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534 BOLESLAS.

de Yépouser elle-méme aprés la mort du roi. Ce sont toutes choses avouées par Anne; et loin d’en voir de plus mauvais ceil ces hardis amans, il est certain, sans vouloir approfondir da- vantage , qu'elle ne les en traitait que mieux... du moment qu'elle fut prise, pendant qu'elle priait Dieu fondant en larmes , on la vit éclater de rire comme une personne insensée : les paroles quelle pronongait dans son transport contre ses amans qui l'avaient trahie ,

faisaient voir le désordre oi elle était

et le trouble de sa conscience (29)... Par une honteuse compluisance, Anne reconnut ce qui n'etait pas, qu'elle a- vait épousé Henri durant la vie de mi- lord Perci , avec lequel elle avait au- paravant contracté ; et contre sa con- science , en avouant que son mariage avec le roi était nul, elle enveloppa dans sa honte sa fille Elisabeth (30). Je ne vois pas que lon puisse raison- nablement se plaindre, que M. de Meaux, dans alternative des deux crimes d’Anne Boleyn, se soit déter- miné au choix du plus grand par un passe-droit de l’inimitié;car il yaincom- parablement plus de vraisemblance a dire qu’Anne ne contracta point avec ce milord, qu’a dire quelle contracta avec lui; et par conséquent elle mérite beaucoup plus d’étre accusée d’un par- jure , par lequel toute préte 4 compa- raitre devant Dieu elle donnait injus- tement a sa propre fille la qualite de bAtarde, que d’étre accusée de rétrac- tation par rapport a une promesse-de mariage.

Un historien protestant (31) vient de publier la premiére lettre qu’ Anne écrivit au roi. On ne peut rien voir de plus contraire 4 la modestie : elle y déclare sa passion sans aucune retenue, et s’offre de se donner au roi sans au- cune exception; car elle ajoute cette clause au terme de trés-obeissante ser- vante , qu’elle met au bas de la lettre. Cet. historien edt dQ joindre cette raison a celles qui ont empéché de croire ce que le comte d’Alisburi avait lu dans les manuscrils: c’est que le roi, ayant fait ’amour a cette fille

endant donze ans, ne Ja connut que epuis son mariage (32). Mais, pour le

ag) Hist. des Var., liv. VII, n. 20, p. 303.

(29) La méme, pag. 304.

(31) Leti, Histoire de la reine Elisabeth , com.

I, pag. 50, édition d' Amsterdam en 1694. (32) La méme , pag. 52.

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dire en passant, ces manuscrits” paraissent guére srs : iln’y a sie apparence que Henri VIII ait commen- cé d’aimer cette demoiselle l’an 1519. On fera fort bien de n’en rien croire, non plus que de ce qu’ontrouve dans la page 47 de cet auteur; savoir , qu’ Anne passa en France a ldge de quinze ans, lorsque la princesse d’ Angleterre se maria avec Louis XII. I} aurait fallu pour cela qu’elle fat née Van 1499, et non pas, comme dit Camden, lan 1507. Il est bien étrange qu’on sache si peu en quel temps naquit, en quel temps sortit d’Angleterre , et y retour- — na, une personne qui paryint d’une maniere si éclatante a la royauté. ©

BOLESLAS I**. du nom a été — le premier roi de Pologne. Leduc _ _Miecislas , son pere, ayant em-— brassé le christianisme, demanda au pape le titre et la dignité de roi , et ne l’obtint point. Son fils trouva beaucoup plus de faeilit é aupres de l’empereur Othon III, 2 apres l’avoir regu magnifique=— ment a Gnesne, ou cet empe-— reur avait été en pélerinage, p y vénérer le corps de saint - bert (A) , martyrisé dans lal se depuis quatre ans (a). Ce an 1000 qu’Othon alla f ce pelerinage. Les honneurs recut de Boleslas lenge oer lui témoigner sa gratitude par la collation’ du teeta” ‘oi (B Il V’habilla de ses vétemens lui donna les enséignes: Je. e pire, et particuligrement ! et la pomme d’or croisée. | Jas avait de fort bonnes ¢ tés; il fut libéral envers I’¢ et fort vaillant. Il repo Bohémiens jusqu’au mi leur pays ; il chatia les Moi et les rendit ses tribut punit les Prussiens idol:

avaient martyrisé saint (a) Voyes Calvisius. — oh