnes doctes. ] Selon Platine, il parlait avec plus de gravité que d’éloquence ; il n’avait que peu de littérature ; il savait bien l’histoire [2] ; il fut libéral envers tout le monde, et surtout envers les savans ; il se plut à leur familiarité, car il eut pour secrétaires Léonard Aretin, Charles Aretin, Poggio, Aurispa, Blondus, et George de Trébizonde. On le fait auteur de plusieurs livres ; mais la liste qu’on en donne [3] contient tant d’écrits qui venaient de la plume de ses secrétaires, qu’on doit juger la même chose de tous les autres. La remarque que j’ai faite contre le Ghilini [4] peut avoir lieu en cet endroit-ci.

(F) Ce fut sous son règne qu’il y eut des cardinaux qui commencèrent…. à donner dans le luxe... des festins. ] Et c’est une chose notable que le cardinal qui commença cette innovation avait été médecin. Lisez ces paroles de Volaterran : Ludovicum patriarcham Aquileiensem, cum exercitu Florentinis auxilio misit (Eugenius IV) qui tunc ad Anglare oppidum à Vicinino duce copiarum Philippi vicecomitis oppugnabantur ; ex quo victoriâ potiti sunt. Hic Ludovicus patriâ Paduanus, arte medicus, ob sua merita pugnæ, in senatum ascitus, tantos sibi spiritus adsumpserat, immemor generis ; ut primus sit ausus cardinalium, canes equosque alere : conviviorum, lautitiæque, ac supellectilis plus quàm illi ordini par erat, splendorem introducere [5].

  1. Platina, in Vitâ Eugenii IV, folio 320 verso.
  2. Gravis in dicendo potiùs quàm eloquens, modicæ litteraturæ : multæ cognitionis historiæ præsertim. Idem, ibid., fol. 321.
  3. Voyez le Nomenclator Cardinalium, pag. 74, et la Bibliotheca pontificia du père Jacob, pag. 65 et seq.
  4. Dans l’article Charles-Quint, remarque (C) tome V, pag. 66.
  5. Volaterr., lib. XXII, pag. 815.

EUPHRATE, disciple de Platon, monta à un si haut point de faveur auprès de Perdiccas, roi de Macédoine, qu’il régnait autant que ce prince. Ce fut un méchant homme et un délateur, et il fit exclure de la table de Perdiccas tous ceux qui ne savaient pas la géométrie ou la philosophie (A). Parménion le fit mourir sous le règne de Philippe, successeur de Perdiccas [a].

  1. Tiré d’Athénée, lib. XI, sub finem, pag. 508.

(A) Il fit exclure de la table de Perdiccas tous ceux qui ne savaient pas la géométrie ou la philosophie. ] Une cour, qui comme celle de Macédoine en ce temps-là, ne faisait que commencer de sortir de l’ignorance, prenait sans doute cette condition pour une espèce de tyrannie ; car si les professeurs qui faisaient mettre sur la porte de leur auditoire, Οὐδεὶς ἀγεωμέτρητος εἰσίτω : Que personne n’entre s’il ignore la géométrie, exigeaient des préliminaires fort durs, que devaient penser les courtisans de Perdiccas, lorsqu’ils voyaient que l’admission à la table de leur prince était attachée à une pareille loi ? S’il n’eût fallu