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DELLIUS.

d’Athènes, et touchant la monarchie des Assyriens. Il avait fait un ouvrage concernant la ville de Babylone : il avait écrit touchant les peuples qui avaient été successivement maîtres de la mer [1]. Il avait fait un traité du Nil ; un autre où il comparait les coutumes des Romains avec celles de la secte de Pythagore [2]. Je ne parle point des ouvrages de rhétorique que Suidas lui attribue ; car ils sont peut-être d’un autre Castor. Les connaisseurs m’avoueront très-facilement, que de toutes les productions de plume, il n’y en a point qui demandent plus de temps, plus d’application, et plus de patience, que celles où l’on se propose de rectifier la chronologie, et de critiquer les historiens. C’est à quoi Castor s’occupa : témoin son Errata des chronologues, χρονικὰ ἀγνοήματα, et le livre dont Ausone a voulu parler [3].

Rien ne m’a surpris davantage que de voir qu’on ait confondu l’Antonius Castor de Pline avec le gendre de Déjotarus. C’est ce qu’a fait le père Hardouin [4], n’ayant pas pris garde qu’Antonius Castor a vécu au siècle de Pline, et plus de cent ans. C’était un excellent botaniste, qui cultivait dans son jardin un très-grand nombre de plantes, et qui en parlait savamment. Il n’avait jamais été malade, et après avoir vécu plus d’un siècle il avait encore la mémoire bonne, et le corps bien vigoureux. Pline avait vu ce jardin, et tiré beaucoup de lumières de ce botaniste. Nobis certè, exceptis admodum paucis, contigit reliquas contemplari scientiâ Antonii Castoris, cui summa auctoritas erat in eâ arte nostro ævo, visendo hortulo ejus, in quo plurimas alebat ; centesimum ætatis annum excedens, nullum corporis malum expertus, ac ne ætate quidem memoriâ aut vigore concussis [5]. Cela peut il convenir au gendre de Déjotarus ? Ne fut-il point tué avec sa femme par son beau-père avant l’an 714 de Rome, plus de cinquante ans avant la naissance de Pline [6] ? Lorsque le père Hardouin, se fondant sur un passage de Pline, conjecture qu’Antoine Castor composa quelques volumes touchant les plantes, il a beaucoup plus de raison : néanmoins, il se pourrait faire que les paroles de Pline [7] signifiassent seulement que Castor avait montré dans son jardin la plante dont il s’agit, ou qu’il en avait fait la description aux curieux qui l’allaient voir. Ce qui me tient en suspens sur la conjecture de cet habile commentateur est qu’il me semble que si Castor avait publié des livres de botanique, Pline en aurait touché un mot lorsqu’il parle du jardin et de la science de cet homme [8]. Quoi qu’il en soit, le père Hardouin a mieux rencontré que Vossius : il applique à Antoine Castor le passage du XXe. livre de Pline ; mais Vossius l’a entendu de Castor le chronographe cité par Apollodore.

  1. Περὶ θαλασσοκρατούντων.
  2. Plutarque, in Quæstionibus Romanis, le cite.
  3. Quod Castor cunctis de regibus ambiguis.

    Ausonius, in Professor., Burdig., epigramm. XXIII, vs. 7.

  4. In Indice Auct Plinii.
  5. Plinius, lib. XXV, cap. II, Moréri cite le premier chapitre du livre 15.
  6. Il naquit l’an 774 de Rome, et mourut âgé de cinquante-six ans, plus ou moins, l’an 831.
  7. Elles sont au commencement du chapitre XVII du XXe. livre.
  8. Au IIe. chapitre du XXVe. livre.

DELLIUS (Quintus), historien grec. Plutarque en parle deux fois : 1o. lorsqu’il raconte que Marc Antoine envoya signifier à Cléopâtre qu’elle eût à se transporter en Cilicie pour justifier sa conduite [a] ; car on l’accusait d’avoir fourni des secours à Brutus et à Cassius : 2o. lorsqu’il fait mention de la disgrâce de quelques bons serviteurs de Marc-Antoine [b]. Le premier passage nous apprend que Dellius fut envoyé à Cléopâtre pour lui signifier l’ordre de venir en Cilicie : le second nous fait savoir que Dellius se retira de la cour de Marc An-

  1. Plut., in Marc. Antonio, pag. 926.
  2. Ibidem, pag. 943.