quod jam fuerat, et quod non frustrà speratum est, infamiæ tristioris ictu contaminavit imperium. Timeri cœpit princeps optimus, non amari, quùm alii dicerent, perfodiendum talem principem, non optandum, alii bonum quidem medicum, sed malâ ratione curantem [1]. Cette haine ne dura point parmi le peuple : les distributions de pain et de chair de porc [2], et d’huile [3], et telles autres douceurs qu’il ressentit sous cette domination, le convertirent. Il était encore tout tel que du temps de Juvénal ; il ne formait des désirs que pour le pain et les spectacles : rien n’était plus gai que ce peuple, pourvu qu’il eût le ventre plein.
.....Jam pridem ex quo suffragia nulli
Vendimus, effugit curas. Nam qui dabat clim
Imperium, fasces, legiones, omnia, nunc se
Continet, atque duas tantùm res anxius optat,
Panem, et circenses [4]...........
C’est par-là que cet empereur se
rendit aimable à la multitude. Lisez
la lettre qu’il écrivit à un intendant
des vivres. Aurelianus Augustus
Flavio Arabiano præfecto annonæ.
Inter cætera quibus diis faventibus
Romanam rempub. juvimus, nihil mihi
est magnificentius quàm quod additamento
unciæ omne annonarum urbicarum
genus juvi : quod ut esset
perpetuum, navicularios Niliacos apud
Ægyptum novos, et Romæ amnicos
posui. Tiberinas extruxi ripas ;
vadum alvei tumentis effodi, diis et
perennitati vota constitui, almam Cererem
consecravi. Nunc tuum est officium,
Arabiane jucundissime, elaborare
ne meæ dispositiones in irritum
veniant. Neque enim populo rom. saturo
quicquam potest esse lætius [5].
Il avait dessein d’établir des distributions
de vin perpétuelles, et il avait
pris des mesures pour cela [6]. On
dit que le préfet de son prétoire le
détourna de l’exécution, en lui disant
que si l’on donnait du vin au peuple
il ne resterait plus rien qu’à lui donner
aussi des oies et des poulets. Si
et vinum populo romano damus, superest
ut et pullos et anseres demus [7].
Voilà des largesses bien capables
de faire oublier l’effusion du
sang de quelques personnes. Qu’Aurélien
eût fait mourir le fils ou la fille
de sa sœur, ou l’un et l’antre, pour
des raisons assez frivoles [8], qu’il eût
employé mal à propos la peine de
mort [9], cela n’était point capable
de lui faire perdre l’affection d’un
peuple à qui il donnait les moyens de
se nourrir commodément, et qu’il régalait
de beaux habits [10]. Outre
que sa sévérité faisait cesser plusieurs
désordres odieux à la populace. Il exterminait
les délateurs, les concussionnaires,
les sangsues publiques, et
telles autres engeances. Quicquid sane
scelerum fuit, quicquid malæ conscientiæ
vel artium funestarum, quicquid
deniquè factionum, Aurelianus
toto penitùs orbe purgavit....... [11].
Item quadruplatores ac delatores ingenti
severitate persequutus est ; tabulas
publicas ad privatorum securitatem
exuri in foro Trajano semel jussit.
Amnestia etiam sub eo delictorum
publicorum decreta est de exemplo
Atheniensium : cujus rei etiam Tullius
in Philippicis meminit. Fures
provinciales repetundarum ac peculatûs
reos ultra militarem modum est
persequutus, ut eos ingentibus suppliciis
cruciatibusque puniret [12]. Il
agrandit l’enceinte de Rome, il redonna
à l’empire ses anciennes bornes [13].
Les peuples se laissent flatter
doucement par cet éclat de grandeur.
Il travailla à la réforme, il borna
le nombre des eunuques, parce
qu’ils étaient montés à un trop grand
prix [14]. Il fit défense d’avoir des
concubines qui fussent de condition
libre [15]. C’était enfin un agrément au
peuple romain de voir que cet empereur
se faisait craindre au sénat. Cette
compagnie s’en faisait peut-être un peu
trop accroire, et, quoi qu’il en soit,
je m’imagine qu’on trouvait bon que
- ↑ Idem, cap. XXI, pag. 467.
- ↑ Idem, cap. XXXV.
- ↑ Idem, cap. XLVIII.
- ↑ Juvenal., Sat. X, vs. 77.
- ↑ Vopiscus, cap. XLVII, pag. 576, 577.
- ↑ Idem, cap. XLVIII.
- ↑ Idem, cap. XLVIII, pag. 578.
- ↑ Idem, cap. XXXVI et XXXIX.
- ↑ Voyez les Césars de Julien et les Notes de M. Spanheim là-dessus, pag. 107.
- ↑ Vopiscus, cap. XLVIII.
- ↑ Idem, cap. XXXVII.
- ↑ Idem, cap. XXXIX, pag. 522, 523.
- ↑ Idem, cap. XXXIX.
- ↑ Idem, cap. XLIX.
- ↑ Idem, ibidem.