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DICÉARQUE.

tores excipere velut partiales et passion obnoxios. Suam autem exceptionem illam et damnatas propositiones eâ probavit Diana argumentorum energiâ et evidentiâ, ut etc. [1]. Et parce que les procédures des inquisiteurs de Sardaigne avaient causé du scandale, le conseil suprême de l’inquisition se crut obligé d’y remédier par un décret, dont voici une partie : Ut in omni tempore præsenti perindè ac futuro constet, innotescat atque publica fiat innocentia dicti patris Diana ; ut item illi ad quos hujus rei notitia pervenerit, quique proindè scandalum fuerint passi, ex processibus in illâ causâ commissis, et in libello impresso supra relatis, publicam hanc satisfactionem habeant super dicta præfati patris innocentia et catholica illius in evangelio exponendo doctrina.… Pariter sciant omnes quòd tribunal atque supremum sacræ inquisitionis concilium non solùm convictos contra fidem castiget, sed innocentiam etiam præmiet inculpatorum, additâ satisfactione publicâ contra notorias iisdem impactas injurias, ad Deum denique Dominum nostrum omnipotenten remittente dicto P. Dianâ, publicam ac justam vindictam de gravi sibi latâ injuriâ per delatorem, conjuratores, æmulos ac falsos testes, minùsque benè affectos ministros, supplicando divinæ majestati ejusque piæ clementiæ quatenus omnium talium mentibus lucem dignetur infundere, quâ illustrati errore suo cognito correctoque et peculiariter in hoc casu commissâ culpâ animas suas possint salvas facere, etc. [2]. Je m’assure que plusieurs lecteurs seront bien aises de trouver ici les autres exemples semblables que ces jésuites rapportent dans leur requête. Le premier est celui de Julien, archevêque de Tolède. Il fit un livre de tribus Substantiis, qui fut condamné par le pape Benoît II : il le justifia par une apologie très-vigoureuse, et il fit si bien goûter ses raisons que ce pontife leva la défense, et loua hautement cet archevêque [3]. Le deuxième exemple est celui d’Étienne Fagundez, jésuite. Il publia un ouvrage [4] dont la lecture fut défendue : mais quand on eut vu son apologie, intitulée Apologeticus tractatus pro suo libro in quinque præcepta Ecclesiæ ad quæstionem de lacticiniorum ovorumque esu tempore quadragesimæ, on fit examiner de nouveau le livre, et il fut dit qu’aucune des propositions censurées n’était digne de censure ; de sorte que par un nouveau décret du 18 d’avril 1630, le tribunal de l’inquisition permit la lecture de cet ouvrage. Le troisième exemple est celui du grand Tostat. Quelques-unes de ses opinions ayant été condamnées, il demanda d’être ouï, et ne le put obtenir : la cabale de ses ennemis lui fit trouver ce grand déni de justice. Alors il fit tellement sonner ses plaintes, que le bruit en vint jusqu’aux oreilles d’Eugène IV, qui ordonna que Tostat parût en personne à la cour de Rome pour y soutenir ses sentimens. Tostat comparut, et se défendit si bien qu’il remporta une glorieuse victoire [5].

  1. Libell. Supplex, pag. 5.
  2. Ibidem, pag. 6.
  3. Ibidem, pag. 20, ex Roderico in suâ Historiâ, et ex Toletano concilio XV.
  4. Il a pour titre, Quæstiones de Christianis officiis et casibus conscientiæ in quinque præcepta ecclesiæ.
  5. Libell. Supplex, pag. 21, ex Proœmio Apologetici Tostati, part. II.

DICÉARQUE, en latin Dicæarchus, disciple d’Aristote, composa un grand nombre de livres qui furent fort estimés (A). Cicéron et son bon ami Pomponius Atticus en faisaient grand cas (B), et je crois même que leur estime s’étendit jusque sur l’ouvrage où il combattait l’immortalité de l’âme (C). M. Moréri l’attribue à un autre Dicéarque, qui était de Lacédémone (D), et disciple d’Aristarque ; mais c’est à tort qu’il le fait auteur de plusieurs livres, puisque Suidas, qui est peut-être le seul qui ait parlé de Dicéarque, ne lui donne aucune sorte de livres. Cela me fournit une remarque contre Meursius (E). Il y a dans Pline un passage qui témoigne que Dicéarque avait reçu com-