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DIACCÉTO. DIAGORAS.

dans Paris, et voyant qu’il venait un peu sur l’âge, il se mit dans la dévotion. Quelque médisant qui croyait que ce ne fût pas un pur motif de piété qui l’eût porté à changer de vie, fit alors cette épigramme sur lui :

» Des-Barreaux, ce vieux débauché,
» Affecte une réforme austère :
» Il ne s’est pourtant retranché
» Que ce qu’il ne saurait plus faire [1].

  1. Là même, pag. 31.

DIACCÉTO. Cherchez Jaccetius, tome viii.

DIAGORAS, fameux athlète de l’île de Rhodes, comptait entre ses ancêtres un des plus illustres hommes de l’antiquité (A). La gloire, qu’il remporta par ses victoires aux jeux publics de la Grèce, devint extrêmement remarquable par celles que ses fils, et les fils de ses filles [a], y obtinrent. Il y mena lui-même une fois deux de ses fils : ils obtinrent la couronne, et ils chargèrent leur père sur leurs épaules, et le portèrent au travers d’une multitude incroyable de spectateurs qui leur jetaient des fleurs à pleines mains, et qui applaudissaient à sa gloire et à sa bonne fortune [b]. Quelques auteurs rapportent qu’il fut transporté de tant de joie, en cette rencontre, qu’il en mourut (B). Mais on a sujet de croire que cela est faux (C). Le temps auquel il vivait se peut trouver dans l’un des auteurs que M. Moréri cite (D) ; mais ces auteurs ne disent point que le sujet de sa mort soit rapporté diversement. C’est néanmoins ce qu’assure M. Moréri (E).

Depuis la première impression de cet article, j’ai trouvé dans les Œuvres de Pindare une ode qu’il fit en l’honneur de Diagoras. On y apprend [c] que cet athlète avait remporté deux fois la victoire aux jeux de Rhodes, quatre fois aux jeux Isthmiques, deux fois à ceux de Némée ; et qu’il avait été victorieux aux jeux d’Athènes, à ceux d’Argos, à ceux d’Arcadie, à ceux de Thèbes, à ceux de la Béotie, à ceux de l’île d’Ægine, à ceux de Pellène [d], et à ceux de Mégare. Cette ode fut faite sur la couronne du pugilat qu’il remporta aux jeux olympiques de la 79e. olympiade [e]. Son père Damagète, ni Tlépolème le fondateur des Rhodiens et la souche de la famille, ne furent pas oubliés. On peut dire au contraire que la digression de Pindare sur les aventures de Tlépomène est un peu prolixe. Quoi qu’il en soit, on apprend par-là que notre Diagoras descendait de Jupiter (F). D’autres disent que son extraction était divine immédiatement (G). Cette ode de Pindare fut mise en lettres d’or dans un temple de Minerve [f].

  1. Voyez tom. III, pag. 341, la remarque (C) de l’article Bérénice, fille, sœur et mère, etc.
  2. Tiré de Pausanias, liv. VI, pag. 184.
  3. Pindar., ode VII, Olympion.
  4. Six fois.
  5. Voyez Benedictus, in Pindar., ibid., pag. 125.
  6. Voyez là-même.

(A) Il comptait entre ses ancêtres un des plus illustres hommes de l’antiquité. ] Je veux dire qu’il descendait d’une fille d’Aristomène, le plus grand héros qui eût été parmi les Messéniens. Cet Aristomène avait marié deux de ses filles, et il lui en restait une troisième. Damagétus, roi de Jalyse, dans l’île de Rhodes, la demanda en mariage, à cause que l’o-