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BULLINGER.

Lege Mosaïcâ præceptum fuit ut pontifex virginem tantùm uxorem ducere posset : Levit. 21 ; adde si lubet quòd ridicula vulgo res est, et cavillis hominum obnoxia uxorem viduam ducere, quod vel tritum apud juris civilis doctores dicterium Bulgari jurisconsulti discipulorum in præceptorem satis ostendit. gl. l. rem non novam C. de judic.[1].

  1. Franciscus Duarenus, de Sacris ecclesiæ ministeriis ac beneficiis, lib. IV, cap. VIII, pag. 387, part. II, Operum edit. Genev., 1608.

BULLINGER (Henri), l’un des réformateurs de l’église au XVIe. siècle, naquit à Bremgarten[a], le 18 de juillet 1504. Il fut envoyé à Emmeric, au pays de Clèves, à l’âge de douze ans pour y étudier les humanités. C’était une bonne école en ce temps-là : Mosellanus était un de ceux qui y régentaient. Bullinger y demeura trois ans, et s’entretint des aumônes qu’il amassait en allant chanter de porte en porte. Son père était assez riche pour lui fournir une pension ; mais il se contenta, en l’envoyant à Emmeric, de l’habiller, et de lui donner de quoi faire le voyage ; et quant au reste, il s’en rapporta à la charité de son prochain : il engagea son fils à y recourir, afin de le rendre plus sensible un jour aux prières des mendians. Le jeune écolier supporta si patiemment cette mortification, et s’assujettit de si bon cœur à la discipline de son école, qui était assez sévère, qu’il souhaita de goûter d’un genre de vie beaucoup plus rigide. Il voulut se faire chartreux ; mais les conseils de son frère aîné l’en empêchèrent. À l’âge de quinze ans, il fut envoyé à Cologne. La barbarie, avec laquelle on enseignait la philosophie ne servit qu’à l’attacher à ceux qui enseignaient les humanités. Il composa même quelque chose en 1520 contre les théologiens scolastiques (A). Il demeura à Cologne jusqu’en 1522, et y fit des études qui le disposèrent à sortir de la communion romaine dès que l’occasion s’en présenta. Ayant passé quelques mois dans la maison de son père, il fut appelé[b] par l’abbé de la Chapelle[c], pour enseigner dans son couvent. Il le fit avec beaucoup de réputation jusqu’en 1527. La réformation de Zuingle fut reçue, l’an 1526, dans l’abbaye de la Chapelle, de quoi Bullinger fut le principal instrument. Il ouït les leçons de Zuingle à Zurich, pendant cinq mois, l’an 1527. Il reprit l’étude de la langue grecque, et commença celle de l’hébreu, et prêcha publiquement avec la mission du synode. Il se trouva avec Zuingle, l’an 1528, à la célèbre dispute qui se fit à Berne. L’année suivante, il fut donné pour pasteur aux réformés de Bremgarten, et il se maria avec Anne Adlischuiler. Ce mariage produisit six garçons et cinq filles (B), et dura jusqu’en 1564. La femme mourut alors de peste : le mari ne se voulut point remarier, et en fut blâmé (C). À peine se vit-il en repos dans son église par rapport à la communion romaine, qu’il

  1. C’est une petite ville sur les frontières du canton de Zurich, laquelle dépend des huit premiers cantons Suisses. Simler., in Vitâ Bullingeri.
  2. Au commencement de l’an 1523.
  3. Abbaye de l’ordre de Cîteaux, proche de Zurich.