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BUDÉ

Marne, de Marly, Troissi, la Motte-Saint-Loup, et autres places, laquelle tient rang parmi les meilleures familles de l’Ile de France, et de Paris : car il était fils d’un autre Jean Budé, écuyer seigneur de Verace, et de Marie de Jouan, fille de Rogerin de Jouan, écuyer, seigneur de Jonvilliers en Beausse : ledit Jean Budé était fils de Guillaume Budé, chevalier seigneur de Marly et de Villeneuve, conseiller et maître des requêtes du grand roi François, et de Roberte le Lyeur, fille de Roger le Lyeur, seigneur du Bois-Benard et de Malemains, et d’Isabeau de Lailly... Ce Guillaume... était fils de Jean Budé, seigneur d’Ierre, de Villiers-sur-Marne et de Marly, et de Catherine le Picart, fille de Jean le Picart, seigneur de Platteville, de Sivrey, de la Boisselière, et de Catherine de Poncher, fille de François de Poncher, chevalier et chambellan des rois Jean, Charles V, et Charles VI, bailli de Touraine, et de Maguerite de Dormans : et ledit Jean Budé, seigneur d’Ierre, était fils de Dreux Budé, seigneur des mêmes lieux ; et ledit Dreux Budé, fils d’un autre Dreux Budé, seigneur de Villiers-sur-Marne et d’Ierre, et ce Dreux Budé, fils de Jean Budé, qui vivait sous le roi Charles V[1].

(B) Il était allé à Orléans sans entendre les auteurs latins, et cette ignorance l’empêcha de profiter dans le droit civil. ] Quo in gymnasio triennium versatus operam penè omnem perdidit. Neque enim, ignarus latinæ linguæ et ab aliis disciplinis imparatus, artem illam reconditam et multiplicem subtilemque cui sese dediderat, cognitione et scientiâ poterat comprehendere[2].

(C) Il s’attacha tellement à l’étude.... qu’on lui représenta qu’il ruinerait sa santé. ] De fort habiles gens[* 1] prétendent que l’événement fit voir la vanité de ces menaces, et' qu’il sut conserver toute sa santé[3]. Mais d’autres disent qu’il tomba dans une longue et fâcheuse maladie ; et que les maux de tête, qui lui prenaient tous les jours, obligèrent les médecins à lui ordonner une espèce de trépan[4]. L’opération fut très-douloureuse, mais fort inutile. In gravem et diuturnum morbum est prolapsus, quo annos plus viginti ita afflictatus est, ut omnis propè hilaritas è fronte, alacritas ex animo, festivitas in occursu, urbanitas et comitas in convictu eximeretur, ingravescens quoque in dies litterarum amor infringeretur, ne vestigium quidem ejus nec simulachrum, sed quædam effigies spirantis mortui appareret[5]. Il ne faut pas s’étonner que des incommodités si longues et si opiniâtres le rendissent chagrin, et produisissent tant de changemens dans son corps et dans son esprit.

(D) Il ne trouvait personne dont il pût devenir disciple. ] Il faut donner quelque restriction à ces termes généraux ; car il est certain que George Hermonymus, natif de Lacédémone, Jean Lascaris, et Jacques Faber d’Étaples, ont enseigné quelque chose à notre Guillaume. Dès qu’il sut l’arrivée d’Hermonymus à Paris, il l’arrêta auprès de lui par de gros gages. Quem Budæus nactus magnâ mercede conductum ad se acccersivit, et antequàm dimitteret ampliùs quingentis nummis aureis donavit[6]. Hermonymus lui lut Homère, et les autres principaux auteurs ; mais, comme il ne les entendait pas, il était incapable de les expliquer. Huic Græco cùm aliquot annos operam dedisset, et eo prælegente audivisset Homerum auctoresque alios insignes, nihilo doctior est factus. Neque enim præceptor ille plura docere quàm sciret poterat[7]. Jean Lascaris vint peu après à Paris : il conçut beaucoup d’estime pour Budé, le voyant enclin à la langue grecque ; mais, en tout, il ne lui donna pas plus de vingt leçons[8]. Jacques Fabert lui apprit

  1. * C’est Baillet que Bayle désigne et cite ici ; mais Baillet, ainsi que le remarque Leclerc, a commis une faute. Le Roy dit le contraire, et à l’appui de son récit vient une lettre de Budé du 18 février 1518.
  1. Guichen, Histoire de Bresse, IIIe. part., pag. 251, 252.
  2. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, initio.
  3. Voyez les Enfans célèbres par leurs études, article LXXXVIII, § 10.
  4. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, pag. 50, 51.
  5. Idem, ibidem.
  6. Ibidem, pag. 38.
  7. Ibidem.
  8. Ibidem, pag. 39. Voyez aussi la Lettre