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BOSC.

qui tiraient souvent les compagnies des plus grands embarras. Ajoutez à cela qu’il parlait si juste, et savait donner un tour si facile et si agréable aux choses, qu’il entraînait ordinairement la compagnie dans ses sentimens.

(F) ... et pour se faire estimer dans le grand monde. ] J’ai déjà nommé [1] plusieurs personnes de la première importance, qui eurent pour lui une estime très-particulière. J’ajoute que le duc de Roquelaure, qui fut complimenté par M. du Bosc l’an 1674, lorsqu’il fut envoyé pour commander sur les côtes de Normandie, conçut pour lui une affection qu’il lui témoigna toute sa vie de la manière la plus obligeante. M. et Mme. de Schomberg l’aimèrent et l’estimèrent infiniment, et lui donnèrent, quand il sortit du royaume, les lettres de recommandation les plus obligeantes pour divers officiers et commandans des places, et des garnisons qui étaient sur sa route [2]. M. le comte de Roye se fit un très-grand plaisir de lui apprendre que la reine de Danemarck lui offrait une douce retraite dans ses états, et qu’elle l’y assurait, et d’un troupeau dont elle aurait bien voulu elle-même être partie, et d’un établissement avantageux pour sa famille [3]. M. le prince et madame la princesse d’Orange lui firent toutes sortes d’honnêtetés à son arrivée en Hollande, et lui ont donné en toutes rencontres des marques de leur estime. Le texte de cette remarque sera confirmé par diverses choses que je toucherai ci-dessous [4].

(G) Il a été marié deux fois, et n’a laissé que deux filles. ] Il épousa sa première femme en 1650, et la perdit en 1656. Elle lui laissa deux enfans, un fils et une fille, le fils mourut en 1676, lieutenant de la mestre de camp du régiment de Schomberg. La fille fut mariée en Normandie à Michel de Neel, écuyer seigneur de la Bouillonnière, qui se réfugia en Hollande avec sa femme et ses enfans, lors de la révocation de l’édit de Nantes. Il aima mieux quitter de grands biens, que d’abjurer sa religion. Il est mort à Rotterdam, au mois d’octobre 1697. La seconde femme de M. du Bosc est encore en vie [5] ; il l’épousa sur la fin de l’année 1657. La fille, qu’il en a eue, a épousé en Hollande Philippe le Gendre, ci-devant ministre de Rouen, et présentement de Rotterdam. C’est lui qui a composé la Vie de M. du Bosc, que je cite tant de fois dans cet article.

(H) Nous parlons de ses écrits dans l’une de nos remarques. ] Ce sont deux volumes de sermons, et un recueil de pièces diverses, qu’a été publié après sa mort. Il avait publié en France quelques-uns de ces sermons : le premier de tous fut les Larmes de saint Pierre. Il l’avait prononcé un jour de jeûne : les missionnaires y trouvèrent de quoi lui faire un procès, et il fallut que le duc de Longueville employât son autorité, pour faire cesser da persécution : il le fit avec empressement, tant parce qu’il en fut sollicité par la duchesse de la Trimouille, qui était cause de l’impression, et qui en faisait son affaire, que parce qu’il a toujours eu une bienveillance particulière pour l’auteur [6]. Il prêcha sur la doctrine de la grâce en 1661. Les jésuites prétendirent qu’il avait imputé à l’église romaine des sentimens qu’elle n’a point, ce qui l’obligea à faire imprimer son sermon [7]. Quelques années après, il publia deux sermons, qui eurent pour titre, La Censure des tièdes. Ces sermons, et presque tous ceux qui avaient déjà paru, ont été réimprimés en Hollande, accompagnés de plusieurs autres qui n’avaient jamais été imprimés. Ils font deux volumes in-8°., comme je l’ai déjà dit. M. du Bosc ne survécut que peu de jours à la publication du dernier tome. Quant au Recueil de pièces diverses, il contient : 1°. les Requêtes, les Placets, les Mémoires, les Remarques qui concernent les affaires de ceux de la religion, que M. du Bosc a gérées à Paris ; 2°. les Harangues qu’il a prononcées, et les Lettres qu’il a écrites, et reçues en diverses occasions : la première harangue est celle qu’il fit [8] à madame la duchesse de Longueville.

  1. Dans les remarques (A) et (C).
  2. Vie de M. du Bosc, pag. 147.
  3. Là même, pag. 144.
  4. Dans la remarque (H).
  5. On écrit ceci le 14 de juin 1699.
  6. Vie de M. du Bosc, pag. 17.
  7. Là même, pag. 31.
  8. En 1648.