Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T02.djvu/586

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
576
AURÉOLUS.

tir aussi dans Palmyre le temple du même dieu. Voici les ordres qu’il expédia à cet effet : il est bon que je les rapporte, puisqu’ils nous feront connaître tout ensemble la cruauté de ce prince, et sa dévotion pour le Soleil. Aurelianus Augustus Ceionio Basso. Non opportet ulteriùs progredi militum gladios. Jam satis Palmyrenorum Cæsum atque concisum est. Mulieribus non pepercimus, infantes occidimus, senes jugulavimus, rusticos interermimus : cui terras, cui urbem deinceps relinquemus ? Parcendum est iis qui remanserunt. Credimus enim tam paucos tam multorum suppliciis esse correctos. Templum sanè Solis, quod apud Palmyram aquilifer legionis tertiæ cùm vexilliferis et draconario et cornicinibus atque liticinibus diripuerunt, ad eam formam volo quæ fuit, reddi. Habes trecentas auri libras à Zenobiæ capsulis, habes argenti mille octingenta pondo. De Palmyrenorum bonis habes gemmas regias. Ex his omnibus fac cohonestari templum : mihi et diis immortalibus gratissimum feceris. Ego ad senatum scribam, petens ut mittat pontificem qui dedicet templum [1].

(M) Vopiscus fait à son sujet une distinction..... que peu de gens savent faire. ] Les défauts d’Aurélien furent utiles : l’état en avait besoin ; mais au sentiment de Vopiscus, il ne s’ensuit pas de là que ç’ait été un bon empereur. Voilà le langage d’un homme qui ne confond pas les choses. Une infinité de gens ignorent cette distinction. Ils regardent simplement et absolument comme un bon règne, comme un règne juste, la domination qui a prévenu, qui a fait cesser quelque grand mal ; et s’ils se figurent une fois qu’un règne est injuste, ils le regardent simplement et absolument comme mauvais, sans avoir égard aux avantages nécessaires que le public en retire.

  1. Idem, cap. XXXI, pag. 489.

AURÉOLUS (Pierre), moine cordelier, et puis archevêque d’Aix, a été l’un des plus subtils et des plus fameux théologiens de son temps. Il a fleuri vers la fin du XIIIe. siècle, et au commencement du XIVe. était né à Verberie-sur-Oise, et s’appelait Oriol [a] ; mais, comme il n’est connu que sous le nom latinisé qu’il se donna, c’est ici que je le place, sans imiter M. Moréri, qui nous renvoie d’Auréole à d’Oriol. On lui pardonnerait plus aisément ce renvoi, si l’on trouvait dans son article d’Oriol, tout ce qu’on avait raison d’attendre d’un historien qui cite la Vie de cet illustre archevêque d’Aix [b] ; mais c’est ce qu’on n’y trouve pas. Je ne puis point remédier à ce défaut, car je ne crois point que dans toute l’étendue des Provinces-Unies il y ait personne qui me pût prêter l’ouvrage où a été mise cette Vie d’Auréolus [* 1]. Ce que je puis dire se réduit à ceci : Auréolus fut professeur en théologie dans l’université de Paris [c]. On lui affecta le titre de doctor facundus [d]. Il était provincial d’Aquitaine lorsqu’on le créa archevêque d’Aix [e], et il ne vécut guère depuis qu’il eut été élevé à cette grande dignité (A). On a dit qu’il fut promu au cardinalat [* 2]. C’était un esprit subtil, mais trop avide de se distinguer par des opinions nouvelles (B). On prétend qu’il a soutenu l’impossibilité de la créa-

  1. * En effet, cette Vie d’Auréolus n’existe pas, dit Leclerc.
  2. * Ceux qui l’ont dit se sont trompés, dit Leclerc : c’est ce que prouve Wading.
  1. Labbe, Dissert. de Scriptor. ecclesiast., tom. II, pag. 183.
  2. Mise, dit-il, à la tête des Commentaires d’Oriol sur le Maître des Sentences, imprimés à Rome l’an 1595.
  3. Labbe, de Scriptor. ecclesiast., tom. II, pag. 183.
  4. Idem, ibidem.
  5. Bellarm., de Scriptor. ecclesiast., pag. 365.