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CHALVET.

sur la vie qu’il avait menée [1]. On peut aussi s’étonner que le théâtre de Paul Fréhérus, où l’on voit un abrégé de la vie de Chabot, ne fasse mention que de la petite analyse d’Horace. C’est une grande absurdité que de dire que Chabot a copié presque tout entier le commentaire de Torrentius sur Horace [2] ; car Chabot n’était plus en vie quand ce commentaire fut imprimé en 1607 [3].

(C) Il se plut toujours à une vie fort solitaire. ] Il était si sobre, qu’au pied de la lettre il ne mangeait que pour vivre : cela fut cause que même dans sa jeunesse il ne voulut jamais se trouver à de grands repas. Tale porrò temperantiæ studium exstitit illi causa cur semper, vel juvenis, interesse sodalitibus epulisque amplissimis pertinaciter recusârit [4]. On ne le vit presque jamais aux places publiques, ni aux promenades, où se rendent tant de gens pour débiter, ou pour apprendre des nouvelles [5]. En un mot, il vécut dans un grand éloignement des plaisirs du monde, sans femme, sans société, sans promenades, sans festins. Ce qui ne procédait pas d’humeur misanthrope, mais de quatre infirmités corporelles, qui étaient crebra meiendi orexis, audiendi gravitas, mandendi imbecillitas, frequens alternatio deambulandi et conquiescendi propter : ramices inguinum [6]. Cela ne l’empêcha point de vivre plus de quatre-vingts ans.

  1. Draud., Bib, clas., pag. 1088 et 1289, edit. 1625.
  2. On le dit pourtant dans la Decas Decadum d’Albert Fabri, num. 99 ; imprimée à Leipsic, 1689.
  3. Valère André, Bibl. belg., pag. 610.
  4. Boissardus, in Iconibus.
  5. Idem, ibi dem.
  6. Idem, ibid.

CHALVET (Matthieu de), en latin Calventius, président aux enquêtes au parlement de Toulouse. Son article ; tiré des Éloges de Sainte-Marthe [a], se voit dans le Dictionnaire de Moréri : je le donnerai néanmoins tout entier, parce que je puis l’assortir d’un plus grand détail de circonstances. Je dis donc que Matthieu de Chalvet, issu de la famille des Chalvets, de Roche-Montez en la haute Auvergne, naquit l’an 1528, au mois de mai. Il fut amené à Paris l’an 1539 ; par M. Lizet son oncle, qui était alors avocat général au parlement de Paris [b], et qui le fit étudier aux bonnes lettres pendant six ans sous Oronce Finé, sous Tusan, sous Buchanan, et sous quelques autres savans personnages. Il alla à Toulouse l’an 1546, pour y apprendre le droit civil, et logea avec Turnèbe ; Mercérus et Govéa [c]. Il fit un voyage en Italie l’an 1550, pour y continuer ses études, et fut disciple d’Alciat à Pavie, et de Socin à Boulogne. Étant revenu en France, il fut achever à Toulouse son cours ès lois, et il fut compagnon des sieurs Roaldes et Bodin, lisant ensemble le droit aux écoles publiques avec réputation. Ayant pris ses degrés de docteur dans cette université, il résolut d’aller à Paris pour établir sa fortune ; mais, quoiqu’il fût poussé à cette résolution par les lettres de M. Lizet, il ne l’exécuta point : il trouva plus à propos de se fixer à Toulouse, où il épousa en 1552, Jeanne de Bernuy fille du seigneur de Palficat, baron de Villeneuve. Il fut reçu conseiller au parlement de la même ville l’an 1553, puis créé juge de la poésie française, et mainteneur des jeux floraux. Il fut fait président des enquêtes par la nomination du parlement en

  1. Lib. V, pag. m. 130 et seq.
  2. Il fut ensuite premier président de ce même parlement. Voy. l’art. tome IX Lizet.
  3. Et non pas Goudan, comme il y a dans l’écrit d’où je tire cet article.