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BOUCHER. t ciens Romains dans l'affranchissement des esclaves. On considérait Henri IV comme un homme chargé des chaî- nes de l'excommunication , lequel on mettait eu liberté solennellement. Il est certain que le pape se donna de trop grand? airs de hauteur , et qu'il ne fallait pas trouver étrange que les protestans l'en blâmassent : mais il fallait se tenir dans les bornes de la vérité , et n'outrer point la raillerie ; car , dès là , ce n'est plus une juste plainte , c'est une satire , c'est une malicieuse falsification. Ceci ne re- garde point d'Aubigné : car comme sa Confession catholique de Sancy est une pièce docte et ingénieuse à la vé- rité , mais burlesque , on ne prend pas au pied de la lettre tout ce qu'il dit. Il n'en va pas de même des Relations de Botero : on les prend pour des narra- tions graves et sérieuses ; il ne fallait donc pas que le traducteur latin les falsifiât, en supposant que les procu- reurs du roi n curent cent coups de bâ- ton (9) , et que le pape fit ériger une colonne pour un monument étemel de son triomphe sur la France. Voici la plainte de M. de Thou. Relationem de eâ re à Joanne Boléro (10) Be- nensi , aliis editis libris non obscuro , vernaculè scriptam qui latine verlit , et Cotoniœ cum inepld admodiim et mendaci picluixi lypis excudendam curavit , ergà regem regnumque inju- riosus fuit , quippè qui in explicandd vindiclœ adhibttœ ratione fusiibus cœ- sos procuratores dicit , quod maxime apud nos contumeliosum dicitur. Dein- dè procuratores qui vestibus modesliœ sacerdotaliconvenientibus induti erant cum penulis et gladiis in scenam in- ducit , et columnam quasi insigne triumphantis de rege et regni calami- tate pontificis monumentum Romœ erectam confingit (1 1). On a coutume de dire que les images sont les livres des ignorans : les auteurs se devraient donc faire une religion de ne point mettre de fausses figures dans leurs livres; car ils trompent les personnes les plus incapables de se garantir de l'erreur. Ils trompent même les sa- vans : car quand on voit une estampe qui a été publiée dans le temps que la chose représentée a dû exister, on la regarde comme une preuve authen- tique ; de sorte que ceux qui voient cette figure de colonne, dont M. de Thou se plaint , n'osent douter que le pape ne se soit érigé effectivement ce pompeux trophée. Et quand on se voit attrapé par la montre de ces pré- tendus monumens publics , on ne sait plus à qui se fier : on ne sait si les mé- dailles , si les inscriptions ,si tels au- tres monumens , sont plus sincères qu'un historien à gages et à pension annuelle ; et voilà une confirmation du pvrrhonisme historique. Dissipons la tristesse de cette critique par les railleries du sieur d'Aubigné. « Ne » voyez- vous pas , disent-ils, comme » l'état se soumet à l'église , que ce » brave roi, après tant d armées de- » faites, tant de sujets soumis, tant » de grands princes ses ennemis a- >' battus à ses pieds, il a fallu que lui, » se prosternant au pied du pape , » ait reçu les gaulades en la personne a de AI. le convertisseur, et du car- » dinal d Ossat? lesquels deux furent » couchés de ventre à bechenés , » comme une paire de maquereaux » sur la grille , depuis miserere jus- » qu'à vitulos. Encore dit-on qu'il a ■> fallu depuis jouer le même jeu en- « tre la personne de sa majesté et M. le » légat , toutefois ça été doucement » et sous la custode (ia). » Voyez la remarque (K) de l'article Henri IV, et la remarque (A) de l'article Texera. (12I Confess. catb. de Sancy, liv. I , chap. 1 , au commencement. BOUCHER ( Jean ) , Parisien (a) , docteur de Sorbonne , et curé de Saint-Benoit à Paris , au temps de la ligue , fut une trompette de sédition , et l'es- prit le plus mutin et le plus fou- gueux qui se trouvât parmi les re- belles. Leur première assemblée (q) A la réception de certains chevaliers, le céremoniel porte quon les frappera a la joue, ou de l'r'pée nue sur le dos. On ne fait qu'jr toucher. Si l'on répétait l'acte plusieurs J'ois , un auteur serait-il fondé à dire qu'on a donné cen t coups d'e plat dVpée au chevalier? * j 'V appartement qu'il '10) L édition de Francfort en 1028, dont je J , ■*■« . _ 2 me sen , du Boléro. avait au collège de rortet, 1 an (11) Tbuan. , Histor. , lib. CXIJI sub fin. , ' ' _ ' ag. 698 , ad ann. i5o5. (a) Ttiuan. , lib. XCF , pag. 280.