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BAUDOUIN.

aïeul, furent ruinés par leur parâtre, à ce que conte Calvin. Ipsum minimè ςοργικὸν esse clamant Bituriges qui suos privignos simul cum eorum aviâ spoliaverit[1]. Le jurisconsulte aimait mieux laisser une fille qu’un fils, parce qu’il craignait le destin de Cicéron, dont le fils ne tenait rien de l’éloquence du père. Percontanti mihi mallet ne filiam quàm filium habere, « Minimè [2], inquit, Roma enim Ciceronis filium non agnoscebat loquentem [3]. »

(G) ...... le 24 d’octobre 1573. ] Et non pas l’onzième de novembre 1572 comme dit Valère André. M. de Thou met sa mort à l’onzième de novembre 1573. M. Ménage la met au 24 d’octobre 1574, et néanmoins il ne lui donne que cinquante-trois ans, neuf mois et vingt-quatre jours de vie, quoiqu’il eût mis sa naissance au 1er. janvier 1520. Ces deux fautes ont été prises de la Croix du Maine.

(H) La querelle de Calvin et de Baudouin.... fut très-rude. ] J’en ai rapporté l’origine[4] quand j’ai dit que François Baudouin distribua un livret sur la réunion des religions, pendant la tenue du colloque de Poissy. C’était un discours latin anonyme que Cassander avait composé, et qui avait pour titre, De officio pii ac publicæ tranquillitatis verè amantis viri in hoc Religionis dissidio. Quand on sut à Genève le préjudice que Baudouin voulait causer aux réformés avec ce livret, on crut qu’il fallait faire connaître au public ce personnage. C’est pourquoi Calvin, en réfutant cette pièce, qu’il attribuait à Baudouin, le piqua et le fouetta un peu rudement. Sa réfutation est intitulée, Responsio ad versipellem quendam Mediatorem, qui pacificandi specie rectum euangelii cursum in Galliâ abrumpere molitus est. Elle est dans le volume des opuscules de Calvin, pag. 351 et suivantes. Baudouin se défendit, en publiant un ouvrage pour lequel il avait obtenu un privilége dès l’an 1557 : il le retoucha, il y joignit un appendix[5]. Ce fut en un mot son Ad leges famosis libellis, et de calumniatoribus, Commentarius, imprimé à Paris, chez André Wechel, l’an 1562, in-4o. La réplique de Calvin[6] fut en campagne bientôt après, avec de très-bons renforts : car elle fut accompagnée de plusieurs pièces composées par de bonnes plumes : et sur le tout on fit imprimer les lettres que ce déserteur avait écrites en divers temps à Calvin. Respondit quoque Joannes Crispinus eius conterraneus, et perpetuus, quoad ejus fieri potuit, amicus. Adjuncta sunt quorundam insignium virorum scripta, quibus perpetua istius improbitas, summa impudentia, et extrema inscitia ita manifestè redarguitur, ut ne nunc quidem possit ignorantiam suam diffiteri. Additæ sunt denique ipsius litteræ variis temporibus ad Calvinum scriptæ, ut horrenda ista defectio, ipsius apostatæ testimonio apud omnes bonos sanciretur[7]. On connaîtra plus exactement la nature de ce recueil, si j’en donne ici le titre : le voici donc, Joannis Calvini responsio ad Balduini Convicia ; Ad leges de transfugis, desertoribus et emansoribus, Francisci Balduini Epistolæ quædam ad Joannem Calvinum pro commentariis ; Francisci Duareni J.-C. ad alterum quemdam jurisc. Epistola, de Francisco Balduino ; Antonii Contii J.-C. Admonitio de falsis Constantini Legibus ad quendam qui se hoc tempore jurisconsultum christianum profitetur ; De officio tum in Religione tum in Scriptionibus retinendo Epistola ad Franciscum Balduinum jurisconsultum ; Ad legem III C. impp. de apostatis, Joannis Crispini commentarius ad jurisconsultos. Ce recueil de pièces fut imprimé l’an 1562, in-4o : il contient 117 pages. Baudouin composa une seconde Réponse, qui fut imprimée à Paris et à Cologne, l’an 1562. Calvin, ne jugeant pas à propos de la réfuter, se contenta de mettre au jour une page d’écriture, où il apprenait au public qu’il ne voulait plus répondre à cet adversaire[8]. C’est

  1. Calvin, Tractat. theolog. pag. 370.
  2. Il fallait dire imò ; car minimè fait ici un sens contraire à la pensée de Mason.
  3. Papyr. Masso, Elogior. part. II, pag. 261, 262.
  4. Dans la remarque (C).
  5. Voyez Theodori Bezæ Respons. ad Balduinum, pag. 207, 209, et Calvini Respons. ad Balduin., initio.
  6. Intitulée : Responsio ad Balduini Convicia : elle est au même volume des Opuscules, pag. 365 et suiv.
  7. Beza, Respons. ad Balduin., pag. 202.
  8. Elle a été mal placée dans le volume de ses Opuscules : car on l’a mise à la tête du second