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AURIÈGE

ce Commentaire fut imprimé à Rome l’an 1596[1]. Le catalogue de la bibliothèque d’Oxford, et celui de la bibliothèque de M. l’archevêque de Rheims, marquent à cette année-là l’édition du Commentaire d’Auréolus sur le premier livre des Sentences, et ils marquent à l’année 1605 l’édition du Commentaire sur les trois livres suivans avec les Quodlibeta. Tout cela fait deux volumes in-folio, imprimés à Rome ; le premier en 1596, au Vatican ; le dernier chez Zannetti, l’an 1605[* 1]. Je m’étonne que Bellarmin n’ait eu nulle connaissance de l’impression de ce dernier tome. Cela est un peu plus étrange que de voir dans M. Moréri que nous avons diverses éditions des Commentaires d’Auréolus sur le Maître des Sentences, mais que celle de Rome 1595 est la plus correcte. Comment eût-il pu montrer ces diverses éditions ? Aurait-il daté celle de Rome comme il l’a datée, s’il avait su ce que j’ai dit ci-dessus ? 3°. Je dirai que le père Labbé a trop épargné le père Maracci, qui a cru que l’on imprimait des livres l’an 1314. N’est-il pas connu de tout le monde que l’imprimerie n’a été en usage dans l’Europe que vers le milieu du XVe. siècle ? À quoi songe donc le jésuite Oldoïni, quand il se vante d’avoir vu le traité d’Auréolus de Conceptione Virginis Mariæ, imprimé à Toulouse l’an 1314 ?[* 2] De Conceptione Virginis Mariæ librum qui habetur M. S. Tolosæ in collegio Fuxensi, et excusum vidimus Tolosæ, anno 1314[2].

  1. * Le Ier. tome est sur le Ier. livre des Sentences : il est, dit Leclerc, divisé en deux parties ; le second volume contient le Commentaire sur les II et IIIe. livres des Sentences, en 542 pages ; sur le IVe., en 326 pages, ni enfin, Quodlibeta sex decem, en 155 pages.
  2. * Leclerc pense avec raison que 1314 n’est qu’une faute d’impression au lieu de 1514.
  1. Bellarm., de Scriptor. ecclesiast., pag. 365.
  2. Oldoini, Athen. romanum, pag. 533.

AURIÈGE, ou plutôt ARIÈGE (A), rivière de France, a sa source dans les montagnes qui servent de bornes au comté de Foix vers le Roussillon. Elle passe à Tarascon, à Foix, à Pamiers, à Barilles, à Bonac[a], à Saverdun, à Sainte-Gabelle, à Haute-Rive, et se jette dans la Garonne à Portet, à une grande lieue au dessus de Toulouse, après avoir reçu à la droite les eaux du Lers, et à la gauche celles de l’Arget et celles de la Lèze (B). L’Ariège est rapide et poissonneuse, et très-bonne à boire ; mais elle n’est navigable que depuis Haute-Rive. Du Bartas la loue beaucoup (C). Voyez aussi le passage de Bertrand Hélie, que Papyre Masson rapporte [b].

  1. C’est une seigneurie qui a été érigée en marquisat pour feu M. Dusson, frère aîné de M. de Bonrepaux, ambassadeur de France à la cour de Danemarck, et puis en Hollande.
  2. Papyrii Massoni Descriptio Flum. Galliæ, pag. 412.

(A) Ariège. ] C’est ainsi qu’on la nomme dans le pays où elle passe. Elle est nommée Aregia dans les vieilles cartes, et Areia dans un martyrologe manuscrit du monastère de Moissac. On trouve dans ce manuscrit la passion de saint Antonin, martyrisé à Pamiers, et l’on y assure que la barque où son corps fut déposé entra par cette rivière dans la Garonne. Per fluvium qui Areia dicitur, ad Garonnam usque perveniens fluvium navicula (in quâ corpus Antonini martyris à gentilibus necati), indè alium qui Tarnis dicitur inveniens fluvium, indè retrogrado cursu per Tarnim intravit in Avarionis alveum[1]. Hadrien de Valois, dont je prends ceci, a critiqué ceux qui la nomment Auriége, et fort mal traité Papyre Masson, qui l’a nommée Aurigera. Fluvius est vulgò dictus Ariège, quibusdam corruptè l’Auriège à ; Massono [2] prisci ejus fluvii nominis ignaro, Aurigera novo ac ridiculo nomine nuncupatus[3]. M. Baudrand croit que le véritable nom latin de cette rivière est Alburacis[4]. Je voudrais qu’il

  1. Hadrian. Valesius, in Notitiâ Galliæ, pag. 26.
  2. Papyr. Masso, in Descript. Fluminum Galliæ, pag. 470, edit. 1685.
  3. Valesii Notitia Galliæ, pag. 26.
  4. Voyez sa Geograph., pag. 33, 88 et 118.