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ANDRÉ.

decevoir les simples peuples, a laissées semées et esparses és livres de la Secte, et principalement en l’Alcoran, lequel ainsi qu’il dict lui fut en une nuit révélé par l’ange en la cité de la Meke, combien qu’ailleurs en se contredisant il afferme l’avoir composé en vingt ans ; et ay intitulé l’œuvre susdit la Confusion de la Secte de Mahumed[1]. Il nous apprend[2] qu’il composa cet ouvrage, affin que, non-seulement les sages chrestiens, mais aussi les simples, cognoissans la diverse croyance des Mores, d’une part se gabent et se moquent de telles insolences et bestialitez ; et d’autre part facent complainte pour leur aveuglissement et perdition.

Ce livre publié premièrement en espagnol, a été traduit en diverses langues. Je me sers de la traduction française, que Guy le Fèvre de la Poderie en fit sur l’italien et qu’il publia à Paris, chez Martin le Jeune, l’an 1574, in-8o.

(B) Ce livre a été trouvé assez bon. ] Tous ceux qui écrivent contre les mahométans le citent beaucoup. Voyez entre autres Hoornbeek dans sa dispute de Muhammedismo[3], Hottinger dans son Historia Orientalis, et Samuel Scultet dans son Ecclesia Mahummedana breviter delineata.

  1. Jean André, dans sa préface, folio 4.
  2. La même.
  3. C’est une partie de sa Summa Controversiarum.

ANDRÉ (Tobie), professeur en histoire et en langue grecque à Groningue, naquit à Braunfels, dans le comté de Solins, le 19 d’août 1604. Son père était ministre du comte de Solins-Braunfels, et inspecteur des églises qui dépendaient de ce comte. Sa mère était fille de Jean Piscator, fameux professeur en théologie à Herborn, dans le comté de Nassau. Il fit ses humanités à Herborn, et puis il étudia en philosophie, au même lieu, sous les auspices d’Alstedius, et de son oncle Piscator [a] ; après quoi, il s’en alla à Brême, et y séjourna sept ans (A). Il fut un des auditeurs les plus assidus du sieur Gérard de Neuville, médecin et philosophe ; et comme il aspirait à la charge d’enseigner publiquement, il s’y prépara par des leçons particulières qu’il fit en philosophie. Il retourna en son pays, l’an 1628 ; et, sans y faire beaucoup de séjour, il prit la route de Groningue, attiré par Henri Alting son bon patron. Il fit là pendant quelque temps des leçons particulières sur toutes les parties de la philosophie ; après quoi, Alting lui donna ses enfans à instruire ; et lorsqu’ils n’eurent plus besoin de précepteur, il lui fit avoir un semblable emploi auprès d’un prince palatin, ce qui dura trois ans, qu’il passa en partie à Leide, et en partie à la Haye, à la cour du prince d’Orange. Il fut appelé à Groningue, l’an 1634, pour succéder à Janus Gebhardus, qui avait exercé la profession en histoire et en langue grecque [b]. Il remplit ce poste avec une extrême application à ses fonctions, jusqu’à sa mort, qui arriva le 17 d’octobre 1676 [c]. Il avait été bibliothécaire de l’académie, et grand ami de M. Descartes (B) ; ce qu’il témoigna, et pendant la vie (C), et depuis la mort de cet illustre philosophe (D). Il fit des livres pour lui, comme on le verra dans les remarques. Il avait épousé la fille d’un Suédois [d], illustre entre autres endroits par

  1. Fils du professeur en théologie.
  2. Ex Vitis professor. academiæ Groning., pag. 124.
  3. Witte, Diar. biograph.
  4. Louis de Geer.