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BOSQUET.

qui en fut charmée [1] ; 3°. plusieurs Lettres en forme de dissertations sur quelques passages de l’Écriture et sur quelques matières de théologie ; 4°. des Vers grecs, latins et français, qu’il composa en divers temps, et quelques autres poésies faites à sa louange. Le public est redevable de ce recueil au même M. le Gendre, qui a composé la belle Vie de ce grand homme. Ces pièces font voir que M. du Bosc était très-propre aux affaires, bon théologien, homme poli, et savant dans les belles-lettres. Il ne faut pas oublier la Lettre qu’il écrivit l’an 1660 à M. Brevint, chapelain de sa majesté britannique Charles II. Il y découvre ses sentimens sur l’épiscopat. Une partie de cette lettre fut insérée dans un livre composé sur cette matière : les presbytériens s’en plaignirent. On trouve toute la lettre dans la Vie de l’auteur [2]. M. le Gendre y a joint cette remarque. « La joie que M. du Bosc témoigne dans cette lettre, du rétablissement du roi d’Angleterre, montre bien qu’il n’était point d’autre sentiment que le reste de nos théologiens, qui ont condamné si hautement le parricide de Charles Ier. Il a toujours regardé les rois comme les images vivantes de Dieu sur la terre, que leur caractère doit rendre inviolables à leurs peuples. Personne n’en a jamais parlé avec plus de respect : personne ne s’est soumis aux puissances plus gaiement et plus franchement que lui. Il n’oubliait rien pour inspirer à ses brebis l’amour et l’obéissance qui leur est due. Il s’y attachait principalement dans les occasions extraordinaires, comme il fit à Rouen en 1663, où prêchant en présence du synode sur le premier chapitre de l’Apocalypse, vs. 16, il fit un portrait de sa majesté très-chrétienne tout-à-fait propre à affermir ses sujets dans tous leurs devoirs. Comme cette pièce est devenue rare, on pourra la faire réimprimer pour détruire les calomnies de ceux qui font passer les ministres pour les ennemis de la royauté [3]. » Une autre chose qu’il ne faut pas oublier, est qu’en 1665 on vit paraître un sermon [4] imprimé à Paris sous son nom, où l’on avait fourré diverses choses qui regardaient encore la bienheureuse mère du fils de Dieu [5] ; et qui étaient assez mal digérées, pour faire de la peine à celui à qui on attribuait faussement la pièce. Mais il poursuivit si vivement l’imprimeur, que l’on ne put avoir de prise sur lui [6].

Le public verra bientôt [7] trois volumes de Sermons de M. du Bosc sur les trois premiers chapitres de l’épître aux Éphésiens [8], et ils pourront être suivis d’un quatrième sur divers textes.

(I) Le Ménagiana fait mention de lui l’une manière... avantageuse. ] « Dans le temps que j’étais à Caen, j’entendis prêcher le ministre du Bosc. Je n’ai jamais entendu prêcher de ministre que cette fois-là. Il prêcha fort bien ; mais il me sembla étrange de voir un prédicateur en chaire avec un chapeau sur la tête. Montagne a écrit qu’il n’y a point de vêtement plus ridicule que le bonnet carré de nos prêtres. Nous y sommes accoutumés [9]. » M. Ménage ne serait pas allé au sermon de M. du Bosc, si on ne lui eût donné une grande idée du prédicateur. Ses amis, c’est-à-dire tout ce qu’il y avait de plus savant et de plus spirituel dans la ville, ne crurent pas qu’ils pussent la lui faire connaître par tous ses beaux endroits, s’ils ne lui faisaient entendre le prédicateur huguenot, que les catholiques mêmes admiraient.

  1. Vie de M. du Bosc, pag. 5.
  2. Pag. 18 et suiv.
  3. Là même, pag. 30, 31.
  4. Sur saint Matthieu, chap. I, vs. 23.
  5. Cela se rapporte aux fausses plaintes qu’un jésuite avait faites depuis peu en pleine chaire, que M. du Bosc avait parlé contre l’honneur de la Vierge. A. Bochart et M. du Bosc allèrent trouver l’intendant, et en sa présence confondirent le jésuite. Vie de M. du Bosc, pag. 45.
  6. Là même, pag. 45.
  7. On écrit ceci le 14 de juin 1699.
  8. Ces trois volumes et les deux précédens ont été imprimés à Rotterdam, chez Reinier Leers.
  9. Menagiana, pag. 260 de la première édition de Hollande.

BOSQUET (François), évêque de Montpellier, a été un des plus savans prélats de France, au XVIIe. siècle. Il était natif de