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DANTE.

grand génie. On lui donna même le surnom de Dante, ce qui plut de telle sorte à la famille, que ses descendans ont quitté le nom Rainaldi, et ont substitué à la place celui de Dante. Notre Pierre Vincent inventa quelques machines que les experts admirèrent, et composa en italien un commentaire sur la sphère de Jean de Sacrobosco[a]. Il mourut fort vieux l’an 1512, et laissa un fils et une fille[b] (A), dont je parlerai dans la remarque.

  1. Il fut imprimé à Pérouse, l’an 1544 ; on l’y réimprima l’an 1574, augmenté de notes et d’une lettre de l’auteur à Alphanus son précepteur. Oldoïni, Athen. August. pag. 283.
  2. Tire de l’Athen. Augustum d’Augustia Oldoïni, jésuite, pag. 283.

(A) Il laissa un fils et une fille. ] Julius Dante, son fils, fut habile dans l’architecture et dans les mathématiques. Il fit un livre de Alluvione Tyberis, et des notes in Ornamenta architecturœ. Il mourut l’an 1575. Je ferai un article à part pour Ignace Dante son fils, et j’y parlerai de Vincent Dante, aussi son fils. Théodora Dante sa sœur, s’étant retirée à la campagne l’an 1497, pour fuir la peste dont la ville de Pérouse était affligée, fut si bien instruite aux mathématiques par son père, qu’elle mérita un rang honorable parmi les plus fameux mathématiciens du temps. Elle composa des livres sur cette science, et l’enseigna à Ignace, son neveu, avec beaucoup de succès[1]. M. l’abbé de la Roque a eu tort de dire qu’elle a fleuri sur la fin du XVIe. siècle. Voyez son Journal des Savans, du 12 décembre 1678, à la page 460 de l’édition de Hollande.

  1. Tiré de l’Athen. Augustum d’Augustia Oldoïni, pag. 198, 313, 314.

DANTE (Ignace), petit-fils du précédent, naquit à Pérouse, et se fit moine jacobin. Il se rendit habile en philosophie et en théologie, et plus encore dans les mathématiques. Il fut appelé à Florence par le grand-duc Cosme Ier, et lui expliqua la sphère, et les livres de Ptolomée. Il fit des leçons publiques sur le même sujet, et il eut beaucoup d’auditeurs dans l’académie de Bologne, lorsqu’il y expliqua la géographie, et la cosmographie. Étant retourné à Pérouse, il fit une belle carte de cette ville, et de tout son territoire. La réputation de sa science le fit attirer à Rome par Grégoire XIII, qui lui donna la commission de faire des cartes de géographie, et des plans. Il s’en acquitta si bien que ce pontife se crut obligé de l’élever à l’épiscopat. Il lui donna donc l’évêché d’Alatri proche de Rome. Ce nouveau prélat ne manqua pas d’aller résider ; mais Sixte V, successeur de Grégoire XIII, le voulut avoir auprès de soi, et lui donna ordre de s’en revenir à Rome. Dante se préparait à ce voyage, lorsque la mort lui en fit faire un plus long le 19 d’octobre 1586[a]. Il est auteur de quelques livres (A). Je parlerai de son frère dans une remarque (B).

  1. Tiré d’Oldoïni, Athen. August., pag. 161, 162.

(A) Il est auteur de quelques livres. ] Il publia à Florence, en 1569. un traité de la construction et de l’usage de l’astrolabe. Il fit aussi des notes sur la sphère de Sacrobosco, sur l’astrolabe, sur le planisphère universel. Il fit une Sphère du monde en cinq tables. Ajoutez à cela son Optique d’Euclide et d’Héliodore Larisséus, et son Commentaire sur les deux règles de Jacques Barozzi. Ces deux derniers ouvrages sont en italien[1]. Vossius n’a point connu

  1. Tiré d’Oldoïni, Athenæum August., pag. 162.