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CAPET.

allemand : In grammaticâ græcâ quicquid velustissimi scriptores de græcæ linguæ ratione præcipiunt, atque adeò omnia quæ ad dialectos intelligendas et poetas penitus cognoscendos pertinent, facili methodo exponuntur [1].

(H) Ses autres ouvrages ne sont pas en grand nombre. ] On a de lui une traduction latine du Commentaire de Simplicius sur le Manuel d’Épictète, imprimée à Venise l’an 1546, folio, et institutiones linguæ syriacæ ; assyriacæ, atque thalmudicæ, unà cum æthiopicæ atque arabicæ collatione, quibus addita est ad calcem Novi Testamenti multorum locorum Historica enarratio. Parisiis, apud Carolum Stephanum, 1554, in-4o. De locis scripturæ hebraïcis commentarius.

M. Crenius a procuré depuis peu une nouvelle édition de deux ouvrages de Caninius. Vous n’avez qu’à lire ce qui suit. Angeli Caninii Anglarensis ΕΛΛΗΝΙΣΜΟΣ, copiosissimi græcarum latinarumque vocum indicis accessione per Carolum Huboesium locupletatus...... Accedunt plurimorum verborum originum explicatio, regulæ quædam breves de ratione syntaxeos, et loci aliquot Novi Testamenti cum hebræorum originibus conlati atque explicati. Thomas Crenius recensuit, emendavit, et notis ac præfatione, in quâ de claris agitur Angelis, auxit. Lugduni Batavorum, apud Fredericum Haaring, ciↄ iↄcc, in-8o.

  1. Quenstedt, de Patriis illustr., pag. 296. Voyez M. Baillet, Jugemens des Savans, tom. IV, pag. 112.

CAPET (Hughes), roi de France, le premier de la troisième race. Il y aurait bien des choses à dire sur ce sujet ; mais je me contente d’observer que le poëte Dante débita un mensonge bien ridicule, lorsqu’il dit que le père de Hugues Capet était un boucher (A). On prétend que François Ier. se mit extrêmement en colère, quand il sut que Dante avait parlé de la sorte (B).

(A) Le poëte Dante débita un mensonge bien ridicule, lorsqu’il dit que le père de Hugues Capet était un boucher [* 1]. ] Ce serait abuser de son loisir, et de la patience des lecteurs, que de réfuter cet homme. Il suffit de rapporter la conjecture la plus ordinaire des auteurs qui ont parlé de cela ; c’est que Dante ne fut poussé à débiter cette imposture, que pour se venger du traitement qu’il avait reçu du prince Charles de Valois issu de Hugues Capet. Le pape Boniface VIII, sollicité par l’un des partis qui divisaient la république de Florence, fit en sorte que Charles de Valois, frère de Philippe-le-Bel, roi de France, allât mettre ordre aux confusions de cette ville. La faction que Dante avait embrassée eut alors du dessous : il fut chassé de Florence avec plusieurs autres, et tous ses biens furent confisqués. Il se vengea comme il put avec sa plume, en décriant les rois de France qui avaient favorisé la faction contraire, et entre autres choses il les attaqua du côte de l’extraction. Il feint que Hugues Capet avoue que son père était boucher, figliuol fui d’un beccaio di Parigi [1], et se reconnaît la racine d’une plante qui a fait beaucoup de mal à la chrétienté.

I fui radice de la mala pianta,
Che la terra christiana tutta aduggia,
Si che buon frutto rado se ne schianta.

La racine je fus de la mauvaise plante,
Que fait ombre nuisible au terroir des chrétiens,
Si que fort rarement bon fruit elle présente [2].

Un chanoine de Paris, nommé Balthasar Grangier, dédiant au roi Henri IV la traduction qu’il avait faite en vers français de l’Enfer, du Paradis et du Purgatoire de Dante, dit à

  1. (*) Jean Névisan, liv. IV, no. 233 de la Forêt nuptiale, voulant prouver à sa manière que ce n’est pas toujours la noblesse d’extraction qui fait les rois : facit Dantes in purgatorio.... dum loquitur de Ugone Capeto, qui fuit filius macellarii, et tamen fuit rex Franciæ, à quo tot Philippi et Ludovici derivârunt. Sed Guaginus, in vitâ illius hoc non dicit, licet paulò antè in vitâ Clodovæi dicat quendam macellarium ob discordiam in regem electum, qui posteà à suis dolo occisus est. Soit oubli, soit malice, ce trait de notre ancienne histoire que Dante pouvait avoir lu dans la même source où Gaguin l’avait trouvé, pourrait bien être la source du conte que ce poëte a débité. Rem. crit.
  1. Dans son Purgatoire, chant. XX, pag. m. 282.
  2. Là même.