Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T04.djvu/459

Cette page n’a pas encore été corrigée

plie de réflexions étudiées (86) : il combla Cardan de louanges, il témoigna un regret extrême d’avoir remporté une victoire qui coûtait la perte d’un si grand homme a la république des lettres, etc. La vérité est que Cardan a survécu à Scaliger quinze ou vingt ans ; et par la seconde remarque de Naudé on peut connaître si le livre de Scaliger était capable de causer beaucoup de chagrin à Cardan.

(Y) Je ferai une addition concernant l’ouvrage de Subtilitate, que Jules César Scaliger réfuta.] Cardan n’employa que huit mois à le faire, et le donna à imprimer à Jean Petreius, libraire de Nuremberg. Il le dédia à Ferdinand de Gonzague, gouverneur du Milanez. La première édition est in-folio, et marquée de l’an 1550 (87) : néanmoins, l’auteur déclare dans une épître dédicatoire datée de Paris, le 21 d’avril i55a, que depuis la première édition il avait employé trois ans à corriger et à augmenter l’ouvrage. Quos octo mensium spatio absolveram, perpetuo triennio emendatiatque aucti in publicum subnomine tuo prodirent. Cette épître dédicatoire est celle de la seconde édition, et s’adresse au même Ferdinand de Gonzague. J’entends par seconde édition celle qui fut faite sur la première révision du livre ; j’entends, dis-je, celle qui parut au commencement de l’an 1554 (88). On avait déjà contrefait à Lyon celle de Nuremberg. Le livre de Scaliger contre celui-là parut l’an 1557 ; et néanmoins, Cardan objecte à cet adversaire d’avoir employé près de neuf ans à le critiquer (89). Il fit une seconde révision de son ouvrage, et le donna à imprimer, avec ses nouvelles corrections et additions, à un libraire de Bâle (90), et il y joignit sa réponse à Scaliger. Elle est intitulée : Hieronymi Cardani in Calumniatorem Librorum de Subtilitate Actio prima, et n’entre dans aucun

(86) Vous la trouverez à la fin de ses Harangues contre Érasme, édition de Toulouse, 1620, pag. 63. Elle ne devait point servir de préface aux XVI livres Exercitationum Exotericarum, comme on le dit dans l’Histoire de Cardan, pag. m. 334 ; mais au livre XVI.

(87 ; Epitome Biblioth. Gesneri, pag. 346

(88) Cardani Act. in Calumniat., pag. m. 1019.

(89) Idem, ibidem, pag. 1028.

(90) Nommé Henric Petri.

détail ; ce n’est qu’une réponse générale. Comme Ferdinand de Gonzague n’était plus en vie, l’auteur chercha un nouveau patron. Il dédia cette troisième édition à Don Gonzales Ferrand de Cordoue, duc de Suesse. Il ne data point son épître dédicatoire ; mais je crois qu’il l’écrivit l’an 1560[* 1]. J’ai pourtant vu l’épître dédicatoire de la seconde édition dans un exemplaire imprimé à Bâle, in-folio., ex Officinâ Petrinâ, l’an 1560. L’Actio prima in Calumniatorem se trouve à la fin de cet exemplaire. Je ne pense pas que Cardan ait retouché son ouvrage depuis ce temps-là ; je ne trouve nul vestige d’une troisième révision dans l’édition d’Henric Pétri, 1582, in-8°. [1]. J’ai une édition de Lyon, apud Bartholomœum Honoratum, 1580, in-8., qui est selon la première révision. L’Actio in Calumniatorem n’y est pas ; et voilà une extrême négligence dans la conduite de ce libraire de Lyon ; il ne savait pas que depuis vingt ans il paraissait une édition beaucoup meilleure que celle qu’il contrefaisait. Il y a une traduction française de ce livre de Cardan, faite par Richard le Blanc, et imprimée à Paris, l’an 1556, in-4°. [2].

  1. * Joseph Scaliger, dans le Scaligerana secunda, ayant dit : « Mon père a répondu à la sixième édition de Cardan de Subtilitate, » Joly observe (dans une note que j’avoue ne pas comprendre) qu’il y a erreur dans le récit de J. Scaliger, puisque Jules-César Scaliger était mort un an avant la publication de la troisième édition. Voici le fait mieux expliqué par Niceron. La Critique de J.-C. Scaliger, quoique imprimée trois ans après la seconde édition du Traité de Cardan, avait été faite sur la première ; et J.-C. Scaliger ne voulut jamais lire la seconde, qui est corrigée en plusieurs endroits, appréhendant d’y trouver moins de fautes. Voyez au reste la remarque critique sur la remarque (X).
  1. L’Epitome de Gesner ne marque point cette édition in-8°. ; mais l’in-folio seulement.
  2. Du Verdier, Bibliothèque française, pag. 1222.

CARION (Jean), professeur en mathématique dans l’académie de Francfort-sur-l’Oder, était né à Buetickheim en Allemagne [a]. Il publia des éphémérides qui s’étendent depuis l’an 1536 jusqu’en 1550. Il publia un autre livre intitulé Practicæ

  1. Gesner., in Biblioth., folio 399.